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Quels sont les problèmes qui reviennent chez les créateurs de contenus ?

Sur les plateformes, on a affaire à deux types de personnes. Les influenceurs lifestyle et les créateurs de contenus. Les influenceurs lifestyle cherchent à augmenter leur audience pour « vendre » un mode de vie très idéaliste. Mais on constate que la frontière entre réalité et monde virtuel s’efface. On voit notamment beaucoup d’influenceurs attirer l’attention par la tristesse, ce qu’on appelle le « sadfishing » [exprimer sa tristesse, son désarroi, voire ses angoisses sur les réseaux sociaux et attirer plus d’abonnés, ndlr]. Cette méthode marketing est totalement dans l’air du temps. Ces personnes semblent plus fragiles mentalement et donc sont plus touchées par un éventuel burn-out. Elles supportent moins bien les commentaires négatifs ou un certain désamour de la part des internautes. On a l’exemple parfait avec Lena Situations, présente sur les réseaux sociaux et YouTube, qui subit régulièrement des vagues de harcèlement et de haine par rapport à ses origines, son corps… etc. En fait, internet devient la réalité.

Comment cette tendance est-elle perceptible chez les créateurs de contenus, qui, eux, n’abordent pas explicitement leur vie privée sur les réseaux ?

Depuis quelques mois, c’est l’hécatombe chez des youtubeurs comme Squeezie, McFly et Carlito ou encore Lena Situations. Ils deviennent de plus en plus exigeants avec eux-mêmes pour satisfaire les personnes qui les suivent. C’est finalement un cercle vicieux car plus ils produisent, plus les internautes en redemandent. Ils subissent une pression pour faire la différence par rapport aux autres et dans un domaine où un véritable esprit de compétition règne.

Pensez-vous que les plateformes ont une responsabilité dans ce « trop-plein » que subissent certains YouTubeurs ?

Les plateformes contribuent clairement à un certain épuisement des youtubeurs. D’abord du fait qu’ils cherchent à nous rendre accro aux créateurs de contenus et aux contenus en tant que tels. Il y a quelque chose de très toxique là-dedans avec cette course à la reconnaissance chez les youtubeurs. 

Propos recueillis par Azilis Briend

Édité par Alexia Lamblé

Ce jeudi 8 février, des députés européens se mobilisent au parlement, à Strasbourg, pour demander la libération de Julian Assange. © Laura Beaudoin

Comment se fait-il que de plus en plus de personnes s’expriment sans tabou sur le burn-out ?

La parole se libère chez eux. Ils vont jusqu’à expliquer pourquoi ils ne sont pas bien et pourquoi ils ont besoin d’arrêter ou de faire une pause dans leur contenu. Il est  important de constater que ce sont très souvent des hommes alors que les problèmes psychiques ont jusqu’à maintenant été principalement abordés par les femmes. Ce sont les avantages collatéraux du phénomène #MeToo, que je soutiens totalement. Les hommes ont cette envie de quitter certaines positions virilistes dans lesquelles ils étaient cantonnés jusqu’à maintenant.

Ces derniers mois, plusieurs youtubeurs ont avoué à leurs abonnés vouloir faire une pause avec les réseaux sociaux et notamment YouTube. Ils évoquent notamment un rythme intense dans la production de contenu, la compétition féroce entre eux, mais aussi le harcèlement. Janvier 2022, Mastu (5,8 millions d’abonnés) se livre dans une vidéo facecam intitulée sobrement « Ma dépression ». Suivi par des fans jusqu’à son domicile, le créateur de contenu de 25 ans a décidé de faire une pause de trois mois et appelle aujourd’hui ses collègues à ne plus cacher leur éventuel malaise. 

En mars 2023, le duo le plus iconique de Youtube, McFly et Carlito (7,2 millions d’abonnés) déclare être « en bon gros burn out ». Ils mettent en pause temporairement leur chaîne avant de revenir en septembre 2023. Puis vient le tour de l’influenceuse Lena Situations (2,67 millions d’abonnés) qui a annoncé en juillet 2023 avoir été hospitalisée à cause du stress qu’elle avait accumulé au cours des derniers mois. Le dernier en date est le créateur de contenu préféré des internautes : Squeezie (18,7 millions d’abonnés). Dans une vidéo publiée le 22 janvier dernier, le youtubeur qui a commencé en 2008 a annoncé prendre du recul. « On va faire une petite pause YouTube. Pas très longue. Deux, trois mois », a-t-il déclaré dans la vidéo, trois jours après la sortie du documentaire consacré à son parcours, Merci Internet, sur Amazon Prime Video. 

Mais pourquoi le burn-out est-il de plus en plus répandu chez les créateurs de contenu ? Explications avec Michaël Stora - psychologue et fondateur de l'Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines - quelques jours après que le Premier ministre, Gabriel Attal, a dit vouloir faire de la santé mentale des jeunes « une grande cause ».

Santé mentale : Squeezie, Léna Situations,

08 février 2024

Santé mentale : Squeezie, Léna Situations, "c’est l’hécatombe chez les youtubeurs"

Fatigués, déprimés, surmenés, plusieurs créateurs de contenus ultra populaires ont récemment annoncé leur burn-out sur les réseaux sociaux. Le décryptage du psychologue Michaël Stora.

Prisonnier politique depuis la publication, en 2010, de documents confidentiels américains, Julian Assange encourt 175 ans de prison aux États-Unis. Pour faire porter sa voix au parlement européen, seuls quelques députés se mobilisent encore.

Un Français sur deux potentiellement concernés. Entre fin janvier et début février, c’est une cyberattaque d’ampleur qu’ont subi Viamedis et Almerys, deux sociétés spécialistes du tiers payant. Grâce à l’usurpation d’identifiants et de mots de passe de salariés, les hackers ont pu s’introduire dans le système des deux sociétés. Selon Viamedis, « ont été exposées » les données personnelles tels que l’état civil, la date de naissance, l’adresse et le numéro de sécurité sociale enregistrés dans une même carte vitale, ou encore le nom de l’assureur santé. Même chose du côté d’Almerys. Les deux sociétés informent cependant que cette exposition ne concerne aucune donnée médicale ou bancaire.

Les entreprises concernées ont dû déclarer la fuite de leurs données ainsi que le nombre de personnes potentiellement exposées par celle-ci à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil). La loi les oblige également à prévenir les victimes de fuites de données. Depuis plusieurs jours, les mutuelles dépendantes de Viamedis et Almerys tiennent leurs clients informés de la situation et des risques probables.

Véritable déflagration. Lorsque Julien Assange, à la tête de Wikileaks, publie en 2010 des documents confidentiels révélant certaines dérives de la politique militaire américaine et des crimes perpétrés en Irak et en Afghanistan, il secoue le monde entier. Condamné par les États-Unis pour espionnage, il se réfugie d’abord dans l’ambassade d’Équateur à Londres, avant de finir incarcéré en 2019 dans une prison anglaise. Il fait aujourd’hui l’objet d’une procédure d’extradition vers les États-Unis, où il encourt 175 ans de prison. Mais les énièmes rebondissements de cette affaire tentaculaire ont fini par perdre l’opinion publique. Quatorze ans plus tard, plus grand monde ne semble s’inquiéter du sort de Julien Assange, ou presque. Au parlement européen, une petite poignée de députés tente de faire porter sa voix à travers une exposition : L’affaire Assange : prix et distinctions.

« Cette exposition est une manière de témoigner un soutien institutionnel à travers le parlement européen », affirme Sabrina Pignedoli entre un bout de sandwich et un verre de jus d’orange. Attablée à la cafétéria du parlement, ce jeudi midi, la députée italienne du Mouvement 5 étoiles est de passage à Strasbourg pour assister aux séances plénières. D’une pierre deux coups, Sabrina Pignedoli a profité de ce séjour express pour alerter sur la détention du fondateur de Wikileaks.

« Les patrons des institutions européennes ne sont pas très solidaires »

Cette exposition est aussi « une manière de souligner notre soutien à Julien Assange en attendant le 20 février », assure Sabrina Pignedoli. Date décisive, le 20 février sonne l’alarme de l’ultime appel de Julien Assange pour empêcher son extradition. La Haute-cour britannique statuera au terme de deux jours d’audience sur la recevabilité de l’appel du journaliste incarcéré. En cas de refus, Julien Assange a la possibilité de contester la décision auprès de la Cour européenne des droits de l’homme, mais cette possibilité reste encore très compromise, car elle dépend du respect de la procédure de la part du Royaume-Uni.

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