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L'épineuse question des abattoirs locaux
Si la résolution a finalement été adoptée à une large majorité (411 pour, 43 contre, 110 abstentions), sa rédaction a donné à voir d’importantes divergences entre les groupes politiques. Du côté des écologistes, on aurait souhaité un texte plus ambitieux, qui aurait notamment prôné le développement des abattoirs locaux. « Le transport est une source de stress pour les animaux, il devrait être réduit au maximum. L’abattage devrait être réalisé au plus près du lieu d’élevage » estime ainsi l’eurodéputé autrichien Thomas Waitz (Verts). A droite de l’hémicycle en revanche, la priorité était de parvenir à une résolution « équilibrée », prenant en considération la protection des animaux au même titre que les intérêts des agriculteurs, « premiers défenseurs du bien-être animal ». Selon Sofia Ribeiro (PPE, chrétiens démocrates), eurodéputée portugaise, les abattoirs locaux ne sont pas une solution car ils ont déjà fait la preuve de leur trop faible rentabilité par le passé. Un point de vue partagé par la puissante fédération des syndicats agricoles européens Copa-Cogeca. Cette organisation craint en effet qu’une réglementation plus stricte avec notamment la création d’abattoirs locaux diminue la marge de manœuvre des agriculteurs. « Créer des abattoir locaux obligera l’agriculteur à n’avoir qu’un seul client. Il serait ainsi toujours soumis à la demande de l’abattoir et perdrait la possibilité de négocier » estime ainsi l’un de ses porte-parole. La proposition des écologistes n’a finalement pas été retenue dans la résolution finale, au grand regret de Thomas Waitz (Verts) pour qui « La droite défend une industrie qui n’a pas d’avenir en Europe ».
Le risque d'une concurrence déloyale
Au sein du PPE, les députés français Les Républicains se sont caractérisés par leurs fortes réserves à l’égard de la résolution. Deux d’entre eux seulement ont voté en sa faveur, alors que neuf s’abstenaient et cinq s’y opposaient. Parmi ces derniers, Angélique Delahaye (PPE), ancienne vice-présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants, qui dénonce un texte inutile: « la législation concernant le bien-être animal durant leur transport existe déjà. Si elle n’est pas respectée, c’est une fraude à la réglementation. » Pour elle, une réglementation européenne accrue serait même néfaste au secteur agricole. Elle craint notamment qu’une réduction de la durée de transport autorisée n’entraîne une baisse drastique des exportations : « La proposition de résolution vise à privilégier le transport de carcasses. Si un pays exige des animaux vivants, il se fournira ailleurs dans le monde. »
A l’inverse, les responsables associatifs ont appelé les dirigeants européens à se saisir de la résolution du Parlement pour transformer radicalement les logiques du transport des animaux. Selon Reineke Hameleers, directrice de l'Eurogroupe pour les animaux, un organisme de défense des animaux présents dans 25 pays de l’Union européenne : « La Commission européenne doit maintenant initier le virage pour promouvoir le transport et le commerce de la viande et des carcasses, et pas des animaux vivants. »
Maxime Arnoult et Loana Berbedj
« Aujourd’hui est un grand jour pour les animaux », affirme l’eurodéputé danois Jørn Dohrmann (ECR, conservateurs), en charge de la résolution sur la protection des animaux durant leur transport adoptée jeudi 14 février par le Parlement européen. Bien que l’Union européenne dispose déjà d’une réglementation très exigeante en la matière, son application reste très disparate au sein des Etats membres. Les enquêtes de plusieurs associations de protection animale ont mis en lumière l’insuffisance des systèmes de contrôle actuellement en place. Par le biais de la pétition #StopTheTrucks qui compte plus d’un million de signataires, Animals’ Angels, Eyes on Animals et CIWF dénoncent régulièrement les conditions de maltraitance que subissent chaque année plus de 37 millions d’animaux.
Par leur résolution, les eurodéputés appellent la Commission européenne à mieux faire appliquer les lois en vigueur notamment par l’instauration de contrôles plus stricts et des sanctions plus fermes contre les contrevenants. Reprenant les termes d’une première résolution sur le sujet de 2012, ils réitèrent également leur souhait que la durée de transport des animaux soit aussi courte que possible, idéalement inférieure à huit heures.
Plusieurs millions de bovins, porcs et autres animaux vivants circulent chaque année à travers l’Union européenne dans des conditions indignes et très critiquées. Le Parlement européen a adopté une résolution jeudi 14 février, en faveur d’un meilleur respect de la législation en vigueur.
Vite, vite! La fin de la législature approche et c’est tout le Parlement qui s’agite. Recyclage de l’eau, pesticides, fraude fiscale, transparence des parlementaires... Il faut boucler en quelques semaines des dossiers parfois ouverts depuis des années. Sans se déconnecter d’une actualité européenne explosive.
Sous le feu des projecteurs et le regard angoissé d’eurodéputés inquiets du tournant europhobe de l’Italie , Giuseppe Conte se livre à un difficile numéro d’équilibriste. Appeler au dialogue après six mois d’attaque du gouvernement italien contre l’Union européenne … pas si simple.
Les sujets s’enchaînent. Un accord de libre-échange avec Singapour? Les bénéfices seraient énormes et ouvriraient le marché asiatique à l’Europe. Mais le pays est un paradis fiscal, clament certains députés. Les orateurs sont entendus, les arguments pesés. Accord approuvé.
Et pendant que les parlementaires débattent dans l’hémicycle, les trois institutions qui gouvernent l’Europe tentent -urgence oblige- de débloquer certains dossiers-clés. Dans le huis-clos des trilogues, les débats s’accélèrent. Et enfin émerge un accord pour protéger les droits d’auteurs face à Google et Facebook.
Sur scène ou en coulisses le mot d’ordre est le même: faire vite . Avant le tomber de rideau.
Pierre Boudias
Le Parlement européen affiche sa fermeté face à l’arrestation d’Oyoub Titiev, défenseur des droits tchétchène détenu depuis janvier 2018.
« Un signal fort envoyé à la Russie. » C’est ainsi que l’eurodéputée Daniele Viotti (PPE, chrétiens-démocrates) qualifie, jeudi 14 février, l’adoption par le Parlement européen de la résolution condamnant la détention de l’activiste Oyoub Titiev.
Qui est Oyoub Titiev ?
Oyoub Titiev est le directeur du centre des droits de l’homme « Mémorial » en Tchétchénie, république membre de la fédération de Russie. A l’occasion d’un contrôle routier, il a été arrêté par la police le 9 janvier 2018 pour possession de stupéfiants. En détention provisoire depuis son arrestation, il risque jusqu’à dix ans d’emprisonnement. Dans le cadre de son débat sur les cas urgents de violation des droits de l’Homme, le Parlement européen a dénoncé des « accusations montées de toutes pièces » appelant à une « libération immédiate et à l’abandon des poursuites ».
Que souhaite le Parlement européen en adoptant cette résolution ?
En adoptant la résolution à une large majorité, le Parlement européen souhaite dénoncer un « contexte de violations répétés des droits fondamentaux » en Tchétchénie, depuis la nomination par Vladimir Poutine de Ramzan Kadyrov à la présidence en 2007. « Nous demandons aux autorités tchétchènes de mettre fin à un régime d’impunité qui cautionne les agressions et intimidations envers les défenseurs des droits de l’Homme », insiste l’eurodéputée Danièle Viotti (S&D, sociaux-démocrates) à l’occasion des débats. Une préoccupation partagée par la Commissaire européenne Cécilia Malmström : « L’arrestation d’Oyoub Titiev est un signal fort de la part des autorités tchéchènes, elles veulent voir cesser toutes les activités de l’ONG Memorial qui œuvre depuis 25 ans sur ce territoire pour protéger et défendre les droits humains ». En outre, le Parlement européen pointe des agissements contraires aux engagements internationaux. Pour Danièle Viotti, le Parlement souhaite ainsi rappeler à la fédération de Russie son devoir de protéger les droits des militants des droits de l’Homme.
Edwige Wamanisa
Une réforme qui ne fait pas que des heureux
Malgré l’adoption de la réforme, son avenir reste incertain. Plusieurs Etats européens, au premier rang desquels l’Espagne, s’y opposent fermement. Dans ce pays, le transport en autocar occupe une place non négligeable avec plus de 3600 compagnies privées au total. « Ce marché est très important en sources de revenus et d’emplois. Or, les Espagnols sont pour une totale privatisation du secteur qui permet de casser les prix sans trop regarder les conditions de travail », détaille Christine Revault d’Allones-Bonnefoy qui regrette la position, au sein même de son parti, des eurodéputés espagnols.
La question des droits sociaux pourraient aussi poser problème dans ce projet. Pour l’eurodéputé allemand, Michael Cramer (Verts), cette ouverture comporte des risques non négligeables. « Les conducteurs de trains dorment parfois dans leur locomotive. Ce n’est pas acceptable, et il ne faut pas que cela devienne la norme pour les autobus» a-t-il mis en garde lors des débats.
Fabien Albert et Aya Alkhiyari