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Droits de l'homme : Nicaragua et Parlement pas sur le même canal


16 février 2017

Le 16 février le Parlement européen a condamné  la répression des activistes environnementaux à laquelle se livre le gouvernement du président Daniel Ortega, et plus précisément celle exercée à l'encontre de Francesca Ramirez. 

Le cas de Francesca Ramirez est symbolique de la détérioration de la situation politique au Nicaragua. Porte-parole du « Conseil National de Défense de notre Terre, Lac et Souveraineté », cette activiste sillonne depuis des mois le pays en camion pour protester contre la construction d'un « second canal du Panama ». Ce canal, voulu par le président nicaraguayen, M. Ortega, devrait traverser, dès 2020, le Nicaragua sur 278 kilomètres, pour relier l'Océan pacifique à l'Océan atlantique. Un projet pharaonique (45 milliards d'euros), piloté par un constructeur chinois, qui s'accompagne de multiples sous-projets, tels qu'un très grand aéroport, deux ports ainsi que de multiples complexes industriels et touristiques.

Pour Francesca Ramirez, ce projet est problématique par les travaux titanesques et le nombre d'expropriation qu'il nécessite. Il constitue selon elle une menace majeure pour l'environnement et les terres des peuples autochtones habitant sur le tracé. Pour la faire taire, le gouvernement de M. Ortega est accusé d'avoir exercé sur elle et son entourage d'importantes pressions policières, et notamment d'avoir confisqué son véhicule sans motif. C'est cette atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales que les eurodéputés ont fermement dénoncé dans leur résolution. Ils ont  profité de l'occasion pour se dire « très préoccupés par la détérioration générale de l'état de droit et de la démocratie au Nicaragua ».

Certains députés auraient voulu aller plus loin. Les députés Les Verts/ALE et EFDD (souverainistes) avaient proposé de soutenir jusqu'au combat même de Mme Ramirez, c'est-à-dire l'arrêt pur et simple du projet de canal. Cette position n'a pas été soutenue. Pas plus que celle du groupe S&D (sociaux-démocrates) qui appelait à la suspension du projet tant qu'une étude d'impact environnementale n'aurait pas été dûment conduite. Si le Parlement européen sait se montrer ferme sur les questions des droits de l'homme, il a plus de mal à l'être sur les questions économiques.

Clément NICOLAS

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