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Sans grande surprise, le Parlement européen a approuvé, mercredi 12 février, l’accord de libre-échange entre l’UE et le Vietnam. Si les perspectives économiques d'une telle coopération n'ont pas été remises en cause, beaucoup d'élus se sont alarmés du respect des droits de l’homme et de l’écologie par ce pays d'Asie du sud-est.
Certains eurodéputés, à l’instar de ceux du groupe Identité et démocratie (Extrême-droite), considèrent que les capacités d’accueil en Europe sont dépassées. Pensez-vous qu’il faille modifier les procédures d'asile ?
Nous ne disons pas qu’il faut accueillir tout le monde mais les Etats membres doivent pouvoir déterminer rapidement qui a le droit à la protection, ou non. Or, plusieurs organisations croates nous ont dit qu’il était très difficile pour les migrants d’accéder aux procédures de demande d’asile. En théorie, selon la Convention de Genève, les demandeurs reçoivent une décision motivée et le droit de faire appel. Dans la pratique, les forces de l’ordre se contentent de refouler ces personnes.
La Croatie, dernier pays devenu membre de l’Union européenne en 2013, veut rejoindre l’espace Schengen. Pensez-vous qu’il y ait un lien entre cette candidature et la politique de fermeté ?
Durant ce déplacement, j’ai pu échanger avec Davor Bozinovic, le ministre de l’Intérieur croate. Il avait une défense plutôt agressive, en disant qu’il n’avait pas d’autres possibilités pour maintenir ces personnes en dehors du territoire européen. Les Etats membres exercent une énorme pression sur la Croatie puisqu’aujourd’hui, la responsabilité revient au premier pays d’entrée. Il est important que l’UE change sa politique et crée davantage de solidarité.
Propos recueillis par Lucie Caillieret
Les différents partis politiques sont néanmoins d’accord sur un point : le financement d’une transition climatique est nécessaire, mais pas aux dépens des politiques historiques. Aujourd’hui, la Politique agricole commune (PAC) est le poste de dépense le plus important (38 % du budget total). Or, elle risque de diminuer. "Toutes les puissances mondiales soutiennent l’agriculture, a défendu Jérémy Decerle, ancien agriculteur et député français Renew (centre-libéral). La transition énergétique a besoin d’une PAC à la hauteur de ses moyens." À l’inverse, les eurodéputés espèrent augmenter les enveloppes accordées à d’autres lignes de crédit, comme Erasmus. Là encore, la bataille s'annonce rude. Alors que les parlementairs proposent de tripler les moyens alloués au programme d’échange universitaire, la Commission, elle, prévoit de les doubler seulement.
Antoine Cazabonne et Juliette Fumey
"Nous approuverons le Cadre financier seulement s’il y a un accord sur la réforme des ressources propres", a averti l’eurodéputé portugais PPE (droite) José Manuel Fernandes. L’introduction de nouvelles ressources crée des tensions entre le Parlement et le Conseil. "Des ressources propres, ça signifie forcément taxation, et il y a certains États pour qui rien que le mot taxe européenne est crispant", souligne Arnaud Danjean, eurodéputé français du PPE. Si les chefs d’État et de gouvernement ne s’accordent pas sur une telle réforme le 20 février, le Parlement pourrait refuser de donner son approbation, et bloquer le mécanisme d’adoption du Cadre financier pluriannuel.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a promis que 25 % du budget serait consacré à la lutte contre le changement climatique. Philippe Lamberts, président belge du groupe des Verts européens, est sceptique : "C’est une bonne nouvelle, mais si les 75 % restant aggravent la crise climatique. On est à côté de la plaque". Pierre Larrouturou, rapporteur social-démocrate français du budget est du même avis : "On veut financer un Green Deal, pas un Green Washing."
Le budget pour la période 2014-2020 arrivant à son terme, les différentes institutions de l’Union sont en effet tenues de trouver un accord final avant le 31 décembre 2020. Elles doivent adopter un budget pour 2021-2027, qui fixe dans les grandes lignes le montant des dépenses et recettes de l’Union européenne. Le Parlement demande un "budget ambitieux pour des politiques ambitieuses" et propose 1324 milliards d’euros, l’équivalent de 1,3 % du Revenu national brut (RNB) des États membres. Un chiffre bien supérieur à celui de la Commission, qui avait proposé en mai 2018 un budget de 1,1 % du RNB, soit 189 milliards d’euros de moins.
Pour créer un nouveau système de ressources propres, la Commission et le Parlement envisagent trois leviers : un impôt sur les bénéfices des sociétés européennes, une taxation du plastique non recyclé, et une taxe sur les quotas d’émission de CO2. Actuellement, 79 % des ressources proviennent des États, qui versent chaque année un pourcentage de leur RNB. Le reste est financé par les droits de douane et la TVA.
Vendredi 21 février, se tiendra l’élection du comité du personnel des 8000 fonctionnaires du Parlement européen. Les syndicats, élus pour un mandat de cinq ans, souhaitent porter les nouvelles revendications du personnel, concernant surtout la précarisation de leur travail.
Les fonctionnaires du Parlement européen voteront vendredi prochain pour leurs représentants au sein du Secrétariat général. Ce sont des auxiliaires, des techniciens, des contractuels, des assistants, des administrateurs, présents au quotidien entre Strasbourg et Bruxelles pour appuyer le travail des députés. La campagne des syndicats a débuté en fin d’année et, une semaine avant l’élection, la précarisation de la fonction publique européenne est au cœur de leurs préoccupations.
"Maintenant, nous ne comptons plus"
"J’ai travaillé 40 ans au Parlement. Nous avions des noms et prénoms au début, puis des numéros d’immatriculation. Maintenant nous ne comptons plus du tout", déplore un fonctionnaire de l’institution, qui a tenu à rester anonyme. L’administration du Parlement européen dénigre certaines catégories d’employés, - comme les techniciens et les nouveaux contractuels - tient-il à préciser. Les postes contractuels, instaurés après une réforme en 2004, ont abouti à la création de contrats plus courts et moins bien payés. "Ils vivent en dessous du seuil de pauvreté au Luxembourg parce que le niveau de vie y est largement supérieur" s’indigne Philippe Colart, responsable belge du syndicat Solidarité pour les Agents et Fonctionnaires Européens (SAFE).
Parachutage et désintérêt européen
Autre enjeu : le management de la fonction publique européenne, explique Alexander Kleinign, membre du syndicat Fédération de la fonction publique européenne. Alors que de nombreux fonctionnaires espèrent gravir les échelons pour atteindre les postes à responsabilités, nombre de syndicats critiquent le parachutage des hauts-fonctionnaires. Choisis par le bureau du Parlement européen, qui est composé exclusivement d’eurodéputés, ces chefs sont placés selon leur groupe politique et leur nationalité. Une frustration pour ce syndicaliste, qui estime que cela nuit au projet européen, et ce au cœur des institutions.
Emma Chevaillier
Services financiers, point sensible
Si les députés se sont montrés inquiets sur la pêche, Michel Barnier a surtout insisté sur la question des services financiers qui regroupent les produits liés aux moyens de paiement ou la gestion de l’argent. Les produits financiers représentent 20 % des échanges entre Londres et Bruxelles, et 7 % du PIB britannique.
Quel avenir se dessine alors pour la City londonienne ? Jusqu’au 31 décembre 2020, le Royaume-Uni bénéficie de "passeports" qui permettent aux banques et assurances de vendre leurs services financiers aux Européens. Sans eux, Londres ne disposera plus de cette même liberté. La solution pourrait alors être d’offrir aux acteurs financiers britanniques des droits proches du "passeport" européen. Regroupés sous l’appellation de "régimes d’équivalence", ces droits permettraient aux Britanniques de continuer à vendre certains services financiers sans autorisation des États européens. Cette solution régit déjà les relations entre l’UE et des pays tiers comme le Canada ou le Japon, quitte à froisser ceux qui réclament un statut taillé sur mesure pour le Royaume-Uni. "Je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas avec les Britanniques", a commenté Michel Barnier. Pour rendre l’option viable, les réglementations britanniques doivent toutefois respecter celles de l’UE.
Cette mise en garde intervient au lendemain d'une prise de position du gouvernement britannique sur le sujet. "Nous ne suivrons plus les règles fixées par d’autres mais nous respecterons les normes internationales les plus élevées dans la réglementation financière", avait ainsi écrit Sajid Javid, ministre des finances britanniques de Boris Johnson, dans une tribune publiée par le journal économique londonien City AM, mardi 11 février.
Les États membres doivent encore autoriser Michel Barnier et son équipe à négocier mardi 25 février. Si tel est le cas, les discussions débuteront en mars prochain entre Bruxelles et Londres.
Manal Fkihi et Clément Aubry