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Le Parlement européen dénonce les violations des droits de l’homme à Djibouti


12 mai 2016

Jeudi 12 mai, le Parlement européen a voté une résolution sur les droits de l’homme à Djibouti. Une première pour ce petit pays de la corne de l’Afrique.

L’Europe, porte-parole des droits de l’homme, ce n’est pas une nouveauté. Jeudi 12 mai, le Parlement européen a voté pour la première fois une résolution d’urgence sur Djibouti. En avril dernier, son président, Ismaïl Omar Guelleh, a été réélu pour un quatrième mandat avec 87% des suffrages. « Une mascarade électorale » dénoncée par l’eurodéputée française Marie-Christine Vergiat (GUE, gauche radicale), membre de la sous-commission droits de l’homme. « Même l’Union africaine a émis des doutes quant à la régularité de l’élection », ajoute-t-elle.

Le climat de répression qui a entouré l’élection présidentielle inquiète les parlementaires européens. « Il faut arrêter de considérer Djibouti comme une ancre de stabilité dans la région. Il faut faire tomber la chape de plomb qui pèse sur le pays », clame Marie-Christine Vergiat. La résolution d’urgence du Parlement veut interpeller sur la situation d’un pays « qui cultive la répression », selon l’eurodéputé britannique Charles Tannock (ECR, conservateur). En cause, la mort de 37 opposants le 22 décembre 2015, pour laquelle les eurodéputés exigent une enquête internationale.

Une résolution non-contraignante

Initiées directement par les eurodéputés, les résolutions d’urgence sont consituées de l'assemblage de plusieurs propositions des groupes politiques, et ont pour objectif de déboucher sur un texte unique. Un but souvent atteint, car il y a un consensus sur ces questions et un attachement de l’UE aux droits de l’homme. Mais ces résolutions sont non-contraignantes et revêtent au mieux une valeur symbolique. « Elles peuvent paraître dérisoires de l’extérieur, admet Marie-Christine Vergiat, mais elles constituent un signe très important pour les personnes qui luttent sur place. Les résolutions s’appuient sur des exemples précis qui permettent de débloquer des situations et de faire libérer des opposants ».

Concernant Djibouti, l'eurodéputée française juge que « cette résolution est en soit une révolution ». Mais une révolution sans effets directs à part interpeller les institutions européennes sur le sujet. Ces dernières ne semblent d’ailleurs pas enclines à réviser les rapports de l'UE avec Djibouti.

Les eurodéputés ont notamment demandé la réévaluation des 105 millions d’euros d’aides européennes que le pays reçoit chaque année. Un élément non repris dans les conclusions de la commissaire à la justice, Vera Jourova, qui a rappelé l’importance du partenaire djiboutien dans cette région du monde. Le vote très serré en faveur de la résolution est symptomatique des enjeux stratégiques qui entourent Djibouti. La France et l’Allemagne y ont d’importantes bases militaires. Une géostratégie qui semble reléguer les droits de l’homme au second plan.

 

Guillaume Reuge

 

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