La semaine dernière, trois étudiants de confession juive se sont fait agresser sur le campus. Comment vont-ils aujourd’hui ?
Mentalement, c’est très dur pour eux. En tant que Juifs, on a tous été au moins une fois victime d’un acte antisémite, verbal ou via des tags. Mais se faire attaquer physiquement, pour notre génération, on ne connaît pas du tout. Et quand nos grands-parents et arrière-grands-parents nous disent de faire attention à l’antisémitisme, c’est bien réel, car on arrive encore, en 2024, à se faire frapper parce qu’on est Juif.
Avez-vous recensé d’autres actes antisémites envers des étudiants depuis le 7 octobre ?
Oui, plusieurs étudiants se font fait insulter sur des groupes WhatsApp par exemple. On s’est organisé avec des avocats pour savoir comment porter plainte en cas d’attaques antisémites. Mais il y a aussi des étudiants qui ne vont plus en cours car ils ont un nom à consonance hébraïque et qu’ils ont peur que leur nom soit cité si un professeur fait l’appel.
Il y a également des étudiants qui sont partis en Israël pour apporter leur aide. Il y en a d’autres qui ont organisé des collectes de matériel médical. Ils ont mis leurs études en pause. Personnellement, j’ai beaucoup de mal à valider mes examens et mes stages car on a la tête ailleurs et qu’on est inquiets. C’est dur de faire comme si tout allait bien.
Qu’est-ce qui a changé depuis quatre mois ?
J’ai l’impression que plus on avance, moins on arrive à dialoguer. Pour beaucoup d’étudiants, il faut être soit d’un côté, soit de l’autre. On ne peut pas réussir à condamner les agressions du Hamas et les attaques du gouvernement israélien. Pour moi, c’est une vraie régression par rapport à la situation d’il y a quelques mois. J’espère qu’on arrivera à retrouver un dialogue, sans dénigrer tout un peuple.
Vous échangez entre étudiants sur ce sujet ?
On essaye de se retrouver au minimum une fois par semaine, de faire un cercle de parole, pour échanger sur ce que chacun ressent. On connaît beaucoup de personnes qui ont de la famille ou des amis qui sont dans l’armée ou qui ont perdu un proche. Il y a aussi des étudiants qui connaissaient des otages. On voulait montrer qu’on était également là pour eux.
Vous vous investissez à votre manière dans ce conflit ?
On a fait des manifestations, on a collé le visage des otages, on a organisé une conférence sur le conflit avec un historien. On essaye par tous les moyens de sensibiliser pour maintenir une certaine pression médiatique et politique. Je me suis moi-même rendu au Parlement européen pour discuter avec des députés.
Comment voyez-vous la suite ?
Personnellement, j’ai toujours beaucoup d’espoir pour que les otages soient libérés et que les tensions se calment. Néanmoins, quand j’entends, dans des manifestations à Strasbourg, que c’est Israël qui a organisé l’attaque 7 octobre pour trouver une excuse pour attaquer Gaza, on se demande où nous avons raté le coche dans le partage d’informations sur le conflit. Il y a une masse de publications sur les réseaux sociaux qui n’est pas vérifiée.
Malgré cette tension, j’espère qu’on arrivera à organiser un jour des ateliers avec les étudiants, collégiens et lycéens, pour partager des connaissances historiques et repartir sur de meilleures bases pour vivre ensemble.
Propos recueillis par Milan Derrien
Édité par Lisa Delagneau
La fiction à la rescousse de la réalité
Direction les Etats-Unis, quasi dans la foulée. L’actrice, nommée à trois reprises aux César avant ses 20 ans, laisse derrière elle une carrière qui s’annonçait brillante. Outre-Atlantique, elle tourne. Un peu. Dans des films indépendants, qui passent sous les radars. Elle élève ses deux enfants, qu’elle a eus avant de partir d’un autre compagnon, vivote grâce à l’argent de la vente de son appartement parisien. De temps en temps, elle rentre en France le temps d’un second rôle, comme pour L’Auberge espagnole (2002) ou Potiche (2010). Puis un peu par surprise, la quinquagénaire réapparaît en France avec sa série, Icon of French Cinema, qu’elle présente au Festival du film américain de Deauville en septembre dernier.
Inspirée de sa vie, la série raconte l’histoire de son alter ego, ancienne actrice à succès, partie tenter sa chance à Hollywood puis revenue à ses premiers amours. Le retour est difficile, surtout que sa fille (qui joue son propre rôle) tombe amoureuse de son chorégraphe, de trente ans son aîné. Des souvenirs ressurgissent. Elle aussi, elle était avec un homme plus âgé. Une relation toxique, déroulée devant les yeux d’un public gentiment choqué par la transgression d’un tabou : l’amour entre un adulte et une enfant.
Impossible de parler de l’homme de jean vêtu, (peut-être pour faire référence à la pub Levi’s qu’il a réalisé à la fin des années 90), carrément hipster, sans parler de son style cinématographique. Un style unique, rempli d’absurdité, inspiré de l’univers onirique de Luis Bunuel et l’écriture de Bertrand Blier. Quentin Dupieux est aujourd’hui le seul à pouvoir réaliser un film sur un pneu serial killer dans Rubber, conter l’histoire d’une mouche géante dans Mandibules ou imaginer un long-métrage sur une veste en daim qui fait que dès qu’on la porte, on tue des gens dans Le Daim. On se demande alors si Quentin Dupieux est juste complètement fou ou si c’est un génie absolu.
Un réalisateur versatile
Toujours est-il que le fils du garagiste de Laurent Garnier, le chouchou des DJ français, ne fait jamais rien comme tout le monde. Son cinéma est un cinéma où un truc déconne toujours et c’est sûrement pour ça qu’on l’adore ou qu’on le déteste. Chez lui, un dialogue se crée entre fiction et réalité. Même s’il puise ses références partout, d’Orange Mécanique aux Power Rangers (forceeeeee bleueeeee), ce qui caractérise la « Dupieux touch » est son renouvellement permanent. Du teen-movie dans Steak, au serial-killer en chair et en daim ou en caoutchouc, du buddy-movie dans Mandibules, jusqu’au polar à l’ancienne dans Au poste! : il aborde tous les genres.
Il faut dire aussi que le mec est présent sur tous les fronts (scénariste, chef opérateur, monteur, réalisateur et parfois compositeur) tout en restant fidèle à son côté artisanal, presque amateur mais totalement maîtrisé. Le scénario ? Volontairement simpliste, avec plein d’onomatopées. Les effets spéciaux ? Fait maison. Le son ? Facile pour un mec bien installé dans le monde de l’électro à côté des Daft Punk. Malgré une écriture serrée qu’il s’impose (comptez 1h17 pour Daaaaaali) qui ne l’empêche pas d’être hyper créatif. Peut-être un chouïa trop. On risque de nous perdre en chemin. Mais c'est aussi ça Dali, pardon… Dupieux.
Azilis Briend
Édité par Eva Pontecaille
Même si elle avait déjà pris la parole en 2017 contre le producteur américain Harvey Weinstein, Judith Godrèche affirmait le 10 janvier au Parisien que cet extrait « évoque des choses que je n’ai pas encore réussi à formuler à moi-même, et ça montre que je ne suis pas libérée. » Sa plainte pour « viol avec violences » ne serait qu’une étape avant la poursuite de sa prise parole. Elle promet dans sa lettre ouverte : « J’ai décidé d’être à la hauteur [...] quelle que soit la cruelle absurdité de ce vécu que je vais exposer au monde. »
Mina Peltier
Édité par Célestin de Séguier
« Je vais tous les jours au travail avec mon chien alors je suis contente parce que c’est bien plus pratique », s’enthousiasme Élisa à la sortie du tramway, place Kléber. Depuis le 6 février, la Compagnie de transports strasbourgeois (CTS) a définitivement autorisé la montée des chiens dans le réseau de tramway, à l’issue d’une phase d’expérimentation qui a débuté en juillet 2023.
Les animaux doivent néanmoins voyager muselés ou, pour ceux de plus petite taille, transportés dans un « panier fermé ». Une décision judicieuse pour Élisa : « Peut-être que cela permet de rassurer les usagers, surtout que les gens ont tendance à caresser les animaux sans demander la permission au propriétaire, donc la muselière permet aussi d’éviter certaines mauvaises réactions de la part de l’animal. »
Plusieurs mois de dressage nécessaires
Quelques stations plus loin, Élise promène Marcel le long de la ligne D. Si elle se réjouit de pouvoir emmener son chien dans les transports en commun, elle refuse de lui imposer la muselière : « J’ai déjà voyagé avec lui avant que ce soit autorisé et je sais qu’il n’est pas dangereux, donc je ne veux pas le museler. Par contre, je prendrai un contenant avec moi pour le mettre dedans si c’est nécessaire. » Elle regrette de devoir payer « les frais de ceux qui sont incivilisés ».
Le choix de la muselière, Émilie Simon l’a fait à contre-cœur, même si sa chienne la portait déjà pour prendre le train : « Quand on sait que son chien n’est pas dangereux, c’est difficile de le voir avec une muselière. Souvent, ils en ont peur parce qu’ils ne sont pas habitués. » Près de deux mois de dressage avaient été nécessaires pour faire accepter l’accessoire à sa chienne.
Des muselières en rupture de stock
Vendeuse dans le magasin spécialisé Maxi Zoo, elle constate que de nombreux clients ont aussi besoin de conseils pour réussir à habituer leur chien à ce nouvel équipement : « D’abord, on leur recommande une muselière en tissu avec laquelle le chien est moins embêté puisqu’il peut boire ou manger, tout en étant tranquille au niveau de la réglementation », précise-t-elle. « Ensuite, pour que le chien surmonte sa peur, on pose la muselière par terre et on met des friandises tout autour. Une fois qu’il s’en approche, il faut mettre les friandises dedans, comme ça, le chien y passe sa tête de lui-même », explique-t-elle. Une technique qui demande du temps.
Mais il faut croire que les usagers sont nombreux à faire le choix de mettre une muselière à leur animal. L’enseigne Maxi Zoo constate une augmentation des ventes sur la plupart des modèles. Certains sont d’ailleurs en rupture de stock. « On a du mal à pallier la demande qui est fluctuante », précise Émilie Simon.
Pauline Beignon
Édité par Adélie Aubaret