Avec seulement une quinzaine de familles présentes en moyenne aux rassemblements, Camille Bader, président de la communauté juive de Bischheim, s’inquiète un peu. “Trouver un élan de jeunesse paraît essentiel, notamment pour assurer le minian, qui requiert dix hommes pour réciter les prières, lors de Sabbat.” Mais pour le rabbin, “ce n’est pas le lieu qui fait l’histoire ; elle se déplace avec la communauté. Aujourd’hui cette histoire s’est déplacée à Strasbourg.”
Eric Elkouby et Andrée Buchmann espèrent faire de Schiltigheim une place touristique. Développer cette activité prend du temps et l’employé en tourisme n’en a pas : “J’ai d’autres ambitions politiques pour l’avenir”, affirme-t-il. La maire Danielle Dambach l’assure, cette nomination s’inscrit dans un projet à long terme : “Si Éric doit partir, on trouvera quelqu’un d’autre.” Il reste encore du chemin.
Pour jouer sur le même tableau, les plus petites structures, comme la pharmacie de l’Hôtel de ville, forment des regroupements d’achats dans le but de commander des quantités plus importantes.
Économiquement, les officines ne sont pas sur le même pied d’égalité. Celles qui disposent de moyens importants, comme Gentiane à Schiltigheim, jouissent de conditions commerciales favorables auprès des laboratoires : en achetant les stocks en grande quantité, elles peuvent négocier des remises.
Des initiatives peu concluantes
Durant l’été 2019, la mairie a vainement essayé de rassembler les commerçants de Schiltigheim, lors d’une réunion pour “dynamiser l’activité touristique”. Le directeur de l’hôtel Le Forum, à l’entrée sud de la ville, se rappelle que “peu de monde a répondu présent”. Pire, les commerçants s’accordent à dire “qu’il n’y a pas de visiteurs à Schiltigheim“. C’est le cas d‘Éric Ivens, nouveau propriétaire du Cheval Blanc, un restaurant situé dans la vieille ville. “Sur un mois, le nombre de touristes représente environ 2% de ma clientèle”, affirme-t-il. Les commerçants réussissent à faire tourner leurs entreprises uniquement avec la clientèle locale.
Va-et-vient municipal
Pendant la dernière décennie, les anciennes brasseries de la ville et les anciens sites industriels comme Quiri (froid artificiel) ou Caddie (chariots de supermarché) ont surtout été des bâtiments à l’abandon qui ternissaient l’image de la ville. Avec la multiplication des friches entre 2006 et 2013, les projets immobiliers ont fleuri, parfois au grand dam des habitants. C’est le cas des sept tours de sept étages, prévues en 2009 sur le terrain France Télécom. La forte mobilisation citoyenne aura finalement raison du projet.
En 2011, un projet de zone d’aménagement concerté (ZAC), couvrant 11,8 hectares de friches industrielles, veut tenter d’harmoniser la réhabilitation du secteur. Mais l’équipe municipale suivante et son maire Jean-Marie Kutner (UDI) préfèrent finalement négocier au cas par cas avec les promoteurs immobiliers. “Bien que ce soit plus difficile à mettre en place, [la ZAC] aurait permis une gestion coordonnée du développement urbain”, explique Louisa Krause, présidente de l’association Col’Schick, qui lutte pour un urbanisme de qualité et cohérent à Schiltigheim.
Plusieurs projets sont enfin mis sur les rails à partir de 2015. Dès 2018, les friches France Télécom et Quiri laissent la place aux nouveaux lotissements Quartz et Urban Side. Une urbanisation rapide qui ne fait pas l’unanimité. “Il y a eu un passage en force de Kutner, il a accordé un maximum de constructibilité”, souligne Louisa Krause à propos du projet Quartz. Un ensemble que Patrick Maciejewski estime “trop dense : il y a pratiquement 300 logements sur un hectare.”
Aujourd'hui, le rythme des projets ralentit. Mais il faut désormais régler le manque de places de stationnement. Sur le quartier Fischer par exemple, en plus des 610 logements annoncés, sont aussi prévus une école, une librairie, et un cinéma MK2. “Tout ça sur un site de 5,5 hectares. Il est où le stationnement dans tout ça ? Parce qu’il n’y aura pas assez de parking”, critique Louisa Krause.
Le Merlenchanteur, un exemple de réussite
Mélanie, propriétaire de la maison d’hôte Le Merlenchanteur, dans le vieux Schilick, avait déjà pour ambition de “montrer l’histoire de l’Alsace”, quand elle s’est installée voilà seize ans. Les touristes viennent loger chez elle pour vivre une immersion dans une maison typique à colombages. Même si la majorité de ses clients choisissent son gîte pour sa proximité avec Strasbourg, Mélanie a à cœur de faire découvrir Schiltigheim : “Quand les gens arrivent, je les envoie manger à Storig, au Cheval Blanc et au marché couvert des Halles du Scilt. La ville a une très belle offre de cuisine alsacienne. Et les plats sont bien meilleurs qu’à Strasbourg.”