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Les basketteurs français et françaises étaient parmi les vedettes des Jeux Olympiques de Tokyo cet été. Les femmes ont décroché le titre de championnes olympiques quand les hommes ont été récompensés d’une médaille d’argent. Lors des Jeux Paralympiques, la situation était bien différente. Aucune des équipes de basket en fauteuil roulant, masculine ou féminine, n’était présente pour cette compétition, faute de qualification.
À Strasbourg, les associations de handisport ressentent cette même disparité. Au niveau amateur, les sportifs en situation de handicap pâtissent d’un manque de visibilité et de soutien. Membre de l’équipe féminine de France de basket en fauteuil pendant les années 2000, Cennet Eryurt dirige à présent l'AS Tours de Roues Énergie Strasbourg. « On a fait autant d’heures que les professionnels, mais à titre lucratif, on n’était pas valorisé. » Elle le reconnait volontiers : le public a un regard de plus en plus positif et curieux sur le handisport. Mais le gouffre avec leurs confrères valides reste immense. « Certes, on a l’aide de la municipalité mais si on veut que le regard public soit au niveau de la SIG [club de basket professionnel de Strasbourg], on a besoin de plus ». Cennet Eryurt pointe également du doigt le manque de médiatisation comme un souci majeur. « Il y a deux clubs de basket en fauteuil à Strasbourg mais ils ne sont pas valorisés, juge-t-elle. Les journalistes ne s’intéressent qu’à la SIG ».
Des charges à assumer
Pour ce type de club sportif, des aides publiques de l’Eurométropole et la région Grand Est sont essentiels. Ces clubs fonctionnent aussi largement à partir de l’investissement de bénévoles. Leur situation financière peut donc vite devenir précaire. Voilà 10 ans que Denis Artz est membre de l’ASHPA (Association Strasbourg handisport passion aventure). Dix ans que cette dernière a toujours été en quête de subventions. Pour l’instant, le budget est équilibré. Mais organiser des déplacements pour les compétitions, parfois sur de longues distances, a un coût. Un seul fauteuil de basket peut par ailleurs revenir à 6 000 euros, voire le double pour un fauteuil sur mesure. « Il faudrait des partenaires privés mais c’est difficile de toucher des entreprises qui veulent être sponsors », déplore Denis Artz.
Les Jeux de Paris en 2024 pourront-ils changer la donne ? Les associations de handisport rêvent d’un regain d’intérêt. « Je l’espère en tout cas », souffle Cennet Eryurt. De son côté, Denis Artz se méfie d’un seul impact à court terme. « On pourra peut-être bénéficier d’aides supplémentaires mais elles pourraient s’effondrer dans la foulée. »
Emilio Cruzalegui
Le président brésilien vient de prendre un décret pour limiter la modération des réseaux sociaux. Très actif depuis ses débuts sur les réseaux et friand de fausses informations, Jair Bolsonaro est accusé par ses détracteurs d'encourager la désinformation, moins d'un an avant les élections.
Le chef d'Etat brésilien aux sept millions de followers sur Twitter et aux quinze millions d'abonnés sur Facebook, Jair Bolsonaro, veut s'attaquer à « la censure » des réseaux sociaux. Face à « la suppression arbitraire et injustifiée de comptes, profils et contenus par les fournisseurs », l'exécutif brésilien aimerait assouplir les règles de modération de ces plateformes. Le décret pris le 6 septembre ne précise pas comment le gouvernement entend contraindre ces géants du numérique.
Du haut de ses 66 ans, Jair Bolsonaro, est loin d'être un millénial mais il est un habitué des réseaux sociaux. Lors de sa campagne en 2018, l'ancien militaire et député a réussi à rassembler des millions d'électeurs par ce biais. Fausses informations, déclarations démagogiques ou insultantes se mélangent aux annonces officielles. Une utilisation des réseaux semblable à celle de Donald Trump. Et tout comme l'ancien président américain, Jair Bolsonaro s'est aussi frotté aux modérations de ces plateformes. En mars 2020, en pleine pandémie, qu'il qualifie de « grippette », il partage des photos et vidéos de lui dans un bain de foule grouillant en train de serrer des mains et d'embrasser ses partisans. Twitter supprime deux de ses tweets, contraires aux consignes de santé publique mises en place. Sur Youtube, c'est une quinzaine de vidéos qui seront supprimées, dont une dans laquelle il compare le Covid-19 au sida.
Qu'il l'utilise pour minimiser la pandémie ou évincer ses détracteurs, les fausses informations représentent un véritable outil politique de « Bolsomito ». Il en vient même a bloqué 176 comptes de journalistes et membres du Parlement en août. Dernièrement, c'est le système électoral par voie électronique qu'il remet en cause sur son compte Twitter. Un moyen de légitimer un potentiel futur échec aux élections présidentielles d'octobre 2022.
Dans ce nouveau décret, le gouvernement entend mettre en place la notion de « juste motif » pour justifier la suppression de contenus ou la suspension de comptes d'utilisateurs. « Son objectif [celui du chef de l’Etat] n’est pas de protéger la liberté d’expression, ce qu’il veut, c’est empêcher que la désinformation et le discours de haine que ses partisans et lui disséminent continuent à être retirés des plates-formes », a réagi Alessandro Molon, député d’opposition et rapporteur du texte encadrant la pratique d’Internet au Brésil.
À l'approche de l'échéance présidentielle, Jair Bolsonaro voit sa cote de popularité dégringoler depuis plusieurs mois. En cause, une gestion calamiteuse de la crise sanitaire avec près de 600 000 morts au Brésil et une crise économique inévitable. Grâce à cette disposition, le président sortant espère user, en toute liberté, de ses outils favoris pour reconquérir les Brésiliens : la démagogie et les fake news.
Iris Bronner
Depuis ce lundi 6 septembre 2021, les étudiants strasbourgeois peuvent venir se faire vacciner gratuitement et sans rendez-vous sur le campus de l’Esplanade.
Des centaines de manifestants ont défilé dans les rues de Kaboul ce mardi afin d’exprimer leur rejet de la mainmise toujours plus grande d'Islamabad sur le pays.
Aux cris de « Liberté » et « Pakistan sort de l’Afghanistan », des hommes et des femmes ne portant pas la burqa ont défilé côte à côte dans la capitale afghane ce mardi.
Des slogans anti-talibans ont été entendus dans ces manifestations, mais la colère semblait avant tout dirigée contre l’influence croissante du voisin pakistanais.
Les protestations ont débuté après l’annonce de la visite du chef des puissants services de renseignement du Pakistan (ISI) à Kaboul. Quelques jours auparavant, après la victoire talibane, le premier ministre Imran Khan avait déclaré que l'Afghanistan avait « brisé les chaînes de l'esclavage » et de nombreux généraux avaient exulté et exprimé ouvertement leur admiration pour les talibans.
Base arrière des talibans
Si la mainmise d’Islamabad est critiquée par les manifestants, c’est parce que le Pakistan a joué un rôle crucial après la défaite des talibans en 2001. Le pays, alors allié des États-Unis contre le terrorisme international, avait pourtant accueilli plusieurs milliers de combattants et permis au mouvement islamiste de perdurer.
Avec la complicité d’une partie de l’appareil d’État pakistanais, le mouvement taliban a pu s’établir dans des villes comme Karachi, et dans la province du Baloutchistan à Quetta. Cette ville est notamment connue pour abriter la choura de Quetta, qui décide des principales orientations politiques générales et stratégiques du mouvement taliban.
Au Waziristan du nord, la région est devenue la plaque tournante pour les combattants talibans afghans et son groupe allié : le puissant réseau Haqqani (associé à al- Qaïda). Différents groupes armés ont pu entrer et sortir d'Afghanistan à volonté sous le regard bienveillant des autorités pakistanaises durant des années.
Ces mêmes positions stratégiques ont été utilisées pour lancer des attaques sur le sol afghan lors de l’offensive éclair ayant conduit à la chute de Kaboul cet été.
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Un triomphe géopolitique
La poignée d’Afghans qui s’inquiète aujourd’hui d’une future emprise pakistanaise sur les affaires intérieures du pays ne pèse pas lourd face aux intérêts qui se jouent entre les deux États. Les forces politiques pakistanaises et le mouvement taliban partagent en effet des intérêts idéologiques.
Plusieurs grands dirigeants talibans actuels ont été formés dans des madrassas pakistanaises, des écoles coraniques, et partagent la vision d’un islam radical, largement répandue dans tout le pays.
Mais la chute de Kaboul aux mains des talibans a surtout entraîné un revirement d’alliance qu’Islamabad souhaite mettre à profit le plus tôt possible.
D’une part le Pakistan a été considéré comme un allié peu fiable par les États-Unis. Mais le pays a néanmoins décidé d'avancer lucidement dans sa stratégie de stabilisation de l'Afghanistan.
Tout espace que les États-Unis cèdent, que ce soit dans leurs relations avec un nouveau gouvernement afghan ou avec le Pakistan, sera occupé principalement par la Chine, et dans une certaine mesure par l'Iran et la Russie.
Le Pakistan estime quant à lui qu’il est impératif qu’un gouvernement favorable à ses intérêts soit établi sur le territoire afghan, afin de peser sur le conflit indo-pakistanais.
En effet, le Pakistan accuse son grand rival indien de chercher à exploiter ses divisions ethniques et linguistiques à l’Ouest pour déstabiliser le pays. Les bonnes relations de l'Inde avec le gouvernement de l'ancien président afghan Ashraf Ghani n'ont rien fait pour apaiser cette inquiétude. Un futur gouvernement taliban pourrait alors favoriser le Pakistan dans ce conflit, notamment en offrant un refuge aux groupes djihadistes anti-indiens. La peur d’être pris en tenaille par deux États défavorables au Pakistan s’est éloignée depuis la mi-août.
Mais après le départ américain, certains Afghans ne souhaitent pas voir un nouvel État prendre pied dans leur pays. Les manifestations de ce mardi ont finalement été réprimées par les armes, lorsque les talibans ont décidé de tirer en l’air pour disperser la foule, tout en procédant à plusieurs dizaines d’arrestations.
Émilien Hertement