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Deuxième ville du pays, Banja Luka, ancien bourg de province, est devenue depuis la fin de la guerre, la capitale de la Republika srpska. Milorad Dodik, premier ministre de l'entité serbe, conduit sa métamorphose . Son objectif : concurrencer Sarajevo, capitale  de la Fédération et de la Bosnie-Hezégovine.

 

 

 

Quelques kilomètres plus loin, certains villages s'en sortent un peu mieux. Kozarac, petite enclave bosniaque en Republika srpska, a subi des nettoyages ethniques en 1992. Pourtant aujourd'hui, beaucoup d'habitants sont revenus et la ville a pu se reconstruire grâce à la diaspora.

 

Dans la tour ultra-moderne du gouvernement qui surplombe Banja Luka, capitale de la Republika srpska, le Premier ministre Milorad Dodik reçoit comme un chef d'Etat. Officiellement, la RS n'est que l'une des deux entités constitutives de la Bosnie-Herzégovine. Mais s'il y a une personnalité qui rayonne sur la scène internationale, c'est bien Dodik, l'homme le plus puissant et le plus influent de tout le pays. Celui qui contrôle tout chez lui. La politique. L'économie. Les médias.
Pour la première fois, la Bosnie est dotée d'une personnalité forte. Ce n'est pas un hasard si elle a émergé en RS et pas en Fédération. La première est aussi unitaire que la seconde est décentralisée. Le pouvoir s'y concentre dans une figure charismatique,  personnification de l'entité, à laquelle les gens s'identifient fortement. Situation inenvisageable en Fédération, fragmentée en dix cantons aux compétences élargies. Avec l'arrivée de Dodik, d'abord placé au pouvoir par la communauté internationale après la guerre, la RS est devenue un Etat dans l'Etat. Quand le Premier ministre menace d'appeler à un référendum sur la sécession , les Serbes de Bosnie applaudissent. Le chantage, chacun le sait, est rodomontade, mais il  s'inscrit dans le leitmotiv de l'homme fort du pays : protéger la population serbe d'un mariage forcé avec l'autre entité.

Fanny Holveck

Rester ou retourner

Le conflit de 1992 a obligé un habitant sur deux à quitter son logement. Aujourd’hui, malgré la politique d’aide au retour, il reste 117 000 déplacés entre la Republika srpska et la Fédération croato-bosniaque.

15 ans de convalescence

Sarajevo est une ville essoufflée. La capitale de Bosnie-Herzégovine a vu fondre sa population de
525 000 habitants en 1991 à 430 000 aujourd’hui. La guerre a fait perdre une génération, et le tissu industriel qui employait 200 000 personnes avant les combats est aujourd’hui laminé.
Les accords de Dayton ont arrêté la guerre mais introduit la confusion administrative. Le territoire de Sarajevo est aujourd’hui partagé entre quatre municipalités - Centar, Stari Grad, Novi Grad, Novo Sarajevo. Le canton de Sarajevo a la haute main sur l’urbanisme, mais peu d’argent, avec un budget annuel de 30 à 40 millions de KM (15 à 20 millions d’euros). Les planifications urbaines sont mises à mal par les maisons construites sans permis et de riches bâtisseurs improvisés.
Les accords de Dayton ont aussi coupé la ville en deux. Sarajevo-Est, la partie de la capitale située sur le territoire de la Republika srpska, se développe, avec ses 100 000 habitants, contre 16 000 au début du conflit. Les jeunes y sont attirés par les logements bon marché, et les centres commerciaux poussent sur les friches. Il y a quinze ans, Sarajevo était assiégée. Beaucoup de coins de rue en témoignent : musulmans, croates, serbes, mixtes, civils ou militaires, environ 120 cimetières émaillent le paysage. Beaucoup n’existaient pas avant la guerre. Quinze années sont passées, et le temps n’a pas encore souillé la blancheur des tombes.

Julien Lemaignen

Sarajevo, mon amour blessé

Dessinée au gré des invasions, la capitale déconcerte par son foisonnement de styles architecturaux. Du vieux centre ottoman aux bâtisses de l’époque austro-hongroise, chaque quartier porte la marque de l’histoire mais aussi ses blessures. Souvenirs du siège, immeubles détruits, afflux de réfugiés : les bouleversements provoqués par la guerre laissent les Sarajéviens sans repères.

Anne Cagan
Mersiha Nezic


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