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Strasbourg pour un "engagement critique" avec Moscou


15 mars 2012

Le Parlement européen a critiqué jeudi le scrutin présidentiel en Russie mais considère indispensable la poursuite du dialogue avec ses dirigeants.

 

Crédit photo: Anastasia Sedukhina

 

Dans une résolution moins ferme que prévu, adoptée à main levée, les députés européens ont dénoncé les manquements et les irrégularités commises lors des élections présidentielles en Russie le 4 mars, qui se sont terminées par le victoire de Vladimir Poutine au premier tour avec 63,6% des suffrages. Ils ont qualifié le scrutin de « ni libre, ni équitable », et demandé qu'il fasse l'objet d'analyses « détaillées et transparentes ».

Pas question, pour autant, de réclamer des sanctions. Tous les députés ont convenu que la Russie est un partenaire indispensable de l'UE et qu'il ne faut pas négliger ce qui s'y passe. Ils ont donc invité les dirigeants russes à mettre en œuvre les reformes politiques, tout en condamnant l'arrestation de dizaines d'opposants dans toute la Russie pendant les manifestations.

 

La résolution insiste sur la nécessaire simplification des règles régissant l'enregistrement des partis politiques, une autre reforme importante étant le retour à l'élection directe des gouverneurs de région – nommés par le pouvoir depuis 2004. Le président Dimitri Medvedev, qui reste en poste jusqu'au mai, avait promis en décembre ces réformes du système électoral. Strasbourg dit espérer que  Vladimir Poutine, soit « disposé à (les) faire avancer ».

 

Les députés, saluant le réveil de l'opposition en Russie, sans précédent depuis les années 1990, soulignent que l'UE « est prête à coopérer » avec Moscou pour améliorer le respect des droits de l'Homme et des droits fondamentaux ainsi que pour assurer la réalité d'un état de droit indépendant en Russie.
 

« Le message que nous voulons lancer est que la Russie s'engage dans une nouvelle voie. » avait résumé  l'autrichien Hannes Swoboda (S&D), auteur de la résolution, lors du débat précédant le vote.

 

L'Espagnole José-Ignacio Salafranca (PPE) a évoqué l'URSS à propos du déroulement du scrutin, tout en appelant à la poursuite le dialogue.

 

Seule la  député estonienne Kristiina Ojuland, s'exprimant pour l'ADLE a appelé le Parlement européen à ne pas reconnaître la délégation de la Douma (chambre basse) russe, à rompre avec les relations habituelles et à insister pour de nouvelles élections afin de forcer les réformes. Quant à l'allemand Helmut Scholz (GUE/NGL), il a appelé à « soutenir la population civile. »

 

Deux représentants de l'opposition russe, le champion d'échec Garry Kasparov et l'ancien premier-ministre Mikhaïl Kassianov avaient été invités à s'exprimér lors de la session. Si Kassianov table sur un scénario optimiste », ne laissant que « deux à cinq ans » au régime pour céder la place, Kasparov penche pour la version « pessimiste », estimant que « les dernières gouttes de liberté » vont être supprimées, comme en témoignerait la nouvelle vague d'arrestations qui a suivi le scrutin présidentiel.

 

Anastasia Sedukhina


 

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