Développer le tourisme a aussi un coût. En témoigne la fermeture en juin dernier du Pixel Museum, seul musée de la ville, qui, malgré ses 75 000 visiteurs en trois ans, ne parvenait plus à rétablir son équilibre financier sans l'aide de la municipalité. L’inclusion de Schiltigheim dans l’Eurométropole l’empêche de profiter de certains financements de l’État. Notamment au titre du projet “Action cœur de ville”, mis en place en 2017 pour les villes moyennes ayant un potentiel d’attractivité touristique. Alain Kristofel, en charge du projet pour la ville de Haguenau, explique : “Schiltigheim n’aurait pas pu proposer sa candidature. Elle n’est pas indépendante de l’Eurométropole sur les problématiques de transport, de travail et d’habitation.”
Développer le tourisme a aussi un coût. En témoigne la fermeture en juin dernier du Pixel Museum, seul musée de la ville, qui, malgré ses 75 000 visiteurs en trois ans, ne parvenait plus à rétablir son équilibre financier sans l'aide de la municipalité. L’inclusion de Schiltigheim dans l’Eurométropole l’empêche de profiter de certains financements de l’État. Notamment au titre du projet “Action cœur de ville”, mis en place en 2017 pour les villes moyennes ayant un potentiel d’attractivité touristique. Alain Kristofel, en charge du projet pour la ville de Haguenau, explique : “Schiltigheim n’aurait pas pu proposer sa candidature. Elle n’est pas indépendante de l’Eurométropole sur les problématiques de transport, de travail et d’habitation.”
“Nous essayons de faire de Schiltigheim une ville touristique. Elle a d’énormes atouts et du potentiel indépendamment de Strasbourg”, s’exclame Éric Elkouby, employé au service du tourisme à la mairie de Schiltigheim. Son poste, créé il y a deux ans, atteste d’une apparente volonté de développer l’attractivité de la ville.
Pour l’heure, l’ancien député, accompagné de l’adjointe chargée du tourisme et du patrimoine, Andrée Buchmann, essaie d’organiser des projets pour attirer de potentiels touristes. Leur première initiative a été de réhabiliter l’ancienne Ferme Linck. Tous les week-ends, elle ouvre ses portes pour une exposition permanente sur le passé industriel de la ville. En deux ans, le site a attiré environ 600 visiteurs. Un démarrage timide, mais “sans avoir fait de publicité”, précise Danielle Dambach, la maire de Schiltigheim.
Autrefois désignée comme “La cité des brasseurs”, Schiltigheim a vu ses cinq usines fermer les unes après les autres. Heineken, seule survivante, règne en colosse à l’entrée de la ville. La petite brasserie artisanale Storig, créée par un restaurateur strasbourgeois en 2005, contribue à perpétuer la tradition brassicole. Grâce à sa cuisine typiquement alsacienne et à ses visites guidées, elle réussit à attirer des amateurs de bière des villes alentour. Mais la brasserie, comme d’autres restaurants schilikois, peut aussi compter sur les sessions plénières du Parlement européen pour remplir ses tables. Un tourisme dit “corporate”, qui regroupe ponctuellement des groupes d’eurodéputés.
S'affranchir du tout logement
Lancés en 2018, les travaux sur le quartier Fischer s’étaleront au moins jusqu’en 2024. Mais les premiers logements et le groupe scolaire Simone-Veil devraient être livrés dès 2021. “Il y aura des accessions à la propriété pour des familles, des logements sociaux, une résidence intergénérationnelle, essentiellement pour des seniors, avec une crèche au rez-de-chaussée”, explique Philippe Kindo, directeur régional du promoteur Cogedim.
Au rayon des friches, il reste encore l’ancienne brasserie Schutzenberger dont les projets sont au point mort depuis le décès de l’héritière en 2016. Mais cela n’empêche pas la mairie de penser à la reconversion. “Pourquoi pas créer un centre de balnéothérapie ou encore un musée de la bière car il n’y a aucun lieu sur notre territoire [de l’Eurométropole] dévolu à la bière”, imagine Andrée Buchmann.
Après une période de construction tous azimuts sur ses anciens sites industriels, Schiltigheim essaye de trouver sa propre voie. En plus de mettre un frein au tout-logement, la conservation de son patrimoine pourrait même devenir un atout considérable pour le rayonnement de la ville, avec le développement du tourisme brassicole.
Géraud Bouvrot et Nils Sabin
Inclure le patrimoine
Se pose aussi la question de la conservation du patrimoine industriel, qui reste un symbole de Schiltigheim. Le lotissement Urban Side intègre l’ancienne structure métallique de l’usine Quiri conservée par l’agence d’architecture S&AA. “J’aime bien cet aspect industriel, qu’on nous a présenté à l’achat”, confie Michaël, 35 ans, propriétaire d’un duplex depuis deux ans.
Juste à côté, il était prévu que le site Fischer soit intégralement rasé. Mais les recours portés par des associations, ainsi que l’intervention d’un architecte des bâtiments de France, ont permis de revoir le nombre de logements à la baisse, et de garder plusieurs éléments du site. La malterie, la cheminée ou le palais Fischer vont être conservés, et l’intérieur réaménagé. “Lorsqu’elle était adjointe à l'urbanisme, Danielle Dambach [maire depuis 2018] a cherché à mettre certains bâtiments historiques en avant, pour donner une nouvelle image à la ville”, confie Andrée Buchmann, adjointe au patrimoine. Le but étant de ne pas renouveler l’expérience du lotissement Quartz, qui n’a rien conservé de l’ancien site France Télécom et qui, par sa densité, cristallise les débats autour du stationnement.
Il est rare de croiser des touristes dans les rues de Schiltigheim. Difficile pour la deuxième ville de l’Eurométropole de se faire un nom à côté de l’ogre touristique strasbourgeois. Schilick a pourtant des atouts, dont un riche passé brassicole, peu exploité jusqu’ici.
Il faut s’imaginer un vieux bâtiment, jaune clair, de plus de 20 mètres de haut, surmonté de deux cheminées et d’une enseigne imposante : Brasserie Fischer. À 150 mètres du panneau d’entrée de Schiltigheim, s’affiche déjà le passé brassicole de la cité. La route de Bischwiller commence ici son chemin vers le nord, flanquée de ce qui reste des anciens poumons industriels de la ville : Fischer, mais aussi Quiri, France Télécom, Schutzenberger, ou encore Caddie.
Depuis peu, l’enseigne phare de la brasserie Fischer côtoie un énorme étendard mauve : Cogedim, vous verrez la différence. En une dizaine d’années, la deuxième ville de l’Eurométropole de Strasbourg est devenue un véritable eldorado pour les promoteurs. À tel point qu’aujourd’hui, la municipalité écologiste cherche, tant bien que mal, à réduire le nombre et la taille des projets immobiliers. “En un an, nous avons refusé plus de permis [de construire] que lors des quinze dernières années”, décrit Patrick Maciejewski, adjoint à l’écologie et à l’urbanisme. “20 à 30 permis, petits ou grands, ont été refusés cette année.” Mais il est difficile de stopper des projets lancés par les municipalités précédentes, au sujet de friches dont tout le monde s’accorde à dire qu’il faut les transformer.
À cinq minutes de Strasbourg, la ville de Schiltigheim souhaite développer son activité touristique. Malgré les ambitions de la mairie, les commerçants peinent à croire en un potentiel lucratif.
Les lieux phares de cette histoire sont mis en valeur le long du "parcours du judaïsme", qui invite à arpenter les ruelles de Bischheim, depuis la Maison Waldteufel jusqu’au musée, en passant par la rue de l’École, ancien centre de la vie communautaire juive locale. Un peu plus au nord, le cimetière juif abrite certaines personnalités importantes de la communauté et suscite lui aussi l’intérêt des curieux et amoureux d’histoire.
Nécessité de se régénérer pour subsister ?
À la fin du XVIIIe siècle, environ 40 % des Bischheimois sont juifs, majoritairement ashkénazes, originaires d’Allemagne et d’Europe de l’Est. De nombreuses familles séfarades s’y installent suite à l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Aujourd’hui, les juifs de Bischheim, Schiltigheim et Hoenheim dépendent d’un seul rabbin. Des deux synagogues, il n’en reste qu’une à Bischheim sur la place qui porte son nom. Celle de Hoenheim, trop peu fréquentée dès la moitié du XIXe siècle, aurait été vendue il y a quelques années. Le nombre de fidèles pour les trois communes s’est réduit à une cinquantaine de familles. “Les enfants de notre communauté sont depuis allés vivre à Strasbourg”, confie le rabbin de Bischheim, Philippe Cohen. “Les personnes les plus engagées dans la religion veulent avoir une synagogue à côté de chez elles. Strasbourg a l’avantage d’en avoir plusieurs et il y a des écoles juives, ce que nous n’avons pas ici”, souligne encore le religieux.