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Pour Bruno Flochon, 50 ans, l’espéranto « permet d’avoir un accès direct aux cultures du monde ». Quand il ne travaille pas au service de transition énergétique de la Région Grand-Est, cet amateur de langues anime les rencontres du centre culturel espéranto de Strasbourg. Chaque lundi, des cours sont enseignés à une cinquantaine de membres qui voudraient se familiariser avec cette langue construite, parlée dans environ 120 pays du monde et par près de 3 millions de personnes. Comme tout autre cours linguistique, ils y apprennent de la grammaire, du vocabulaire et même de la culture à travers les quelques œuvres littéraires écrites en espéranto. L’association revendique une grande facilité pour s’initier dans cette langue, qui pourrait ainsi servir comme une deuxième langue universelle.
Le rêve d’une langue internationale commune
C’est grâce à son entourage que Bruno Flochon est tombé sous le charme de l’espéranto. Inspiré par son frère aîné qui a pu utiliser le réseau de la communauté espérantophone internationale pour voyager le monde, il s’est immergé dans l’apprentissage de la langue pendant ces études. « J’ai fait une rencontre par hasard avec un autre étudiant qui était aussi intéressé et il m’a encouragé à aller plus loin, raconte Bruno Flochon. Ensemble, nous avons créé une association à l’université pour apprendre l’espéranto. » Mais le vrai choc se fait lors de sa première visite d’une rencontre internationale d’espéranto à Saint-Pétersbourg, en 1995. « J’ai été étonné. J’avais un Allemand, un Brésilien, un Néerlandais et un Japonais autour de moi et je comprenais tout ce qu’ils disaient et tous me comprenaient. Il y avait une vraie satisfaction. »
Cette importance donnée au social et au contact humain est au cœur de la conception de l’espéranto. À l’origine, cette langue est le projet idéaliste d’un docteur polonais du XIXe siècle, Ludwik Zamenhof, qui cherchait à promouvoir la fraternité et l’ouverture aux autres cultures. Bruno Flochon croit toujours en ces valeurs et leur place dans l’apprentissage de l’espéranto. « Quand on peut communiquer avec des personnes d’horizons très divers, avec des origines sociales multiples, c’est un facteur de découverte de la culture des gens et du respect des autres », explique t-il. L’association propose donc que les écoles donnent le choix d’apprendre l’espéranto comme une deuxième langue. « C’est facile à apprendre, ce qui donne de la confiance aux enfants et peut leur donner un goût pour les langues », indique Bruno Flochon.
Un avenir prometteur
Au XXIe siècle, l’espéranto devient de plus en plus familier auprès du grand public, mais avec encore une marge de progression. En Hongrie, des milliers d’étudiants passent chaque année un examen de langue reconnu par l’Etat pour obtenir leur diplôme d’études universitaires. À Saint-Marin, l’espéranto est utilisé comme langue scientifique, commerciale et comme langue de travail par plusieurs ONG. Depuis 2015, l’application d’apprentissage de langues étrangères Duolingo propose l’espéranto parmi ses choix. « Le nombre de gens qui ont rejoint l’association par ce biais est important », témoigne Bruno Flochon, qui avance cependant que « l’application permet de découvrir et de s’amuser un peu, mais ça ne remplace pas une vraie expérience de la langue. » L’association d’espéranto de Strasbourg essaie de se moderniser pour toucher un nouveau public. Leur compte Instagram est actif depuis octobre 2021 et leur chaîne YouTube prévoit d’accueillir une série de vidéos de promotion de Strasbourg. Tout en espéranto.
Emilio Cruzalegui
Édité par Séverine Floch
La clientèle s'élargit plus qu’espéré chez (Dé)boutonné-e-s, au point que la gérante, Adèle, envisage d’ouvrir une seconde boutique à Nancy. Mais Salomé regrette leurs difficultés à attirer tous les publics : « Très peu d’hommes hétéros viennent pour leur propre plaisir. L’offre de jouets est moins importante que pour les personnes à vulve et clitoris. Mais il y a surtout un tabou encore plus grand que chez les femmes autour de la sexualité et des jouets. »
Salomé ne la célèbre pas personnellement, mais observe des demandes plus diversifiées qu’auparavant, « même si les dildos restent une valeur sûre ». Elle détaille une impressionnante collection de couleurs et tailles sur les étagères. « Ceux en bois ont du succès, et parmi ceux en silicone liquide, le fluo est sold-out. De plus en plus de personnes se tournent aussi vers le verre. » Elle s’étonne de certains succès : « On vend beaucoup de strings et slips en bonbons. J’imagine que c’est pour rire… ».
Près des deux tiers des acheteurs français (61 %) achètent leurs sextoys sur internet. Comme Marine, 21 ans, qui habite pourtant à cinq mètres de la boutique. Elle avoue « ne pas oser y entrer ». Laetitia, quadragénaire mariée depuis « un petit bout de temps », vend des ustensiles de coiffure en face du love store. Elle pense recevoir un bouquet, mais envisage de traverser la rue pour « pimenter sa relation ». Laetitia trouvera peut-être au fond de la boutique un petit godemichet en forme de rose. Fleur ou sextoy, pourquoi choisir ?
Grégoire Cherubini
Édité par Camille Lowagie et Camille Bluteau
C’est comme un bouquet de fleurs : quelques roses, des violettes et lilas… De toutes les couleurs et de toutes les tailles. À quelques jours de la Saint-Valentin, les étagères du love store strasbourgeois (Dé)boutonné-e-s sont pleines de sextoys.
Sûrement sensibles à la météo humide, ils poussent tels des champignons aux quatre coins de la boutique. « On est débordées ! Je ne pensais pas qu’autant de monde fêtait la Saint-Valentin », s’étonne Salomé, vendeuse de la boutique depuis l’ouverture en septembre 2020. Elle ouvre des dizaines de cartons remplis de jouets et de livres. Et en prépare des dizaines avec des commandes à distance.
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Pour sa deuxième Saint-Valentin, la boutique s'attend à une journée record samedi : « En temps normal, on vend pour 1 100 euros lors d’une bonne journée. Samedi dernier, à J-10, c’était environ 3 000 euros ! » La vendeuse de 24 ans voit défiler « beaucoup de jeunes, parfois des couples, certains disent être queer. Mais aussi des personnes plus âgées. » Certains demandent conseil pour offrir et casser la routine. Elle pense que la plupart « ne se posent pas la question de la dimension strictement commerciale de cette fête ».
Cet intérêt croissant pour les sextoys s’inscrit dans une dynamique plus générale de démocratisation du plaisir et de la sexualité. Selon l’Ifop, 49% des Français, hommes comme femmes, ont déjà essayé des sextoys en 2017. Ce nombre plafonnait à 16% en 2009. Le marché mondial, qui pesait déjà 25 milliards de dollars en 2018, ne cesse de croître selon l’institut Kantar.
À trois jours de la fête des amoureux, le love store Les (Dé)boutonné•e•s, rue du Marché, voit ses ventes augmenter et la demande se diversifier.