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La liberté de la presse se porte mal au Burundi


12 février 2015

Le Parlement européen a condamné jeudi l’arrestation du journaliste burundais Bob Rugurika le 25 janvier dernier, et « réclame sa libération immédiate et inconditionnelle ». Il s’inquiète par ailleurs du respect des règles électorales par le président Pierre Nkurinziza.

Directeur populaire de la Radio publique africaine (RPA), Bob Rugurika a diffusé l’interview d’un homme qui dit avoir participé au viol et à l’assassinat de trois religieuses italiennes en septembre 2014. Les services secrets burundais y étaient accusés d’être à l’origine de ce triple crime, alors que la police affirme avoir arrêté les responsables. Inculpé  de « violation du secret de l’instruction », « manque de solidarité », « recel de criminel » et « complicité d’assassinat » pour refus de livrer le nom de sa source M. Rugurika est incarcéré depuis janvier au pénitencier de Muramvya. Le 4 février, la justice burundaise a confirmé ces charges et son maintien en détention. Ces accusations pourraient lui valoir vingt ans de prison.

Enjeux électoraux

Strasbourg condamne cette détention « injustifiée » et demande qu’une réelle enquête soit menée sur le meurtre des religieuses.Les eurodéputés demandent également que le Burundi respecte les traités qu’il a signés sur les droits de l’homme et de la presse. Le pays est actuellement à la 142e place du classement mondial de la liberté de la presse 2014.

Mais la liberté de la presse n’est pas la seule question dont se préoccupe le Parlement européen. Des élections législatives et présidentielles approchent. La résolution attire l’attention sur la Constitution, qui ne permet pas au président d’exercer plus de deux mandats. Pierre Nkurinziza, au pouvoir depuis 2005, n’a jamais caché vouloir en briguer un troisième. Un collectif qui regroupe 304 associations de la société civile, lui a d'ailleurs demandé publiquement mercredi de renoncer à se re-présenter.

Sanctions financières ?

Le Burundi, rappelle la résolution, est un partenaire de l’UE qui lui a récemment versé 432 millions pour, entre autres, aider à l’organisation des élections. Le gouvernement est donc appelé à tenir les engagements qui en sont la contrepartie. Pendant les débats, plusieurs députés ont même envisagé des sanctions financières.: « Il ne peut y avoir d’élection libre sans presse libre. Cela remet en cause les 432 millions d’euros versés au Burundi. » a insisté Javier Nart (ALDE), un des auteurs de la résolution.

 

Mathilde Loire

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