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Thomas, c’est aussi une star et un pilier du Bunny’s. "Je viens trois-quatre fois par semaine, raconte-t-il. J’ai rencontré du monde ici, c’est un exutoire. Souvent, les gens chantent des chansons qui leur parlent. Par exemple, quand je chante Mon fils, ma bataille, de Balavoine, j'ai la larme à l’oeil, car je me bats pour la garde de mon fils." Les néons roses se reflètent dans ses pupilles.

Balavoine, c’est toute sa vie : "En 2011, je chantais Je ne suis pas un héros, en remplaçant "héros" par "euro". J’avais des problèmes dans les médias car je venais d’acheter le Racing Club de Strasbourg pour un euro. Donc la phrase "faut pas croire ce que disent les journaux" me parlait. Regarde, quand tu tapes mon nom sur internet il y a pas mal d’articles sur moi à l’époque." Thomas est en effet Thomas Fritz, l’ingénieur informatique qui était devenu actionnaire majoritaire du RCS en 2011, pour la somme modique de 1 euro

Il est maintenant 1h30 du matin. Jacques est toujours là, sa bouteille customisée un peu moins. On lui demande à quelle heure il compte partir. Jacques regarde sa montre. Il fait semblant d’hésiter, sourit, et lâche : "A la fermeture, vers 4 heures." Comme une étoile qui s'éteint dans la nuit.

Grégoire Cherubini

John, la quarantaine, vient de Californie. Sa prestation sur la très énergique Basket Case, de Green Day, ne passe pas inaperçue. "Cette chanson me rend nostalgique, j’ai grandi avec", raconte l’Américain de passage pour trois jours à Strasbourg.

"Alors la photo, ça vient ?"

Les étrangers, beaucoup d’Erasmus, sont nombreux dans le bar. "On a une chanson nous aussi", nous interpelle une blonde aux yeux bleus, la vingtaine, pensant que l’on note les demandes des gens. Charlène "aka Charly B" est venue avec trois amies françaises et trois Allemands, rencontrés dans son Master. Elle regrette que leurs chansons allemandes n'aient pas beaucoup de succès au Bunny’s. 

Il est 23h30. Circuler dans le bar devient difficile, repérer qui chante aussi. Régulièrement, deux noms sont scandés par la foule. Après chaque prestation sur du Johnny, de nombreux fans demandent à Jacques une photo avec lui. "Alors la photo, ça vient ?" réclame la star, qui s’impatiente. "Un habitué du bar lui a même créé un compte Instagram, pour les fans !", nous montre Thomas sur son smartphone.

Les plantes sont produites de façon idustrielle en Belgique et au Pays-Bas. © CAMILLE LOWAGIE

La vente Plantes Pour Tous à Strasbourg, du 9 au 11 septembre. © CAMILLE LOWAGIE

La fermeture du site a été annoncée en mars 2021© Iris Bronner

Plus qu’une pratique associée aux zones périurbaines, le jardinage urbain est devenu un véritable phénomène de mode : des ventes de plantes éphémères en centre-ville à l’influence des réseaux sociaux, tout est bon (ou presque) pour végétaliser son intérieur.

Monstera, alocasia, calathea et pilea… Une rapide recherche #urbanjungle sur Instagram donne la mesure du phénomène de végétalisation de l’habitat citadin. Les réseaux sociaux fourmillent d'images d’appartements aux ambiances tropicales, passion terre cuite et plantes graphiques. 

Instagram et Pinterest ont joué un rôle important dans l’avènement de cette tendance verte, et le Covid n’a rien arrangé. Des communautés de passionnés de plantes d’intérieur s’y sont constituées et le terme « d’urban jungle » naît en 2016. Sur Facebook, on trouve à la fois des groupes d’échange de boutures et des réseaux d’entraide, où des plant addicts prodiguent leurs conseils pour sauver un ficus tout rabougri ou choisir la plante qui convient le mieux à une pièce faiblement éclairée.

Un effet de mode

Ce sont principalement les 20-35 ans, les « millenials de centre-ville », qui ont lancé le phénomène. « C’est un moyen pour les citadins, qui n’ont pas de jardin et qui vivent au rythme frénétique de la ville, de retrouver un environnement apaisé, en harmonie avec la nature », explique Abdel, responsable de l’événement Plante Pour Tous qui se tient à Strasbourg du 9 au 11 septembre.

Des événements organisés par Plant Pour Tous, Le Goût des Plantes, ou Le marché végétal d'Antoine et Julien, des grandes ventes de plantes éphémères, qui surfent sur cette tendance, attirent des centaines de personnes chaque jour : les queues de plant addicts n’en finissent pas. Organisées uniquement à Paris il y a cinq ans, elles couvrent désormais une trentaine de villes de France et d’Europe. Trois, quatres plantes sous le bras, Chloé attendait cet événement de la rentrée pour décorer son nouveau chez elle : « aujourd’hui, les plantes sont un incontournable de la décoration d'intérieur ! Ces variétés sont accessibles aux débutants et elles sont surtout moins chères qu’en jardinerie ».

L'impact de la crise sanitaire

Un engoument croissant, dans lequel la crise sanitaire a eu son rôle à jouer. Depuis l’arrivée du Covid-19, les ventes de plantes d’intérieur ont augmenté d’environ 20%. « Les urbains confinés dans 30m2 ont ressenti un important besoin de verdure pour être bien chez eux », affirme Jennifer, co-fondatrice de la jardinerie urbaine Tchungle à Strasbourg. 

Cultiver des plantes chez soi, une pratique si bonne pour le moral mais si néfaste pour la planète. Avec l’explosion de la demande, les jardineries sont perpétuellement en flux tendu sur la marchandise. Les fournisseurs peinent à suivre la cadence : depuis plusieurs mois, les producteurs de pots en terre cuite sont en rupture de stock. 

Une tendance peu écologique

Pour répondre aux besoins des grandes enseignes de jardinerie, des grossistes belges et néerlandais produisent des plantes de façon industrielle, souvent peu écologique. Engrais chimiques, immenses serres chauffées en plein hiver et transport de fret en avion, l’impact écologique de la green fever n’est pas forcément meilleur que celui des fleurs coupées.

Ce n’est pas la première fois qu’un grand bouleversement social ramène les plantes vertes sur le devant de la scène. Lors de la révolution industrielle, on observait déjà une végétalisation de l’intérieur de la classe moyenne, pour « atténuer les effets psychologiques négatifs du passage de la campagne à des paysages urbains pollués », rappelle l’association PromoJardin sur son site.

Loin de l’image du potager à la campagne, le jardinage s’est emparé de nos intérieurs urbains et la verdure déborde, si bien qu’elle s’attaque aussi à nos balcons.

Camille Lowagie

« On voit des étudiants arriver en pleurs à la réception, confie Charlyne, réceptionniste dans l’auberge de jeunesse The people’s hostel, dans le quartier de la Krutenau. Ça fait quatre ans que je travaille à Strasbourg et c’est la première fois que je vois autant d’étudiants en galère. » L’auberge, qui a ouvert fin mai, s’est adaptée à la situation. « On fait une petite ristourne. On permet d’allonger les séjours, ce qu’on ne fait pas d’habitude. Où ces étudiants auraient-ils dormi si on avait pas ouvert ? » 

Dans cette auberge, les étudiants occupent un tiers des dortoirs. Parmi eux, Julien, étudiant à l’école de journalisme de Strasbourg. Le jeune homme originaire du Mans, n’a pas eu l’occasion de traverser la France pour chercher un logement, à cause de son job d’été. Après un faux plan et malgré ses recherches à distance, le grand blond s’est retrouvé sans appartement le jour de sa rentrée. « La situation la plus économique, c’était l’auberge de jeunesse. Alors, je dors dans un dortoir avec sept personnes. » Ses soirées, Julien les consacre à la recherche de la perle rare. Depuis la rentrée, il a déjà fait dix visites d’appartement. Avec son budget de 650 euros pour un meublé, l’offre n’est pas pour autant plus importante. « En arrivant ici, je pensais que ça allait se décanter assez rapidement ! », ajoute Julien. 

Les agences immobilières débordées

Elina, étudiante en master d'enseignement et d’éducation, est également en recherche active de logement. La jeune femme admet qu’elle ne s’y est pas prise à l’avance dans ses recherches, mais elle pensait trouver plus facilement. « Je voulais faire une colocation mais j'ai l'impression que c’est encore plus compliqué. Je me suis donc rabattue sur un appartement seule. » Elle doit parfois faire face à des annulations de visite 30 minutes avant qu’elle ait lieu car le logement était déjà loué.

Pour une raison simple, comme l’explique Patrick Woelffel, responsable des locations à l’Immobilière du Rhin :  « Pour un appartement mis en ligne mercredi 8 septembre dans l’après-midi : 30 appels et douze visites prévues. J’ai dû retirer l’annonce le lendemain matin. » Il rappelle que cette période critique a toujours existé mais que « depuis deux, trois ans, cette période est encore plus critique. Cela arrive plus tôt et dure plus longtemps ». Même son de cloche chez Javier Demongeot, chargé de location chez Immoval, agence située avenue de la paix : «  Il y a une hausse des demandes, surtout un boom fin août-début septembre alors qu’on a plus beaucoup d'offres. Avant le Covid-19, il y avait surtout de la demande de fin juin à fin août et quelques retardataires en septembre. »

Pourquoi une telle tension ? Pour Javier Demongeot, « la réponse tardive des écoles » y est pour beaucoup. Jean-Marie, qui s’occupe de la gestion des logements dans les résidences Les Relais des étudiants, évoque, lui, un «« effet covid » inversé, lié à la reprise en présentiel ». Emilie, à l’accueil du Crous Paul Appell, rappelle, de son côté, qu’il y a « des affectations tardives de Parcoursup ». En dix ans, le nombre d’étudiants a grandement augmenté dans la capitale européenne. En 2011, ils étaient 54 000 contre 67 000 aujourd’hui.

Résultat des courses :  certains étudiants doivent s’excentrer pour trouver un appartement. « Au début, ils cherchent à la Krutenau, puis ça se déporte vers Esplanade et après vers des quartiers plus périphériques comme Montagne Verte ou même à Illkirch », souligne Patrick Woelffel. 

Des solutions d’urgence 

Lorsque des propriétaires reçoivent entre 100 et 200 appels pour leurs biens, les étudiants doivent s’armer de patience et trouver d’autres solutions. Au Crous Paul Appell, Emilie explique que les étudiants sans logement sont redirigés vers des sites comme Strasbourg aime ses étudiant-es qui regroupe des offres de logements seuls, de colocation ou de cohabitation avec des personnes âgées ou vers le site de location Lokaviz. Mais combien sont-ils d’étudiants dans ce cas-là ? Le Crous n’a pas su répondre.

L’Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg (Afges) propose 30 chambres d’hôtels pour loger en urgence des étudiants précaires, sans connaissance dans la région, qui recherchent un appartement. Actuellement, une seule chambre est vacante. Depuis le 23 août, l’association a reçu plus de 250 demandes, « beaucoup plus que d’habitude », souligne sa présidente, Léa Santerre. Cette aide d’urgence ne peut pas être réservée à l’avance et dure dix jours maximum, le temps d’espérer trouver un appartement. 

L’université et l’Eurométropole tentent de répondre à cette crise du logement. Elles ont mis en place, depuis 2018, d’un Observatoire territorial du logement étudiant en Alsace, en partenariat avec le Crous et l’Agence de développement et d’urbanisme de l’agglomération strasbourgeoise. Un travail d’identification des logements étudiants vacants est également mené par la faculté. Une initiative visiblement insuffisante car le 9 septembre de nombreux étudiants restent encore sans logement.

 

Camille Bluteau, Éléonore Disdero et Séverine Floch

 

Entre 2010 et 2016, le nombre de femmes n'utilisant aucune contraception a diminué drastiquement. Lors de son intervention, Olivier Véran a néanmoins évoqué un « recul de la contraception chez un certain nombre de jeunes femmes », avec comme premier motif, « un renoncement pour raisons financières ». Aucun chiffre n'a été avancé par le ministre.

Elia Ducoulombier

Jacques et ses fans au Bunny's. © Grégoire Cherubini

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