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10/02/22
16:54

Le président mexicain suggère «une pause» dans les relations diplomatiques avec l'Espagne

Depuis 2019, Andrés Manuel López Obrador multiplie les demandes d'excuses à son ex-colonisateur. Cette fois-ci, les entreprises espagnoles du secteur de l'énergie sont la cible de ses critiques. 

Le président mexicain tient une conférence de rédaction quotidienne, nommée la Mañanera.  © Eneas

« Une pause pour se respecter et ne pas être considéré comme une terre de conquête. » Petite surprise, mercredi 9 février, lors de la conférence de presse quotidienne du président Andrés Manuel López Obrador (gauche nationaliste). Celui-ci suggère « une pause » dans les relations diplomatiques avec l'Espagne, taclant par la même occasion plusieurs entreprises espagnoles. « Nous voulons avoir de bonnes relations avec tous les gouvernements du monde, mais nous ne voulons pas être volés, tout comme les Espagnols ne veulent être volés d'aucun pays. »

Au centre des critiques de López Obrador : les politiques énergétiques de ses prédécesseurs. Pour lui, il s’agissait « d'une conspiration d'en haut » et d’une « promiscuité économique et politique au sommet des gouvernements du Mexique et de l'Espagne », le tout pendant « trois sixtennats ». D'où un parallèle entre le pillage du temps de la domination espagnole et celui qu’exercent, selon le président, des entreprises espagnoles du secteur de l’énergie. « Et le Mexique en a fait les frais, ils nous ont pillés. » Il continue en faisant un lien entre deux ex-présidents, Felipe Calderon et Vicente Fox, et deux entreprises espagnoles, respectivement Repsol et Iberdrola. 

Reconnaître les horreurs de la colonisation du Mexique

Le président mexicain n’en est pas à sa première charge contre l’Espagne. En effet, l’histoire coloniale entre les deux pays -le Mexique a été une colonie espagnole pendant trois siècles- est un thème de discorde et plus particulièrement depuis l’arrivée d’Andrés Manuel López Obrador (AMLO) au pouvoir en 2018. Dès l’année suivante, il envoyait une carte au Pape François et au roi d’Espagne, Felipe VI, leur demandant de s’excuser pour la conquête du Mexique. L’Espagne avait fermement refusé la demande, tout en rappelant sa volonté « d'intensifier les relations d'amitié et de coopération existantes ».

L’année 2021 a été marquée par des commémorations mémorielles exceptionnelles. Le Mexique a célèbré les 700 ans de la fondation de Tenochtitlan, les 500 ans du début de la conquête du Mexique par Hernan Cortés et les 200 ans de l’indépendance du pays. L’occasion de continuer sa politique mémorielle. Ainsi, AMLO a présenté, en août, « ses excuses aux peuples indigènes » au nom de l’État mexicain. Le 27 septembre, jour de l'indépendance mexicaine, aucun haut-dignitaire espagnol ne s’est déplacé pour l’occasion, signe des crispations entre les deux pays. Quelques jours plus tôt, la maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, proche alliée du président, avait annoncé le remplacement d’une statue de Christophe Colomb par celle d’une femme indigène.  

Des paroles en l’air ?

Pourtant la politique mémorielle du président ne semble pas très populaire. En juillet 2018, le journal espagnol El País -qui possède aussi une édition mexicaine-, publie un sondage sur la question. 62 % des interrogés considèrent que López Obrador fait un « usage politique » de ce chapitre de l'histoire mexicaine et plus de la moitié d’entre eux (55 %) ne juge pas nécessaire les excuses de l’Espagne.

L’annonce de López Obrador reste tout de même à prendre avec des pincettes. Le gouvernement mexicain n'a publié aucun communiqué officiel et, de son côté, l’Espagne assure n’avoir reçu aucune information. Les critiques envers l'Espagne sont monnaie courante. Mais le président n'avait jamais suggéré « un possible coup d'arrêt des relation entre les deux pays », rappelle le pure-player espagnol El Confidencial. La déclaration surprend d’autant plus la diplomatie espagnole que, le 27 janvier, les deux ministres des affaires étrangères se sont rencontrés au Honduras. Le ministre espagnol avait profité de l'occasion pour valider la nomination du nouvel ambassadeur du Mexique en Espagne, après cinq mois d’attente.

Nils Sabin

Édité par Séverine Floch

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