Si la « Semaine du handicap » reste une initiative étudiante, le programme a reçu l’appui de la Mission handicap, organe universitaire accompagnant les 735 étudiants en situation de handicap sur le campus universitaire de Strasbourg.« Il ne faut pas oublier que 80% des handicaps ne sont pas visibles » alarme Fabienne Rakitic, coordinatrice de la Mission Handicap. « Le diabète et les dysfonctionnements psychiques sont très rarement considérés, dans la prise en charge des élèves. L’université est plus accessible, mais il y a encore tellement à faire. »
Une remarque vérifiable dès la fin du cours d’algèbre : pour gagner la sortie du bâtiment, il faut descendre une bonne dizaine de marches. La plateforme fauteuil roulant est en panne depuis quatre ans.
Sarah Nedjar
Après des mois de débats houleux, le maire de Strasbourg, Roland Ries a annoncé lundi 4 février le retour aux quatre jours pour la rentrée 2019.
« Je n’ai pas cédé, je n’ai pas de regrets, j’ai essayé de prendre en compte l’intérêt des enfants ». Roland Ries, le maire de Strasbourg, a décidé de laisser tomber son scénario de quatre jours et demi pour septembre prochain. Il proposait cinq matinées de classe et un après-midi sur les quatre consacré à des activités gratuites. Une décision qui s’explique par les résultats de la concertation lancée depuis quelques semaines : sur les 112 conseils d’école de Strasbourg, seuls onze ont approuvé la proposition du maire.
« Je ne suis pas le décideur final, c’est le Conseil académique qui décide », a rappelé le maire, qui reconnaît n’avoir « pas su convaincre ». Il laisse cependant la possibilité aux onze écoles de mettre en œuvre les 4 jours et demi, sous réserve de l’accord du Conseil académique. Les autres pourront, via une dérogation, se mettre aux quatre jours.
Quatre jours, mais sous quelle forme ?
Le débat n’est toutefois pas fini : les écoles devront une nouvelle fois voter après les vacances de février, sur la mise en place des quatre jours. Car se pose la question de la durée des journées, forcément plus longues que sur quatre jours et demi.
Deux scénarios émergent : soit quatre jours sur 36 semaines et six heures par jour, une formule plébiscitée par les syndicats enseignants, ou quatre jours sur 37 semaines et cinq heures quarante-cinq en rognant sur les vacances, peut-être celles de la Toussaint. Peut-être l’occasion d’une nouvelle passe d’armes scolaire...
Marianne Naquet et Thomas Vinclair
Un cours à l'aveugle
Dans cette optique, l’association a organisé lundi une heure de cours de mathématiques… les yeux bandés. Dans une salle d’algèbre de l’UFR de Mathématiques et d’Informatique, une dizaine d’étudiants tente de suivre la leçon dans le noir complet. Une opération délicate, à en croire les chuchotis audibles au deuxième rang : au bout de quelques minutes sans accès au tableau, beaucoup ont déjà décroché. « Parfois, l’information va très vite, et sans voir, c’est impossible à suivre » déplorent les étudiants, bandeau sur le nez.
Emeline Mougeot est à l’origine de cette classe à l’aveugle. L’étudiante et coordinatrice de la semaine handicap entend non seulement sensibiliser les étudiants, mais aussi les professeurs : « Ce n’est pas forcément évident de lire à voix haute tout ce qu’on écrit au tableau, pendant une heure. Il faut prendre les habitudes, et s'entraîner en amont pour pouvoir être prêt. » A ses côtés, le professeur acquiesce, d’un mouvement de la tête.
Une heure d'algèbre les yeux bandés, et , pour sensibiliser au handicap visuel ♿
Réactions des étudiants et profs qui ont joué le jeu, pour la "Semaine du handicap'' @CUEJ_info pic.twitter.com/SA7CtDEQ7R
— Sarah Nedjar (@Sarah__Ndj) 5 février 2019
« Je n’ai que mes mains et mes oreilles pour lire. Suivre un cours ordinaire, pour moi, c’est quasiment impossible. » Caroline Jacquart est étudiante, et déficiente visuelle. Depuis son inscription à l’université de Strasbourg, la jeune femme brune ne cesse d’expliquer sa particularité, tant à l’administration qu’aux professeurs. L’étudiante a parfaitement mémorisé la géographie du campus, si bien qu’il lui arrive parfois de se rendre en cours sans sa canne blanche. « Je la laisse chez moi quand mes sacs sont lourds… alors on ne voit plus mon handicap. On me demande pour qui je me prends, quand je demande au professeur son cours en version numérique. Pourtant, c’est mon droit. » Et d’ajouter, d’un ton fataliste, que persiste encore trop d’ignorance autour du handicap dans la vie estudiantine.
Un groupe d’étudiants strasbourgeois tente d’inverser cette tendance, en organisant la « Semaine du handicap ». Les 30 bénévoles de l’Amicale des étudiants en Mathématiques (Adem) de l’université de Strasbourg a choisi de multiplier les actions coup de poing, jusqu’au 9 février.