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Dans cinq ans ou dans dix ans, que restera-t-il de « la nature 5 étoiles » vantée par les promoteurs du tourisme à Madagascar ? La forêt primaire recule partout. La liste des espèces menacées s’allonge sans cesse, à l’image du Voatsiperifery, le poivre sauvage endémique de la Grande Ile, devenu rarissime car surexploité. Pour cette épice comme pour la forêt, la préservation ne pèse pas lourd dans la balance, face à une population qui tente avant tout de survivre au quotidien. Quitte à compromettre l’avenir.
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Depuis une douzaine d’années, des hectares de terres agricoles, minières, touristiques ou habitables sont achetées par des groupes privés à Madagascar. Encouragées, voire orchestrées, par l’État, ces ventes hypothèquent l’avenir des paysans qui se retrouvent sans terre. Parce qu’ils la bradent contre un sac de billets ou parce qu’ils n’ont pas de titre de propriété ni les moyens de défendre leurs droits ancestraux. Une situation contrastée où les conflits fonciers se mêlent aux espoirs de compensations
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Le Parlement européen s’est penché jeudi 18 mai sur le bilan de la politique de cohésion européenne entre 2007 et 2013. D’après le rapport consacré à cette période, les fonds de cohésion ont su s'adapter à la crise financière.
L’eurodéputé bulgare Andrey Novakov (PPE, conservateur) a présenté au Parlement jeudi 18 mai son rapport sur la période 2007-2013 de la politique de développement régional. Ces années, économiquement instables, ont poussé l’Europe à repenser ses aides aux Etats membres. Selon Novakov, la politique de cohésion a joué un important rôle de rempart contre la dépression économique, en permettant de soutenir la reprise de la croissance à travers le continent.
Depuis 1975, des fonds européens sont dédiés à réduire les écarts de développement entre les différentes régions. Chacun des 28 pays contribue à la hauteur de ses moyens à ces Fonds structurels. L’argent est ensuite redistribué en fonction des besoins de chacun. Il bénéficie donc principalement aux régions les moins développées économiquement en les aidant à moderniser leurs infrastructures, et in fine, à créer des emploi et à favoriser la croissance. En 2017, la Pologne et la Hongrie étaient les deux principaux bénéficiaires de ces subventions.
Andrey Novakov souligne que les aides mises en place entre 2007 et 2013, bien que conçues avant la crise économique, ont permis à l’Union européenne de mieux lui résister. Ces dispositifs, en injectant près de 347 milliards d’euros dans l’économie, « ont eu une forte incidence et des résultats visibles à travers les investissements » dans les régions européennes.
Le rapport du député bulgare détaille également les nouveaux objectifs pour la politique de cohésion, dont le budget a été gonflé pour la période 2014-2020. La Banque Européenne d’Investissement (BEI) peut désormais octroyer des conseils, une assistance technique, des crédits et des prêts aux Etats européens. Ce nouveau rôle a pour objectif d’attirer de nouveaux investisseurs dans des régions les moins favorisées de l’Union.
Victor Guillaud-Lucet
A partir de 2018, les consommateurs européens en voyage dans les autres pays de l’Union pourront profiter de leurs abonnements audiovisuels numériques. Un règlement a été adopté en ce sens jeudi 18 mai par le Parlement européen.
Qui s’imaginerait les pages d’un livre s’effacer en traversant une frontière ? Ou le contenu d’un DVD devenir illisible dans un autre pays ? Personne. Cela ressemble pourtant à ce qui arrive aujourd’hui quand un abonné à "Netflix", la plateforme américaine de films en ligne, souhaite reprendre sa série alors qu’il est en vacances dans un autre pays de l’Union européenne. Ou lorsqu’un salarié en déplacement dans un Etat membre désire regarder le match de son équipe de foot préférée sur "CanalPlay".
A l’heure du marché unique, ces situations frustrantes pour les 23 millions de consommateurs européens potentiellement concernés, seront révolues dès le 1er janvier 2018. Le Parlement européen a adopté jeudi 18 mai un règlement visant à assurer la portabilité des contenus en ligne. Il entend adapter les abonnements numériques à la mobilité des européens, en leur permettant d’accéder aux services auxquels ils ont souscrit, dans n’importe quel pays membre. La réforme s’appliquera obligatoirement pour les services payants, de type "Netflix", mais restera optionnelle pour les fournisseurs à titre gratuit, comme "FranceTv Pluzz".
La temporalité au coeur des débats
La portabilité est prévue uniquement pour les séjours temporaires. Pas question d’autoriser un Allemand à s’abonner à "Netflix" en France pour le regarder exclusivement depuis l’Allemagne. Cela remettrait en cause le principe de territorialité des droits d’auteurs, pierre angulaire du système de financement de l’audiovisuel dans de nombreux pays. Pour autant, les parlementaires ont refusé d’établir un nombre maximum de jours passés à l’étranger. Ils ont opté pour la mise en place de systèmes de contrôles limitant l’accès aux contenus dans le temps. Les fournisseurs de service pourront vérifier le pays de résidence grâce à l’adresse IP du consommateur, ses moyens de paiement ou son abonnement internet.
« Il s’agit d’un règlement équilibré entre préservation des droits d’auteurs et des droits des consommateurs », explique l’eurodéputé français Jean-Marie Cavada (ALDE, libéraux), rapporteur du texte. De son côté Andrus Ansip, vice-président de la Commission européenne, salue « un pas important » vers la création d’un marché unique du numérique. Pour Agustin Reyna, du Bureau européen des consommateurs c’est « une très bonne nouvelle ». Une position partagée par Diego Naranjo de l’European Digital Rights (une association de défense des droits et des libertés sur Internet). Mais certains craignent que la portabilité temporaire des contenus soit une première brèche vers la remise en cause de la territorialité des droits d’auteur.
Concurrencer Google et Youtube
Depuis 2014, la Commission européenne travaille sur une réforme du droit d’auteur à l’ère du numérique. Elle devrait être discutée à l’automne 2017 au Parlement. L’un des objectifs de cette réforme est de mettre fin au "géoblocage", c’est-à-dire la géolocalisation des programmes en fonction des droits de diffusion. Il s’agit de faciliter l'accès dans les 28 Etats membres des films et musiques produits ou acquis dans un seul pays membre. « Les films originaires d’un Etat de l’Union ne sont disponibles que dans 2 ou 3 autres pays du marché unique. La levée des barrières territoriales permettrait de mieux diffuser les oeuvres et d’augmenter le nombre de spectateurs. Sans une ouverture du droit d’auteur, les consommateurs se tournent vers la vidéo illégale », détaille l'eurodéputée allemande Julia Reda, seule représentante du Parti pirate au Parlement européen. De son côté, Grégoire Polad, directeur général de l’Association of Commercial Television in Europe estime que « le marché unique du numérique revient à pouvoir accéder à davantage de chaînes mais à moins de contenu » et craint un appauvrissement de la création européenne. En effet, pour le secteur, une telle réforme est incompatible avec le respect du droit d’auteur et détruirait le système actuel de financement des oeuvres audiovisuelles.
Pour l’eurodéputé roumain Victor Negrescu (S&D, socio-démocrate), une réflexion sur l’émergence de géants européens du Net est la grande absente de la réforme. « Cette législation se contente d’aller à l’encontre des intérêts de Google et Youtube. La Commission introduit uniquement des pénalités pour les entreprises du numérique, sans promouvoir ce qui existe déjà en l’Europe. »
texte : François Camps et Marine Ernoult
photos : pierre-olivier chaput
Dumping social, temps de travail, cabotage… Le projet de législation européenne sur le transport routier, débattu mercredi 17 mai à Strasbourg, a suscité une levée de bouclier aussi bien du côté des syndicats que des eurodéputés.
Routiers de tous les pays, unissez-vous ! Mercredi 17 mai, une cinquantaine d'entre eux, venus principalement de France, mais également de Pologne et de Roumanie, manifeste devant le Parlement européen à Strasbourg. « On est tous ensemble contre les entreprises qui pratiquent le dumping social. La Commission européenne veut chipoter avec le temps de conduite et le temps de repos », lance Cristina Tilling, secrétaire politique de la Fédération européenne des travailleurs du transport (ETF).
Ce jour-là, l'exécutif européen présente au Parlement un rapport d'initiative sur le « Paquet Mobilités », dont la version finale sera dévoilée à la fin du mois. Pour certains élus de gauche, sa teneur est déjà claire. « On attendait de la Commission des mesures de protection, on a en fait une forte libéralisation », dénonce l’eurodéputée française Christine Revault d'Allonnes-Bonnefoy (S&D, socio-démocrate), membre de la commission parlementaire en charge du transport.
Harmoniser les droits sociaux
Ce débat intervient dans un contexte très tendu autour de la libéralisation du transport. Des pays de l'Est, comme la Pologne et la Lituanie, veulent maintenir la compétitivité de leurs chauffeurs face à leurs collègues d’Europe de l’Ouest, qui dénoncent eux une concurrence déloyale. Deux mesures sont au centre des controverses : le cabotage et l'application de la directive sur les travailleurs détachés.
Le cabotage définit le nombre de trajets que peut effectuer un routier dans un autre pays de l’Union européenne. Selon la législation actuelle, seules trois opérations de cabotage sont tolérées dans un délai de sept jours suivant une livraison. Plus le nombre d’opérations est important, plus les chauffeurs aux salaires compétitifs menacent les routiers locaux. La directive européenne sur les travailleurs détachés définit, elle, le nombre de jours de travail autorisés par mois à l'étranger. Pour les routiers, celui-ci est actuellement de sept jours maximum. La Pologne milite pour un décloisonnement de ce plafond.
Les 60 syndicats membres de l'ETF veulent croire qu’une union est possible sur la question des droits sociaux. « Les chauffeurs roumains et polonais ne veulent plus travailler sans limite pour 250 euros par mois. Beaucoup évoquent des situations qui se rapprochent de l'esclavage moderne », affirme Cristina Tilling. Le faible taux de syndicalisation des routiers d’Europe de l’Est rend toutefois difficile l’émergence d’une action collective à l'échelle européenne.
Divisions parlementaires
Si les réformes de la Commission inquiètent les syndicats, elles ne suscitent pas non plus l’enthousiasme parmi les eurodéputés.
À l’Ouest et au Nord, on insiste sur les effets délétères des propositions de la Commission dans un secteur des transports déjà mal en point. Les députés belges Hugues Bayet (S&D, socio-démocrate) et Claude Rolin (PPE, conservateur) rappellent que leur pays vient d’être touché par un scandale de grande ampleur autour des conditions salariales des 1100 employés de Jost Group, l’un des principaux transporteurs du pays. Tous ont la même cible : le dumping social, ou contournement des minimaux sociaux nationaux. « Le dumping social est le poison du projet européen. À travail égal, salaire égal », tranche la députée française Karima Delli (Verts), présidente de la commission Transports et Tourisme.
La Commission semble pourtant prête aujourd’hui à libéraliser le cabotage. Son but ? « Rendre les règles applicables », c’est-à-dire les rendre plus souples pour limiter le nombre d’infractions. De nouveaux outils numériques pourraient forcer les employeurs à respecter la loi : le tachymètre (instrument de mesure permettant de déterminer la vitesse de déplacement d'un objet en mouvement) intelligent, par exemple, sera rendu obligatoire sur les camions neufs en 2019, mais généralisé seulement en 2034… Pour certains, la création d’une agence européenne du transport permettrait d’harmoniser les contrôles.
Les partisans du cabotage utilisent parfois des arguments surprenants. « Nous avons beaucoup de poids lourds qui circulent à vide sur les routes européennes, un quart des camions environ », avance le tchèque Petr Mach (EFDD, souverainiste), qui soutient la libéralisation. Selon lui, il faut remplir ces camions pour réduire le nombre de véhicules en circulation et limiter les émissions de CO2. « C’est un peu grossier comme prétexte », s’agace Catherine Revault d'Allonnes-Bonnefoy.
Pour les députés est-européens, les questions sociales et écologiques sont secondaires. Ils privilégient l’économie, et notamment la lutte contre les « mesures protectionnistes » mises en place par certains pays de l’Ouest (France et Allemagne notamment). Les élus des États membres les plus récents dénoncent l’inaction de la Commission qui, pourtant, semble aller dans leur sens : fin avril, elle a ouvert une procédure contre l’Autriche, accusée d'enfreindre les règles du marché commun avec sa nouvelle loi sur le salaire minimum.
Députés comme routiers convergent cependant sur un point : la future législation européenne sur le transport routier aura un impact majeur sur le secteur. À la Commission, maintenant, de choisir la bonne route.
Romain Colas et Kévin Brancaleoni
Le Parlement européen a adopté jeudi 18 mai une résolution appelant à des négociations de paix au Soudan du Sud où une guerre civile sévit depuis trois ans et demi.
Les députés européens ont voté jeudi 18 mai une nouvelle résolution appelant la communauté internationale à agir plus efficacement au Soudan du Sud. Depuis trois ans et demi, le pays est déchiré par une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et 3,7 millions de déplacés.
« Les civils sont délibérément ciblés et exécutés. Les miliciens utilisent le viol comme arme de guerre, brûlent des maisons et des troupeaux, détruisent des magasins de nourriture et des voies d'accès pour les humanitaires », détaille Elizabeth Deng, chercheuse spécialiste du Soudan du Sud pour Amnesty International, basée à Nairobi.
Impuissance
Dans cette nouvelle résolution, le Parlement européen appelle toutes les parties engagées dans le conflit à cesser le recrutement d'enfants soldats. Leur nombre est estimé à plus de 15 000 par le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Malgré l'échec de plusieurs cessez-le-feu depuis le début du conflit, dont le dernier le 27 mars 2017, les parlementaires demandent à la haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini de s'associer à l'ONU pour « lancer un nouveau processus politique » permettant un arrêt durable des combats.
Les eurodéputés souhaitent également la création d'un tribunal mixte pour juger les crimes de guerre. « Cela fait longtemps que l'Union Aafricaine est appelée à mettre sur pied un tribunal hybride mais elle ne l'a toujours pas fait », se désole Marie-Claude Gendron, responsable du Soudan du Sud pour Amnesty. Une initiative jugée « urgente » dans la résolution votée au Parlement européen.
Dans l'hémicycle, de nombreux députés ont dénoncé l'indifférence dont l'Europe a jusqu'ici fait preuve à l'égard du Soudan du Sud. Pour Marie-Christine Vergiat, eurodéputée française (GUE, gauche radicale), « l'Union européenne est restée impuissante car ce qui l'intéresse, c'est de défendre ses intérêts économiques, en pensant tout bas "pourvu que ces gens ne quittent pas la Corne de l'Afrique"».
Augustin Campos