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Au biathlon, le tir est un élément central dans la réussite d'une course. © DR

L’éolien, qui divise la classe politique, est devenu un marqueur de la campagne présidentielle ces derniers mois : si cette énergie ne représente, en 2020, que 8,9% de la consommation électrique nationale - contre 70% pour le nucléaire -, son exploitation soulève plusieurs questions. Sur terre, les riverains accusent ces projets de défigurer le paysage. En mer, les plateformes d’éoliennes offshore suscitent elles-aussi une levée de boucliers : à Saint-Brieuc, où un parc éolien est en cours de construction dans la baie, élus, pêcheurs et associations dénoncent le coût de cette installation industrielle, qui pourrait nuire à l’écosystème marin.

3- Atteindre la neutralité carbone : « Impossible sans les énergies renouvelables »

Au total, il faudra produire en moyenne jusqu’à « 60% d'électricité en plus par rapport à aujourd'hui », a déclaré Emmanuel Macron à Belfort. L’objectif ? Atteindre la neutralité carbone, sur laquelle s’est engagée la France à l’horizon 2050. Concept un peu flou, elle peut se résumer par un état d’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine et leur retrait de l’atmosphère. À l’heure du réchauffement climatique, atteindre la neutralité carbone à l’échelle mondiale avant la fin du siècle est, selon le groupe d’experts du GIEC et les Nations unies, une nécessité indiscutable pour tenir l’objectif d’une hausse des températures à 1,5°C, conclut lors des accords de Paris en 2015. Atteindre la neutralité carbone doit passer par une électrification massive des usages des Français : voitures, industries, chauffage, etc. Si la France veut garder sa souveraineté électrique, elle va donc devoir drastiquement augmenter sa production. C’est dans cette perspective que les partisans du nucléaire plaident pour une utilisation massive de l’atome, neutre en carbone.

4- Alstom, « un champion international »

D’un point de vue de la souveraineté industrielle, c’est aussi ce jeudi qu’EDF a annoncé la reprise d’une partie des activités nucléaires de General Electric. L’accord exclusif signé entre les deux parties inclut le rachat des turbines à vapeur Arabelle, considérées comme les plus puissantes au monde. Cette annonce met fin à plusieurs mois de tractations confidentielles : selon une source proche du dossier, EDF devrait débourser environ 200 millions de dollars pour cette transaction. L’activité acquise par la compagnie d’électricité française est valorisée, au total, à 1,2 milliard de dollars.

Pour le Président français, l’enjeu de ce transfert de technologies sous le giron français est double. S’il va renforcer les connaissances et la maîtrise d’EDF en matière de nucléaire, il représente surtout pour l’ex-ministre de l’Économie une chance de faire amende honorable : c’est lui qui, en 2015, avait acté la vente de la branche énergie d’Alstom à l’américain General Electric, un choix pour lequel il avait été vivement critiqué. En pleine crise de l’énergie et alors que les prix du gaz et de l'électricité s’envolent, cette annonce permet à Emmanuel Macron de préciser sa stratégie pour la souveraineté énergétique de la France. Et se présenter, à deux mois de la présidentielle, comme le point d’équilibre entre pro et anti atome. 

Eléonore Disdero et Laura Ayad

Si en 2019, la part du nucléaire dans la production d'électricité était proche des 70%, Emmanuel Macron souhaite la réduire à 50% à l'horizon 2050. © Infographie Laura Ayad

En visite ce jeudi 10 février à Belfort, le Président de la République a présenté son plan de relance du nucléaire en France. Retour sur les principales annonces faites par le chef d'État.

Sur le site General Electric Steam Power de Belfort, Emmanuel Macron a annoncé la construction de six nouvelles centrales nucléaires. © Capture d'écran

Si le Président de la République se fait le chantre de l’atome, le sujet divise au-delà du clivage gauche-droite. 

  • Yannick Jadot : sans surprise, le candidat EELV à la présidentielle plaide pour la sortie du nucléaire. « Mon ambition n'est pas d'arrêter les centrales nucléaires demain », assure-t-il. Il souhaite tout de même fermer « progressivement » les réacteurs nucléaires les plus anciens.

  • Marine Le Pen, elle, est pro-nucléaire : « Je construis six EPR et je rouvre Fessenheim ». La candidate du RN a dénoncé « une erreur absolument majeure » d'Emmanuel Macron, qui a décidé la fermeture de la centrale du Haut-Rhin en 2020.

  • La candidate Les Républicains Valérie Pécresse a, de son côté déclaré : « Nous devons penser notre politique énergétique avec deux impératifs : le réchauffement climatique, mais aussi l'indépendance de notre pays. » Si elle est élue présidente, elle promet de revenir sur les fermetures programmées de réacteurs nucléaires et de lancer « six nouveaux EPR ».

  • Éric Zemmour a affiché, lui, son intention de donner « vite un beau coup de fouet »  au nucléaire, énergie qu'il qualifie de « très propre en matière de CO2 ». Le candidat de Reconquête ! souhaite ouvrir quatorze réacteurs EPR en France d'ici 2050. Il entend aussi prolonger la durée des vie des centrales à 60 ans, contre 25 à 40 ans en moyenne actuellement.

  • Pour Anne Hidalgo, la fin du nucléaire ne sera « pas avant 2050 ». Si dans son programme, la candidate du Parti socialiste mise sur le « 100% d'énergies renouvelables », elle explique que la France a encore « besoin » du nucléaire. Alors, pas d'ouverture de nouvelles centrales mais la prolongation de celles déjà en place.

  • Jean-Luc Mélenchon défend une sortie totale du nucléaire d'ici 2045. Il considère que sortir du nucléaire n'est pas une question technique mais politique : « C'est une nécessité face aux prévisions scientifiques alarmantes sur le climat. Il faut s'y mettre tout de suite. Or, tout argent dépensé pour le nucléaire l'est au détriment des énergies renouvelables. »

  • Christiane Taubira, elle, promet un « référendum » sur le nucléaire. La gagnante de la Primaire populaire, qui se dit « pas favorable » au nucléaire « compte tenu des déchets radioactifs », considère « qu'il faut informer correctement et précisément les citoyens et les citoyennes et leur donner la parole ».

  • Fabien Roussel est pro-nucléaire et il le revendique. Le candidat communiste explique que la filière permet de « lutter contre l'énergie chère » et de garantir à l'industrie « une énergie décarbonée, pilotable et stable » tout en permettant de « sortir des énergies fossiles ». Il propose aussi que l'Etat passe de 84% à 100% du capital d'EDF.

Eléonore Disdero et Laura Ayad

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