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L'actu du jeudi en bref : droits humains, Afrique et guerre en Ukraine


05 mai 2022

Chine, Turquie, Cambodge : le Parlement européen dénonce des atteintes aux droits humains

« C’est la loi de l’offre et de la demande, tout s’achète et tout se vend au pays du parti communiste chinois », s’est insurgé l’eurodéputé Raphaël Glucksmann (S&D, sociaux-démocrates) au sujet des accusations de prélèvement forcé d’organes en Chine. Dans une résolution, les parlementaires ont estimé que cette pratique consistant à prélever des organes sur des prisonniers, notamment sur des adeptes du Falun Gong et la communauté ouïghoure, peut constituer un crime contre l’humanité. À ce titre, ils ont exhorté le gouvernement de Xi Jinping à se saisir du sujet et à autoriser des enquêtes indépendantes. 

Dans deux autres résolutions distinctes adoptées le même jour, le Parlement européen a condamné des atteintes aux droits humains en Turquie et au Cambodge. Ils ont exhorté les autorités turques à libérer Osman Kavala, opposant au régime politique du président Recep Tayyip Erdoğan, condamné à la perpétuité pour « tentative de coup d’État » le 25 avril dernier. S’agissant du Cambodge, les eurodéputés ont adressé leur soutien aux membres de l’opposition victimes d'intimidation et de harcèlement et appelé le gouvernement et les forces de l’ordre à mettre un terme à cette répression.

La menace russe plane sur l’Afrique occidentale et sahélienne

« Il faut dire qui est responsable de cette situation, c’est la Russie ! C’est elle qui envoie les mercenaires Wagner dans ces pays », s’exclamait Michael Gahler (PPE, droite). Mercredi 4 mai, les députés européens se sont réunis pour débattre sur les menaces pour la stabilité, la sécurité et la démocratie au Sahel et en Afrique occidentale. S’ils ont passé en revue les différents facteurs de déstabilisation dans la région, c’est bien la Russie et le groupe Wagner qui sont ressortis des débats comme étant les principaux responsables des maux de la région. En proie aux attaques terroristes, la situation sécuritaire se dégrade dangereusement au Sahel.

Au Mali, la junte au pouvoir vient de dénoncer les accords de défense signés avec Paris et ses alliés européens. Alors que le retrait des troupes françaises du pays se poursuit, des mercenaires russes du groupe Wagner ont été filmés en train d’enterrer des corps dans le sud du pays, il y a deux semaines. Pour l’armée française, ce serait une manière d’accuser les soldats français de laisser des charniers derrière eux, et d’attiser ce sentiment anti-européens croissant qui règne au Sahel. L’eurodéputé Nathalie Loiseau (Renew, Libéraux) s’en est indignée : « Des civils assassinés, des cadavres manipulés, c’est cela Wagner au Mali. »

L’UE se mobilise pour soutenir les secteurs du tourisme et des transports

« Le secteur du transport connait depuis deux mois de grandes difficultés liées notamment au ralentissement forcé de l’activité des aéroports, des ports. Nous devons y répondre avec force et solidarité ». C’est par ces mots que la commissaire européenne aux affaires intérieures Ylva Johansson a exhorté les députés européens à voter une résolution validant la création d'un plan d’actions, qui doterait l’UE de ressources suffisantes à la mise en place d’aides pour les entreprises du secteur du tourisme et des transports, particulièrement impactées par la guerre en Ukraine.

Ce plan se matérialise par un fonds alimenté par l’ensemble des pays membres, ainsi que des abattements fiscaux et une prorogation des échéances de paiement. La commission demande par ce vote que le parlement agisse dans la continuité de ce qui a déjà été validé depuis le début du conflit, notamment une plus grande souplesse en matière de transports routiers avec la suppression des obligations de péages, un allongement du temps de conduite des chauffeurs poids lourds, et un contrôle aux frontières allégé.

UE-Moldavie : les eurodéputés envoient un signal politique fort

Le Parlement a souhaité envoyer un message politique à Chisinau, en saluant les nombreux efforts européens de la Moldavie, pays candidat à l’adhésion.

Cet état d’Europe centrale a accueilli depuis le début de la guerre en Ukraine plus de 400 000 réfugiés, « plus que n’importe quel autre pays de l’UE, si on rapporte ce chiffre à sa population », a rappelé l’eurodéputé roumain Mureşan Siegfried (PPE, droite). Largement saluée par l’ensemble des parlementaires, la solidarité du peuple moldave a été interprétée comme un signal d’adhésion à « l’esprit de l’UE ». « À travers ses citoyens, le pays a rendu claire son ambition européenne et a eu le courage d’assumer ses valeurs européennes dans une situation politique qui menace sa sécurité nationale », a tenu à souligner Tudorache Dragoş (Renew, libéraux). Il a ainsi rappelé les explosions qui ont secoué l’enclave moldave pro-russe de la Transnistrie, le 25 avril. 

Dans ce contexte, les eurodéputés ont enjoint la Commission à accélérer son évaluation sur la demande d’adhésion. « Nous souhaitons que l’avis soit donné très rapidement au Conseil » , a déclaré Picula Tonino (S&D, sociaux-démocrates). « La Commission s’est fixée l’horizon des 24 et 25 juin prochains », a précisé le commissaire Olivér Várhelyi.

Sur fond de scandale, deux nouveaux membres à la Cour des comptes

Les députés ont voté la nomination de deux nouveaux membres : le Chypriote Lefteris Christoforou et le commissaire maltais George Marius Hyzler. Ce vote s’inscrit dans le cadre d’un renouvellement partiel de l’institution, composée de 27 membres. Les deux nouveaux hauts-fonctionnaires sont élus pour un mandat de 6 ans, et prendront leurs fonctions à l’automne 2022. Avec leurs 25 collègues, ils auront pour mission d’examiner toutes les dépenses et recettes de l’Union européenne.

Cette nomination intervient sur fond de scandale financier. Depuis la publication d’une enquête de Libération en novembre, un tiers des membres de l’institution, dont son président Klaus-Heiner Lehne, sont soupçonnés de fraudes et usages peu éthiques des deniers publics (abus sur les notes de frais, indemnités logement exorbitantes...). Si M. Lehne considère ces accusations comme « non-fondées », plusieurs députés, comme Isabel García Muñoz (S&D, sociaux-démocrates), souhaitent qu’une enquête approfondie sur cette affaire soit lancée.

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