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Entre les résidences d’ambassadeurs et de consuls généraux, les ambassades, les consulats, les instituts français, les écoles, ou les centres culturels, l’Etat français possède un important patrimoine immobilier à l’étranger. Les 1.500 biens répartis dans 160 pays auraient une valeur estimée à plus de 4,5 milliards d’euros.

Depuis 2006, le ministère des Affaires étrangères, en accord avec le ministère du Budget s’est lancé dans un vaste programme de vente de biens immobiliers. Des résidences prestigieuses et de grande valeur, mais difficiles à entretenir, surdimensionnées et parfois peu fonctionnelles. Ces six dernières années, plus de 150 biens immobiliers français ont été vendus par le Quai d'Orsay par mesure d'économie.

Jusqu’ici, le résultat des ventes revient au ministère des Affaires étrangères, ce qui lui permet d’équilibrer son budget. Mais, à la fin de l’année 2014, l'argent des cessions servira directement à renflouer les caisses de l’Etat. 

Voici trois exemples de résidences que la France a vendues, ou du moins essayé :

  • A vendre : résidence de l’ambassadeur de France auprès de l’ONU

C’est la dernière annonce immobilière du quai d’Orsay. Ce vendredi, il vient de mettre en vente la résidence de l'ambassadeur de France auprès de l’ONU pour 48 millions de dollars, soit plus de 34,7 millions d'euros. Le luxueux appartement est doté de 18 pièces, six chambres, sept salles de bain et cinq cheminées. Les charges mensuelles de l’habitation, peu fonctionnelle, s'élèvent à près de 20.000 euros. L’Etat espère faire une forte plus-value puisque le duplex, situé au 740 Park Avenue dans l'Upper East Side, avait été acheté par la France en 1979 pour 600.000 dollars (2 millions de dollars aujourd’hui), soit 1,4 million d'euros. L’adresse est d’ailleurs célèbre à New York, l’immeuble a la réputation d’être la plus forte concentration de milliardaires des Etats-Unis, selon la chaîne de télévision américaine PBS.

  • Vendue : résidence du consul général de France à Hong Kong

Elle reste à ce jour l’opération la plus juteuse réalisée par l’Etat, en juin 2011. La France a vendu pour 51,6 millions d’euros la résidence du consul général français à Hong-Kong. Un bâtiment datant du 19e siècle et situé dans le quartier huppé du Victoria Peak, un des lieux où le prix du mètre carré est le plus cher au monde selon ABC News. A l'époque, le quai d’Orsay affirmait que l’entretien devenait compliqué compte tenu de l’état vétuste du bâtiment.

  • Vente annulée : la Maison de France à Berlin

En avril 2013, le quai d’Orsay pense avoir une bonne idée : vendre la Maison de France à Berlin, située sur la prestigieuse avenue de Kurfürstendamm, et ainsi transférer le centre culturel qui s’y trouve vers l’ambassade de France, à quelques kilomètres. Une vente qui pourrait rapporter entre 15 et 20 millions d’euros selon les estimations.

Mais voilà, les Berlinois et les Français du quartier tiennent à leur Institut Français, avec son cinéma, sa bibliothèque et ses salles de cours installés dans la Maison de France depuis 1950. Une pétition en ligne est très vite lancée et récolte près de 15.000 signatures. Dans le même temps, le ministère des Affaires étrangères s'aperçoit sur le tard qu'un déménagement s’avèrererait coûteux, l’ambassade de France à Berlin devrait être largement réaménagée pour accueillir le centre culturel. Finalement, l'Etat prend la décision, en janvier dernier, de renoncer totalement à la vente du bâtiment.

Dans le projet de loi des finances 2013, le rapporteur au Sénat Roland du Luart soulignait "l'irrégularité de la ressource" que représentent ces ventes. En 2011, les cessions immobilières avaient rapporté 122,2 millions d'euros, avant de chuter à 25,7 millions d'euros en 2012. En 2013, l'Etat avait vendu pour 26 millions d'euros de biens immobiliers à l'étranger

Romain Geoffroy

Photo : Flickr/Philip Taylor PT

Publié le vendredi 11 avril 2014

La France s'apprête-t-elle à reconnaître les langues régionales ?

Les députés ont voté, fin janvier, en faveur d’une ratification de la charte européenne des langues régionales. La Constitution ne reconnaît pour l'instant que le français comme langue officielle. Mais bientôt peut-être les langues régionales, comme le breton, l’occitan ou l'alsacien, pourront être utilisées dans la vie quotidienne, dans les services publics ou l'éducation nationale.

Comme d'autres langues minoritaires, l’alsacien est en perte de vitesse, mais des résistants s’organisent pour faire redécouvrir cette langue aux nouvelles générations.

Reportage de : Sarah Ennemoser, Nicolai Morawitz, Olivia Schmoll et Marina Strauss

[ Plein écran ]

Juillet 1924, Etudiants ouvriers chinois à Paris. Premier rang à partir de la gauche : 4ème, Zhou Enlai. Dernier rang, 3ème à droite : Deng Xiaoping.

Gu Xiaonan et sa femme Wang Jin, à l'intérieur de leur magasin de sac.

Au début, Gu Xiaonan ne pensait pas rester en France. Comme la plupart des étudiants de sa génération, il escomptait retourner en Chine pour servir l’Etat, comme il l’avait promis avant son départ. Cependant, à la fin de ses études, huit ans plus tard, sa pensée a changé. En 1992, il a ses diplômes et sa carte de résident permanent en poche. Son professeur français lui propose alors de rester en France, bien que Gu Xiaonan prépare déjà son retour en Chine pour l’année suivante. En 1993, Gu est de retour à Hangzhou pour visiter sa famille. Il est alors frappé par l'ampleur des changements : « L’économie chinoise a beaucoup évolué durant mes huit années d’études tandis que Strasbourg a seulement ajouté des trams. Mais au début des années 1990, l’économie chinoise n’était pas encore comparable à celle de la France ». C’est pour cette raison qu’il décide de retourner en France, pour bénéficier d’une meilleure qualité de vie. Gu Xiaonan avoue pourtant son regret: « C’était peut être un mauvais choix. Si j’avais su que la Chine se développerait aussi rapidement, je ne serais pas reparti ».

1996 marque un autre tournant dans la vie de Gu Xiaonan. Il choisit d’abandonner l’architecture pour devenir commerçant et ouvre une boutique de sacs. Il semble le regretter maintenant. Ses camarades ont pu saisir des opportunités et beaucoup d'entre eux sont devenus professeurs. « Aujourd'hui en Chine, il y a beaucoup d'étudiants qui sont revenus de l'étranger – on les appelle les « tortues de mer » – ils ne sont plus une exception. Ils ne sont plus une petite élite. » explique Gu Xiaonan. Grâce à internet, les jeunes Chinois sont plus informés et arrivent à faire des choix plus justes, « Je les envie ». Il pense qu'il est trop tard pour lui pour rentrer en Chine et recommencer une nouvelle vie.

Comme Rao Bopeng, il conseille aux étudiants actuels de se concentrer davantage sur leurs études même si leurs conditions matérielles sont plus confortables. Etudier à l’étranger n’a pas pour but de « se couvrir d’or ». C’est une expérience difficile qui doit être préparée psychologiquement et physiquement.

Avant de venir, il n'avait aucune attente particulière envers la France et s'intéressait beaucoup plus aux Etats-Unis : « malheureusement je ne parle pas bien anglais et l'école française n'a pas demandé un très bon niveau de langue pour les étudiants en doctorat de notre spécialité ». Dès son arrivée, à la fin de l'année 2011, il a pourtant été séduit par des différences avec la Chine : le développement du pays, le fait que les produits alimentaires soient de bonne qualité ainsi que par la qualité de l'air. Par contre, il voit aussi très vite les inconvénients : « La vie est trop calme et trop routinière ici, moins dynamique et les possibilités d'avenir sont étroites », continue commente Zhu Wenwu.

Durant l'été 2013, il a fondé une société à responsabilité limitée d'import-export avec la Chine qu'il gère tout seul pendant son temps libre. Cette opportunité lui apporte l'expérience de l'entreprise, car il voudrait se consacrer à l'économie pour sa carrière professionnelle. Ses autres loisirs sont consacrés à des voyages en Europe. Il aime aussi jouer au badminton avec ses amis une fois par semaine.

Zhu Wenwu avoue finalement : « Pour moi, personnellement, je préfère rentrer en Chine. Je pense que la Chine est meilleure que la France. Le marché de la France est trop petit. En plus, les gens ne parlent pas chinois. En tout cas, mes racines sont en Chine. »

 

 

On ne peut pas parler des étudiants chinois sans mentionner Monsieur Dong Jiaqi, l’un des Chinois les plus connus à Strasbourg. Dans son livre, intitulé « Pensées du pays natal sous le Ginko Biloba », inspiré de l’arbre mythique du jardin de la citadelle, il raconte sa vie et celle des chinois expatriés en Alsace.

Sa propre existence l'a conduit à travailler dans la pharmacopée. Son arrivée à Strasbourg a eu lieu le 14 juillet, 1989. Il s'y est marié à une soprano de Guangdong. En 2001, il a créé l'association des Chinois d’Alsace, et depuis son arrivée, il est actif dans l’église protestante chinoise de Strasbourg. Ces différentes fonctions lui ont permis de rencontrer des chinois de tous les milieux. Il en sait long sur l’histoire de chacun, notamment sur celles des étudiants chinois de Strasbourg. 

Q1 : Pourriez-vous nous présenter un peu l'histoire des étudiants chinois de Strasbourg ?

A partir des années 1980, au début de la politique de la réforme et de l'ouverture de la Chine après les dix ans de la révolutions culturelle (1966-1976), les premiers étudiants venus comme Rao Bopeng et Gu Xiaonan, sont envoyés par le gouvernement chinois pour faire des études en doctorat. Cette sélection a eu lieu tous les ans jusqu'à l'année 1995. Quand je suis venu à Strasbourg en 1989, il n'y avait que 80 ou 90 étudiants chinois ici. Ensuite, à partir de 1999, des étudiants financés par leurs parents sont arrivés avec l'aide d'agences intermédiaires. A ce moment-là, le niveau d'étude s'est diversifié : il y a à présent des lycéens, des étudiants en licence, en master et en doctorat. La qualité des étudiants a baissé évidemment.

Q2 : Pourquoi la qualité des étudiants a baissé ?

Aujourd'hui, le niveau de la vie a augmenté en Chine, étudier à l'étranger n'est plus autant difficile. Plus d'étudiants viennent en France, dont une partie n'a pas réussi le gaokao (examen d'entrée à l'Université chinoise).

Q3 : Pourriez-vous nous donner un exemple concret ?

Je me rappelle en 1999, 54 étudiants sont arrivés à Strasbourg. Une agence intermédiaire leur a raconté que ce serait facile de gagner de l'argent en France. Finalement, la majorité de ces personnes sont rentrées en Chine sans diplôme, ni compétence linguistique.

Q4 : Cette situation dure combien de temps ?

La situation a changé ensuite, peut-être les gens se sont rendus compte qu'il vaut mieux que les étudiants sortent du pays durant la phase universitaire. Du coup depuis 2003, la qualité des étudiants remonte.

Q5 : Que pensez vous des anciens étudiants en doctorat?

Les anciens docteurs n'avaient pas besoin de travailler durant leur temps libre, ils avaient le soutien économique du gouvernement chinois. Leurs buts étaient très claires : obtenir le diplôme, bien finir les études, rendre service à l'Etat chinois dans l'avenir. Les étudiants à l'époque formaient une élite.

Q6 : Et les nouveaux étudiants, qu'en pensez-vous ?

Par rapport aux anciens étudiants, les nouveaux ne sont pas aussi studieux, ceux qui n'ont pas assez de moyens, il leur faut travailler en dehors des études pour gagner leurs vies. Cela influence leurs études et, des fois, ils sont obligés de redoubler une ou deux années et même plus.

Mais par contre, c'est toujours une bonne chose de sortir de la Chine et d'ouvrir les yeux. C'est de toute façon une expérience impressionnante pour les jeunes. Il y a aussi beaucoup de bons étudiants, et vu que le nombre total augmente, le nombre de bons étudiants augmentent également. Je suis pour l'augmentation du nombre d'étudiants. En fait la proportion des étudiants chinois reste encore inférieure à celle des pays occidentaux. Je pense que cela favorisera le développement économique et culturel de la Chine, et aussi la communication et la coopération franco-chinoise.

Q7 : Est-ce que vous avez des conseils pour les étudiants chinois qui veulent étudier en France dans l'avenir?

Si tu as décidé d'étudier à l'étranger, précise ton but et ta motivation. Tu viens pour étudier mais pas pour t'amuser. Des étudiants ont gaspillé l'argent de leurs parents et sont rentrés de temps en temps en Chine, ça sert à quoi ? Donc je pense qu'il faut donner la priorité aux études, mais il faut aussi connaître la France, communiquer avec les Français, et c'est comme ça que tu prépares bien ton avenir.

 

 

Imprimeur bien connu de la communauté chinoise, Wang Yong, originaire de la province du Zhejiang, a fait un master en « art visuel » à l'Université de Strasbourg il y a 10 ans. Avec sa femme qui y a étudié l'architecture, ils sont installés dans la capitale européenne depuis 2003. Aujourd’hui, avec leur fille de 7 ans et leur fils de 2 ans, la famille de Wang est installée à demeure en Alsace. « Ma vie est à Strasbourg, j'ai ma vie sociale ici, ma femme et mes enfants, mon travail aussi. Je ne peux plus revenir en Chine », raconte Wang Yong devant le bureau de son entreprise.

Depuis 2000, des étudiants financés par leurs parents sont arrivés en France. Après leurs études à Strasbourg, et plutôt que de repartir en Chine, certains font le choix de débuter leur carrière professionnelle en France. Ils se mettent à leur compte, ou bien travailler pour de grandes firmes chinoises. Après 25 ans de croissance économique à deux chiffres, les entreprises de Shenzhen, Shanghai ou de Beijing s'attaquent désormais aux marchés étrangers. Elles ont besoin de salariés qui maitrisent la langue et la culture de leurs clients.

 

 

La pékinoise Yin Xiaofei (44 ans), est arrivée à Toulouse en 1998 pour suivre un master de marketing. Deux ans après, une fois son diplôme obtenu, elle a souhaité venir à l'Université de Strasbourg afin d'améliorer son niveau de français. En 2003, une société photovoltaïque chinoise originaire de Shenzhen (au sud de la Chine, dans la province du Guangdong) cherchait une responsable en France. Par l’intermédiaire d’une connaissance, Yin a été choisie comme chargée d'affaires de la filiale française de la société. Elle en est devenue la présidente.

Venu de la province du Zhejiang où il a étudié dans l'Université de Zhejiang, une des meilleures universités chinoises. Gu Xiaonan est envoyé en France en 1985 par le gouvernement pour faire son doctorat d’architecture à l’INSA de Lyon, puis de Strasbourg. Après son arrivée, il a tout d’abord été surpris par le faible nombre de pauvres en France et le décalage entre la vision de la propagande et le pays réel qu’il a découvert. Le mode de vie capitaliste ne lui semblait pas aussi néfaste que ce que l’on disait en Chine.

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