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Par : Annika Schubert

Depuis les années 1990, pour soutenir la création d’emploi en France et pour résorber le chômage, les gouvernements français respectifs ont fait le choix de mettre en place des dispositifs encourageant la demande dans le secteur des services à la personne (femmes de ménage, garde d’enfants, repassage, soins à des personnes âgées). En faveur des particuliers employeurs, ces dispositifs toujours existant à nos jours consistent en des avantages fiscaux, des allègements de cotisations sociales, des chèques service subventionnés, la simplification des procédures administratives d’embauche et l’assouplissement de la réglementation du travail dans le secteur des services à la personne. En France, 1,23 million de salariés soit 5,5 % de l’emploi salarié total exercent des activités de service à la personne. Certes, cette stratégie du gouvernement français envisage de renforcer l’emploi des moins qualifiés, de réduire le travail au noir et de répondre aux nouveaux besoins sociaux (vieillissement de la population, accroissement de l’emploi féminin, absence ou insuffisance de services de garde d’enfants etc.), mais elle engendre en même temps une polarisation de la société et crée des inégalités entre classes sociales. Ces dispositifs fiscaux profitent avant tout aux ménages les plus aisés, car ces-dernies, travailleurs plus qualifiés et productifs sont ainsi libérés des tâches domestiques non productives. Il n’est cependant pas pris en compte que ces politiques de soutien aux services domestiques engendrent un gouffre entre ceux qui les consomment et ceux qui les fournissent ; en allant plus loin, donc entre les personnes qui achètent ces services et les personnes qui les consomment. Les personnes travaillant dans le secteur des services à la personne, sont-elles conscientes de ce phénomène ? Et dans quelles conditions travaillent-elles ? Dans ce podcast plusieurs femmes de ménage travaillant dans les alentours de Mulhouse et de Strasbourg vont partager leur expérience de ce métier.

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Evely habite dans un petit appartement à Mulhouse, son loyer s’élève à 450 euros par mois. Avec les heures de ménage qu’elle fait elle gagne 130 euros par semaine. Mais seulement quand aucun de ses employeurs n’annule un rendez-vous. Elle n’a pas seulement travaillé en tant que femme de ménage chez des particuliers mais aussi dans des hôtels.

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Malgré les inconvénients que ce travail lui apporte, voit aussi des avantages.

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Avant de venir en France, elle a vécu au Portugal. Au Brésil d’où elle est originaire, elle n’a pas poursuivi de formation professionnelle. Là-bas, le monde professionnel suit un autre mode de fonctionnement.

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Pour Doris il était difficile de partir en vacances. Quelques-uns de ses clients l’appelaient même pendant ses journées de congés. Ils se sentaient seuls ou n’étaient pas contents avec leur remplaçante. Difficile pour Doris de garder une distance émotionnelle. Pour ses clients elle était une personne de confiance.

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Bibliographie

  • Charbonnier Clément, Morel Nathalie, Le retour des domestiques, Éditions du Seuil et la République des Idées, 2018
  • Devetter François-Xavier, Rousseau Sandrine, Du balai. Essai sur le ménage à domicile et le retour de la domesticité, Raisons d’agir éditions, 2011
     
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