Ce mardi, une commission d’enquête mandatée par l’ONU a conclu qu’Israël commettait un « génocide » dans la bande de Gaza. Pour l’Union européenne, il est grand temps de sanctionner massivement Israël.
Une commission d'enquête de l'ONU a qualifié de génocide les actes d'Israël dans la bande de Gaza. © Jaber Jehad Badwan
L’armée israélienne a lancé une nouvelle offensive sur Gaza-ville, cité exsangue, aux trois-quarts rasée, vidée d’une partie de ses 700 000 habitants. Les Palestiniens qui restent n’ont plus la force de fuir, épuisés par deux ans d’opérations militaires israéliennes. Celles-ci sont désormais qualifiées de génocide par une commission d’enquête de l’ONU, un terme que de nombreuses organisations internationales comme Amnesty ou Human Rights Watch utilisaient déjà.
Que peut l’Union européenne, compétente en matière de sanctions internationales ? Depuis le massacre du 7 octobre, la Commission est passée d’un soutien inconditionnel à une complaisance coupable, avant de hausser la voix face aux preuves de plus en plus accablantes de crimes de guerre.
Des États membres, dont la France, se sont engagés dans un processus de reconnaissance de la Palestine, qui devrait aboutir lors de la prochaine assemblée générale de l’ONU, la semaine prochaine. Ce mercredi, l’exécutif européen s’est donc enfin décidé à aller plus loin : la présidente Ursula von der Leyen propose d’augmenter le coût d’importations sur certaines marchandises en provenance d’Israël et de sanctionner les ministres Bezalel Smotrich, chargé des finances, et Itamar Ben Gvir, chargé de la sécurité nationale.
Cette avancée est salutaire, mais elle reste trop marginale. Premier partenaire commercial de l'État hébreu, l’Union européenne aurait le pouvoir sur l’économie israélienne. Sur le modèle des rétorsions appliquées à la Russie ou à l’Iran, la Commission pourrait aussi geler les avoirs d’hommes d’affaires ou de responsables politiques israéliens qui encourageraient les opérations militaires israéliennes. Des sanctions dirigées vers l’ensemble du gouvernement israélien, et non vers deux ministres, seraient aussi pertinentes.
Mais pour que de telles mesures puissent être appliquées, il faudrait obtenir une majorité qualifiée auprès des États membres, une gageure au vu des positions des gouvernements allemand et italien ou du Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui s’aligne sur la politique pro-israélienne de l’administration Trump.
Augustin Brillatz
Edité par Laura Perrusson