11 mai 2016
Mardi 10 mai, le Parlement européen a invité la Commission à prendre rapidement de nouvelles mesures pour lutter contre le chômage des jeunes dont le taux a atteint les 19% en moyenne au sein de l'Union européenne en mars 2016.
« Il n'y a pas d'avenir pour l'Europe si elle ne peut assurer le futur de ses jeunes », a déclaré l'eurodéputée Maria João Rodrigues (S&D, sociaux démocrates) au cours d'un débat au Parlement européen mardi 10 mai. Les élus ont interpellé la Commission sur les questions de la croissance économique et de l'emploi des jeunes.
En 2013, les institutions européennes avaient adopté une directive dite « garantie jeunesse » dans le but d'inciter les Etats membres à fluidifier la transition entre la fin du cursus scolaire et le monde du travail pour les moins de 25 ans. La Commission européenne avait alors débloqué 6 milliards d'euros pour les encourager à mieux aider les jeunes sans emploi, sans formation et sans apprentissage. L'objectif du programme était que, dans les 4 mois suivant le fin de leurs études, ils puissent tous se voir proposer soit une offre d'emploi, soit une nouvelle formation, soit une possibilité d'accéder à des études supérieures.
Les disparités subsistent
Trois ans après l'adoption de cette directive, force est de constater que son application laisse à désirer. Tout d'abord, le taux de chômage des moins de 25 ans est toujours très élevé au sein de l'UE, à 19% en mars 2016 contre « seulement » 8,8% pour l'ensemble de la population active. Par ailleurs, les disparités entre les Etats membres restent fortes. En Allemagne le taux du chômage des jeunes s'élève à 6,9%, contre 51,9% pour la Grèce. Enfin, tous n'ont pas été en mesure de mettre en oeuvre la garantie jeunesse. C'est par exemple le cas de Chypre. Pour le député chypriote Neoklis Sylikiotis (GUE, gauche radicale) « s'il n'y a pas de dépense publique il ne peut pas y avoir de programme. Pour que la garantie soit utilisée, il faut qu'il y ait des investissement privés. »
Le député allemand Thomas Händel (GUE, gauche radicale) affirme que la meilleure solution pour relancer la croissance est de mettre un terme à la politique d'austérité. Un rapport sur la mise en œuvre de la garantie jeunesse est attendu pour octobre prochain afin d'évaluer si un financement supplémentaire devra être proposé à la fin de l'année.
La plupart des eurodéputés se rejoignent pour considérer que des réformes structurelles sont nécessaires pour remédier au chômage des jeunes. Ils évoquent notamment une augmentation des crédits en faveur des jeunes, la mise en place de programmes d'investissement pour créer de l'emploi dans les Etats membres et ils insistent sur la formation et la qualification des jeunes.
La garantie jeunesse n'est pas suffisante
Beaucoup partagent l'avis de l'irlandaise Marian Harkin (S&D, sociaux-démocrates) pour qui la garantie jeunesse n'est pas suffisante. Elle ne s'inscrit pas dans la durée et n'est qu'une solution temporaire, estime-t-elle. L'eurodéputée juge que cette politique européenne doit être relancée, prolongée et soutenue financièrement pas l'Union.
« L'Union européenne ne peut pas révolutionner l'emploi des jeunes parce que ses compétences sont limitées, souligne-t-on dans l'entourage de la député française Françoise Grossetête (PPE, centre-droit). La situation de l'emploi des jeunes ne s'améliorera qu'avec un retour de la croissance et la mise en œuvre d'un certain nombre de réformes qui ne dépendent pas directement de l'Union européenne. »
Mélanie Kuszelewicz