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09/02/24
11:36

Robert Badinter, homme de gauche et fervent opposant à la peine capitale est mort

Robert Badinter, l’ancien ministre de la Justice de François Mitterrand a marqué la vie politique de la fin du siècle dernier. Son engagement à gauche atteint son apogée lors de son discours pour l’abolition de la peine de mort, expression du combat de toute sa vie.

Ex-ministre de la Justice sous François Mitterrand de 1981 à 1986, Robert Badinter a permis l'abolition de la peine capitale en France. © FIDH

Robert Badinter est décédé dans la nuit du 8 au 9 février à l’âge de 95 ans, selon sa collaboratrice Aude Napoli, à l’AFP. L’ancien ministre de la Justice sous François Mitterrand avait porté la loi du 9 octobre 1981, abolissant la peine de mort.

Avocat de formation, Robert Badinter était aussi homme politique, écrivain, sénateur et président du Conseil constitutionnel. Le grand homme de gauche a défendu les droits de l'Homme jusqu’au bout dans ses écrits et prises de position. Il porte ses convictions d’abord devant les tribunaux en défendant ses clients, puis au Parlement. En 1981, il appelait les députés à se saisir d’« un débat de conscience qui engage chacun d’entre vous ».

Un duo soudé avec son épouse Elisabeth Badinter

Robert Badinter est né en 1928 à Paris de parents juifs naturalisés français. Pendant l’Occupation, sa famille part s’installer à Lyon. Un autre 9 février, en 1943, il échappe à la Gestapo alors que son père est arrêté à Lyon dans une rafle organisée par Klaus Barbie. Sa vie bascule. Il écrira en 2018 dans son ouvrage Idiss : « Mon enfance a pris fin le 10 mai 1940 ».

Après la guerre, il étudie les lettres et le droit à Paris puis à l'université Colombia. Alors âgé de 21 ans, il s’inscrit au barreau de Paris. Un premier mariage avec la comédienne Anne Verdon puis Robert Badinter tombe sous le charme d’Elisabeth Bleustein-Blanchet, 22 ans. Il en a alors 38. Depuis leur union en 1966 jusqu'au décès de l'avocat, Robert et Elisabeth Badinter formaient un couple uni. Chacun a marqué, à sa manière, la Vème République. Philosophe et figure du féminisme, Elisabeth Badinter se qualifie comme la “fille de Simone de Beauvoir”.

Un combat incarné dans ses discours

Son combat contre la peine de mort débute en 1972 en tant qu’avocat de la défense. C’est l’affaire Patrick Henry qui le fera connaître et le propulsera dans les rangs du gouvernement. Il sauve la tête de ce criminel, jugé pour enlèvement et assassinat d’enfant en 1977. L’homme sera condamné à la réclusion à perpétuité. Cinq autres hommes échappent grâce à lui à l'échafaud.

Quand la gauche, incarnée par François Mitterrand, accède à l’Elysée en mai 1981, Robert Badinter n’est pourtant pas le premier pressenti pour être garde des Sceaux. Maurice Faure, premier locataire de la place Vendôme, démissionne deux mois après la composition du gouvernement. Badinter le remplace et peut mener là le grand combat de sa vie. La partie n’est pas gagnée : 63% des Français sont à l’époque opposés à l’abolition. Pourtant, l’avocat convaint députés et sénateurs. Dans un discours enflammé à la tribune de l'Assemblée nationale le 17 septembre 1981, il déclare : « Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue (…). Demain, vous voterez l’abolition de la peine de mort. »

Le 10 octobre 1981, la loi est promulguée en ces termes : “La peine de mort est abolie”. L'abrogation est ensuite inscrite dans la Constitution en 2007. Robert Badinter a célébré cette victoire toute sa vie.

Auteur de nombreux ouvrages jusqu'à la fin de sa vie

Après son passage au ministère marqué par d’autres réformes issues des 110 propositions de François Mitterand, Robert Badinter est nommé par ce dernier au Conseil constitutionnel. Il y siège pendant neuf ans et pose les jalons de ce qui deviendra la QPC (question prioritaire de constitutionnalité) qui permet à tout justiciable partie à un procès de questionner la constitutionnalité d’une disposition législative. Cette procédure est entrée en vigueur en 2008.

Après sa présidence de l’institution, Robert Badinter est élu sénateur en 1995. Il y siège jusqu’en 2011 et incarne la défense des droits humains au niveau intrenational devant divers institutions. Il continue de travailler et d’écrire jusqu’à la fin de sa vie. En avril 2023, il est co-auteur de Vladimir Poutine. L’accusation, un réquisitoire contre le président russe. Jusqu’au bout, l’intellectuel a incarné la cause progressiste sans jamais flancher.

Clara Grouzis

Edité par Eva Pontecaille

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