10 mai 2016
Lundi 9 mai, l'ouverture de la session plenière du Parlement européen à Strasbourg a coïncidé de manière exceptionnelle avec la journée de l'Europe. A cette occasion, Martin Schulz, le président de l'institution, a tenu un discours d’ouverture volontariste dans lequel il a insisté sur la principale faille de l’Union européenne : l’absence de solidarité.
« Ce sera une séance un peu solennelle et un peu festive », a déclaré Martin Schulz à l’occasion de la journée de l’Europe, le 9 mai. Dans un discours d’ouverture d’environ 30 minutes, ponctué d’un interlude musical par quatre musiciens du conservatoire de Strasbourg, le président du Parlement européen a tenté de redonner foi aux députés dans les valeurs de l’Europe.
Dès le début de sa déclaration, Martin Schulz a mis en avant les préoccupations actuelles de l'Union européenne : « L’Europe vit une période agitée et est peut être à l’aube d’une fracture » a-t-il énoncé en faisant allusion à la crise de la zone euro et au référendum britannique. Il a poursuivi : « C’est pour cette raison qu’elle a besoin d’hommes courageux ». Selon lui, les citoyens européens doivent s'inspirer des nombreuses personnalités qui ont ces derniers mois plaidé pour davantage de solidarité au sein de l’UE. Parmi elles : Denis Mukwege (gynécologue congolais, militant pour les droits de l'homme et prix Sakharov 2014), Muhammadu Buhari (le président nigérian) et Toomas Hendrik Ilves (le président estonien).
Martin Schulz a surtout cité le pape François, qu'il a rencontré le 5 mai pour la remise du prix Charlemagne, un prix récompensant les « grandes figures » œuvrant pour l’unification européenne. Le président du Parlement a alors réitéré la question du pape lors de sa rencontre avec lui : « Mais qu’est-il arrivé à l’Europe solidaire ? »
« Il faut approfondir ce qui nous unit »
Martin Schulz a dressé un bilan de la crise de solidarité en Europe : « L’esprit européen ne trouve plus un soutien sans faille car nos valeurs sont ébranlées ». Une défiance croissante envers les institutions européennes qui est née de la multiplication des crises ces dernières années, notamment dans les domaines économiques et migratoires, et qui s'est traduite par une montée des partis nationalistes dans plusieurs Etats membres.
Pour le président du Parlement européen, la solution est de « se battre pour l'Europe ». Martin Schulz s'est projeté vers l’avenir avec volontarisme : « Il est temps de lutter pour l'Europe, pour le modèle de la démocratie transnationale et non pas nous taire et nous aplatir », a-t-il affirmé avant de continuer : « L’Europe se construit dans la solidarité et dans l’action. Il est temps de relever le défi ! ».
Si le discours s'est terminé dans l’espoir, avec une assemblée majoritairement enthousiaste devant l’Ode à la joie jouée par les musiciens, il n'a pas pour autant fait l'unanimité. Les députés eurosceptiques ont ainsi refusé de se lever durant le final musical, laissant transparaître une fois encore la désunion de l’Europe…
Antoine Defives