50 000. C'est le nombre de pompiers volontaires qui manquent à la France, estime la Fédération des sapeurs-pompiers volontaires en 2021. Cette carence s'est particulièrement fait sentir cet été, marqué par de gigantesques feux en Gironde et en Bretagne, qui risquent de se répéter dans les années à venir avec l’aggravation du réchauffement climatique. Les pompiers non-professionnels sont pourtant essentiels au bon fonctionnement des casernes puisqu'ils représentent 80 % des effectifs sur le territoire. Certains s'engagent, souvent par passion, parfois par défi, mais jamais à la légère.
« Moi, ce que j'aime, c'est le fait d'aider les gens, l'esprit de corps, le feu, l'adrénaline. » L'adrénaline et le feu, Arthur*, 23 ans, les connaît particulièrement bien. Ce Landais a vu les flammes grignoter sa forêt peu à peu cet été, après avoir envahi la Gironde voisine. Il est prêt depuis ses 14 ans, et il aimerait que plus de personnes partagent « ce rêve de gosse ». Dans sa caserne, « on manque cruellement de recrues, comme partout en France ». Les volontaires se font rare, à tel point que le bâtiment doit fermer certains jours, faute de personnel pour assurer le service. « Les casernes d'à côté dépannent, mais les délais sont beaucoup plus long pour les interventions », déplore-t-il.
« Je vis, je dors, je mange pompier »
Bouche à oreille, fêtes de village, posts Instagram ou Facebook, tous les moyens sont bons pour recruter. A Feneu, à quelques kilomètres d'Angers, une banderole ne quitte jamais le portail de la caserne de Benjamin. Dès qu'il passe devant, le jeune homme repense au serment qu'il a pris il y a 8 ans et qu'il n'a jamais abandonné depuis. Même lorsqu'il est en repos, il ne peut s'empêcher de passer une tête à la caserne pour dire bonjour à ses collègues. « Je vis, je mange, je dors pompier. Il faut que la famille suive, sinon c'est quasiment impossible de s'engager », déclare le fanouin de 25 ans.
A son plus grand bonheur, sa compagne comprend parfaitement ce lourd engagement qui demande plus de dix heures par semaine : elle est, elle-aussi, pompier-volontaire. Mais le couple aspire tout de même à plus de repos. Aujourd'hui, la caserne tourne avec 26 personnes. Il en faudrait dix de plus selon Benjamin.
La passion des camions rouges
« Moi je n'ai pas du tout la passion des camions rouges comme les petits garçons », s'esclaffe la caporal cheffe Capucine, qui n'a pas été piquée par la passion pompier dès son enfance au contraire d'Arthur et Benjamin. Pourquoi s'est elle engagée à Rouen ? « C'est une très bonne question, et je ne sais pas vraiment y répondre. Je crois que c'est par curiosité et pour me prouver que j'en étais capable ».
Cette aide-soignante en bloc opératoire précise qu'il ne faut pas avoir peur du sang, ni avoir le vertige et être en bonne condition physique pour relever le défi. Beaucoup de conditions à remplir pour un simple engagement associatif.
« Si on était mieux payé, ça attirerait beaucoup plus de monde », affirme avec conviction Léa, qui s'est engagée à Royan avant de déménager dans le Maine-et-Loire. La jeune femme travaille en tant qu'agente de télésurveillance en plus de son activité bénévole. Elle ne peut donc pas se porter volontaire pendant la journée. « 50 centimes par heure quand on se rend disponible la nuit, ce n'est pas beaucoup », regrette la jeune femme, à qui il est déjà arrivé d'avoir à partir travailler trois heures seulement après une grosse intervention, tôt le matin. Les indemnisations vont de 8,36 € à 12,58 € par heure, selon le site Légifrance.
Pour pallier le manque de volontaires, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a déclaré, lors du congrès national des sapeurs-pompiers à Nancy en septembre, vouloir créer un nouveau statut pour les soldats du feu volontaires afin defaciliter leur engagement. Objectif des cinq prochaines années : disposer de 20 000 volontaires supplémentaires.
*le prénom a été modifié
Clémence Blanche
Édité par Matei Danes
Vendredi, une tendance accable les habitués de la mosquée Eyyüb Sultan, le seuil des 40.000 victimes se rapproche dangereusement. Lors de la première prière de l’après-midi, le muezzin a rappelé aux musulmans l’importance de donner des subventions, pour appuyer les 300 bénévoles de la mosquée déployés sur place.
« C’est une grande fierté que des Français soient sur place pour aider nos compatriotes à sortir des décombres. Je voulais aussi partir mais j’ai des obligations avec mon travail et ma famille », confesse à cuej.info, Fenüser, qui est né à Adana, l’une des villes les moins touchées.
Le montant total des récoltes encore inconnu
Un membre de la mosquée tient un stand dans la cour intérieure de l’édifice religieux, pour inciter les Turcs à participer à l’effort collectif. L’argent est récolté en liquide dans une urne ou en déposant une enveloppe où l’on peut renseigner son RIB.
Des colis alimentaires contenant du riz, du boulghour, des vêtements et des médicaments seront ensuite offerts aux rescapés. Les officiels rencontrés ne souhaitent pas communiquer le montant total récolté depuis le début des tremblements de terre. « C’est plus que ce que l’on attendait », se réjouit l’un d’eux, en témoigne les 100.000 euros récoltés le vendredi 12 février.
L’espoir fait vivre
« On se battra jusqu’au bout. En tant que musulman, nous avons l’habitude de faire preuve de bienfaisance, y compris à l’égard des autres communautés », clame Batman, qui salue l’humanité de tous les pays. La nuit dernière, huit chaînes de télévision turques ont amassé près de six milliards d'euros lors d’un téléthon.
Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a appelé de ses vœux la levée d’un milliard de dollars dans le monde entier. « L’argent ne va pas sauver les gens sous les décombres, mais peut aider à reconstruire la vie de millions de rescapés, sans vêtements, sans nourriture, sans ressources », conclut un fidèle de la mosquée, comptable, dont la femme s’apprête à rejoindre les rangs du Croissant-Rouge turc.
Cyprien Durand-Morel
Édité par Luise Mösle
La tension monte d’un cran dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Strasbourg. Ce vendredi 17 février, la présidente de séance Isabelle Karolak semble perdre son calme face aux réponses du prévenu qu’elle auditionne. Âgé d’une quarantaine d’années, l’homme qui se tient droit comme un « I », micro entre les mains est poursuivi pour de multiples raisons. Entre autres, trafic de stupéfiants et détention d’armes sans autorisation.
Le 24 janvier 2022, le prévenu aurait vendu du cannabis alors qu’il se trouvait à son domicile. Un acte qui serait resté anodin, s’il n’était pas surveillé par les forces de l’ordre au même moment. Ces derniers avaient été alertés par une source anonyme sur un possible trafic de stupéfiants. Sur place, la police retrouve bien plus que ce qu’elle était venue chercher. Aux 90 g de cannabis, s’ajoutent deux armes – un pistolet et une carabine -, de quoi stocker des stupéfiants ainsi que 12 000 euros en billets de banque. Le tout éparpillé à travers l’habitation et dissimulé de manière plus ou moins grossière.
Des armes et de la drogue dans chaque pièce
Pour en savoir plus sur cette affaire, la présidente de séance interroge. Quel volume de vente ? Quelle consommation ? Pourquoi les armes ? Avec calme d’abord, puis plus sèchement à mesure des errements et des réponses vagues du prévenu. Difficile, donc, de ne pas sortir de ses gonds pour Isabelle Karolak, quand le prévenu nie avoir organisé un trafic chez lui pour ne pas nuire à sa famille. « L’argument selon lequel vous ne faites pas de trafic parce que vous avez des enfants est quand même mis à mal par la présence d’armes et de drogue dans chaque pièce du domicile », remarque-t-elle sèchement.
Un climat difficile à vivre pour la famille dont différents membres ont quitté la salle d’audience. Parfois en pleurs, parfois en colère, parfois les deux. Dans cette atmosphère un peu tendue, seul l’avocat de la défense semble parvenir à se relâcher. C’est presque nonchalamment qu’il fournit les pièces du dossier et lance sa plaidoirie comme pour signifier que l’affaire n’en vaut pas la peine : « Quand une personne vend du cannabis seulement à une autre, sans aucune organisation, ce n’est pas du trafic, il fait une cession » a-t-il observé. Sur le banc en revanche, son client a le visage fermé. Aussi c’est en préférant s’excuser auprès de sa famille plutôt que de se justifier une énième fois qu’il terminera l’audience.
En état de récidive, il risque 18 mois de prison pour trafic de drogue et 5 ans d’interdiction de détention d’une arme.
Loris Rinaldi
Edité par Christina Genet
Les casernes françaises manquent cruellement de pompiers volontaires, indispensables à leur bon fonctionnement. Les engagés restent fidèles à leur mission, malgré le manque de moyens.