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Vous trouverez dans ce dossier multimédia tous les éléments correspondant à ma candidature pour France Télévisions.
Mon premier news est un décryptage sur le phénomène de la déflation qui a démarré en France en février dernier. Il a été réalisé le 19 février 2015.
Mon second news est une présentation des trois réalisateurs asiatiques en compétition au festival de Cannes pour la palme d'or. Il a été réalisé le 17 avril.
Mon dossier multimédia porte sur la réforme de l'éducation prioritaire. À la rentrée 2015, se mettent en place les réseaux d'éducation prioritaires, une nouvelle forme de ZEP. L'objectif fixé par le gouvernement est cette fois de se recentrer sur les établissements difficiles, tant sur des critères sociaux que scolaires, qui en ont plus besoin. Et pour ce faire, un nouvelle carte de l'éducation prioritaire a été mise en place en plus de nouveaux critères de sélection. De ce fait, certaines écoles et collèges quittent le dispositif, d'autres entrent. Ce dossier est composé d'un article qui relate la situation alsacienne qui a connu tous les cas de figure. Ensuite intervient une analyse de cette réforme et le bilan qui peut être tiré de celles précédentes. Enfin, le dossier se termine sur une frise chronologique complétée d'une interview de deux professeurs ayant 17 et 27 ans d'expérience, dans le but de revenir sur les 34 années d'éducation prioritaire.
Bonne lecture à vous.
Julien Pruvost.
De 1981 à aujourd'hui, les ZEP ont mué plus d'une fois. Durant les vingt-cinq premières années, le dispositif a connu une nette inflation en nombre d'établissements concernés, avant de connaître une diminition à partir de 2006. Il en va de même du nombre de dispositif qui se sont superposés à l'éducation prioritaire, souvent mis en place dans le cadre de la politique de la ville. Mais le bilan des ZEP reste toujours aussi difficile à déterminer. Retour sur 34 années d'éducation prioritaire.
Jacqueline Notter, est professeur de SVT depuis 27 ans au Collège Solignac, dans le quartier défavorisé du Neuhof, au sud de Strasbourg. Sa collègue, Claudine Giedinger, enseignante en anglais, en est à sa 17e année. Elles ont connu plusieurs réformes de l'éducation prioritaire. Elles reconnaissent que certaines leur ont facilitées la tâche. Mais d'autres leur donnent l'impression que l'éducation prioritaire fait du "surplace".
La sélection des films qui se disputeront la palme d’Or durant la 68e édition du festival de Cannes a été dévoilée. Parmi les 17 lauréats, trois réalisateurs asiatiques fouleront de nouveau le tapis rouge de la Croisette : Le Taïwanais Hou Hsiao Hsien avec The Assassin, le Chinois Jia Zhang-Ke qui présentera Mountain May Depart et le Japonais Hirokazu Kore-Eda, avec Our Little Sister.
Hou Hsiao Hsien, le chevalier errant
Digne représentant de la nouvelle vague du cinéma taïwanais, le réalisateur Hou Hsiao Hsien, 68 ans, tentera de décrocher la palme d’or avec The Assassin, dans lequel il s’essaie à un nouveau registre : le film d’arts martiaux et plus précisément, de sabre. L’histoire est celle d’une meurtrière qui évolue dans la Chine du IXe siècle. Le dernier contrat qu’elle reçoit, la pousse à remettre en question sa loyauté envers ses employeurs. Ces derniers lui ont commandé l’assassinat de son amant.
Habitué aux longs plans et travelings contemplatifs, le réalisateur Taïwanais tente de donner un nouveau souffle au genre Wu xia, contant l’histoire de chevaliers, adeptes des arts martiaux. Il marche donc sur les pas de Wong Kar-Waï, le réalisateur hong-kongais, qui avait apporté un regard mélancolique sur le Wing chun, la technique martiale de Ip man, le maître de Bruce Lee, dans le film The Grandmaster (2013).
Le réalisateur taïwanais est pourtant un habitué des drames sociaux sur fonds historique. Le Festival de Cannes l’a découvert en 1993 avec le deuxième épisode de sa trilogie sur l’histoire de Taïwan, Le maître des marionnettes, récompensé par le prix du Jury.
The Assassin est ainsi le sixième film que Hou Hsiao Hsien présente à Cannes. Il y confie le rôle principal à l’actrice taïwanaise Shu Qi, avec laquelle il a collaboré à plusieurs reprises : La première fois en 2001, pour le film Millenium Mambo, une histoire d’amour sur fond de jalousie et Three Times, en 2005, un triptyque sentimental.
Pourtant habitué à tourner avec peu de moyens, le réalisateur a failli ne pas pouvoir terminer son film, la faute à un budget initial insuffisant. Il faudra cinq années pour que le tournage prenne fin et que le film apparaisse enfin sur grand écran.
Jia Zhang-Ke, le portraitiste
Le Chinois Jia Zhang-Ke a pour habitude de portraiturer l’évolution de la société chinoise grâce aux histoires individuelles de ses protagonistes. Il réitère avec Mountain may depart, lui aussi en compétition au festival de Cannes. Cette fois, le scénario se focalise sur la vie d’un couple chinois répartie en trois temps : du mariage forcé de la protagoniste dans les années 90 qui se solde bien plus tard par un divorce, puis une dizaine d’année après, lors des retrouvailles avec son amour de jeunesse, et enfin en 2025, propulsant ainsi le spectateur en Australie, pour suivre le triste quotidien de son fils.
La dernière fois que Jia Zhang-Ke a foulé le tapis rouge de Cannes, c’était en 2013, pour présenter A touch of sin, alors récompensé du prix du meilleur scénario. Comme son homologue Hou Hsiao Hsien, il s’était alors essayé au film de chevaliers errants, à sa façon : Un scénario découpé en quatre histoires, basées sur des faits divers violents qui ont marqué la Chine durant les vingt dernières années. Parmi elles, celle d’un Chinois auteur d’une expédition punitive contre les fonctionnaires corrompus de son village, se soldant par la mort de quatorze personnes. Son film a d’ailleurs été censuré à sa sortie par les autorités chinoises.
Avec Mountain may depart, Jia Zhang-Ke quitte la violence physique de son précédent film, sans pour autant oublier les pressions sociales que connaît son pays. Sujet récurrent dans l’ensemble de son œuvre. Dans 24 City, son premier film présenté à Cannes en 2008, il suivait le quotidien de trois générations d’ouvriers dans une usine vouée à être démolie pour y construire à la place un complexe hôtelier de luxe. Sans oublier Still Life, qui illustre les déplacements de population suite à la construction du barrage des Trois gorges. Ce Film a d’ailleurs permis à Jia Zhang-Ke d’obtenir sa première récompense internationale lors de la Mostra de Venise en 2006, neuf ans après le début de sa carrière.
Hirokazu Kore-Eda, au cœur de la famille japonaise
Le Pays du soleil levant est lui aussi représenté au festival de Cannes. Hirokazu Kore-Eda, est en compétition pour la palme d’or avec sa nouvelle fresque familiale Our little sister, l’adaptation d’un manga à succès au Japon. Trois sœurs, âgées de 19 à 29 ans, subissent le décès de leur père et découvrent, lors de son enterrement, l’existence d’une demi-sœur de 13 ans.
Ce n’est pas la première fois que Kore-Eda noue avec le deuil et les bouleversements familiaux. Dans Distance, son premier film présenté sur la Croisette, un groupe d’amis retournent sur le lieu du décès de l’un de leur proche, survenu lors du massacre des membres d’une secte religieuse. Quant à Still Walking, sorti en 2009, le réalisateur japonais raconte l’histoire d’une famille nippone dont le fils aîné est mort noyé. Chaque année, le cadet retourne chez ses parents, accompagné de sa femme et de son fils pour commémorer le décès.
Autre thématique familiale qui colore la filmographie de Hirokazu Kore-Eda : l’enfance. On la retrouve dans Nobody Knows, où une fratrie de quatre enfants est abandonnée par leur mère volage. Un film qui permettra au jeune acteur Yûya Yagira d’être récompensé du prix d’interprétation masculine du festival de Cannes, en 2004. Puis dans I Wish, dont le scénario dévoile le quotidien de deux jeunes frères séparés par le divorce de leurs parents. Après être passé par la catégorie Un certain regard en 2009 avec Air Doll, Kore-Eda a remporté le prix du Jury en 2013 avec Tel Père Tel Fils. Une histoire de bébés échangés par erreur à la maternité et qui grandissent dans deux familles socialement opposées.
Le collège Solignac à Strasbourg, passera au statut REP+ à la rentrée 2015.
Crédit Photo Julien Pruvost
La nouvelle carte de l’éducation prioritaire rentrera en vigueur à la rentrée de septembre. Les dispositifs Éclair et RRS (Réseau réussite scolaire) prennent fin et seront remplacés par les Réseaux d’éducation prioritaire (REP), toujours composés d’établissements de la maternelle au collège souffrant de fortes difficultés sociales et scolaires. Avec cette énième redéfinition des ZEP, le ministère de l’Éducation nationale espère ainsi recentrer ses moyens sur les établissements qui, selon lui, en ont le plus besoin.
Nouvelle carte, nouvelle donne
Les règles du jeu ont changé pour les établissements classés en éducation prioritaire. Les anciennes ZEP seront à la rentrée prochaine divisées en deux catégories : les REP et les REP+ pour les plus sensibles. Publié en début d’année, leur classement dépend de critères scolaires, sociaux et démographiques regroupés en un indice social unique mis en place par la DEPP, la division statistique de l’Éducation nationale. Cet indicateur a remodelé l’ancienne carte des réseaux Eclairs et RRS. À la prochaine rentrée, 1089 réseaux, dont 350 REP+ et 739 REP, verront le jour pour quatre ans, soit légèrement plus que précédemment (1082 Éclair et RRS). Même si le nombre de réseaux semble stable, pas moins de 200 collèges et 1400 écoles ont quitté l’éducation prioritaire. Un total compensé par autant d’entrées dans le nouveau dispositif.
Pour de nombreux établissements sortants, ce nouveau redécoupage des ZEP passe mal. Depuis l’annonce de la sortie de leur établissement du dispositif fin 2014, de nombreux parents d’élèves et professeurs se sont mobilisés à travers la France pour tenter de sauvegarder leur label. Le ministère de l’Éducation nationale a répondu en créant la convention académique de priorité éducative (Cape), maintenant les moyens attribués jusqu’à présent, aux établissements sortants. Mais les inquiétudes des parents et enseignants n’ont pas été calmées pour autant, malgré l'intégration à la dernière minute de sept réseaux supplémentaires.
Les critères de classement divisent les syndicats
La transparence de la réforme ne fait pas l'unanimité du côté des syndicats d'enseignants. La nouvelle organisation de l'éducation prioritaire divise les syndicats. Selon Aline Becker, secrétaire nationale adjointe du Snuipp-FSU, syndicat enseignant du premier degré, « les critères ont été choisis de façon arbitraire, et ils ne garantissent pas un classement plus équitable des établissements. »
Le SGEN-CFDT n’est pas de cet avis, car pour sa secrétaire nationale Claudie Paillette, « l’indice social unique permet de donner une nouvelle lecture de la carte de l’éducation prioritaire et ainsi permettre d’éviter le saupoudrage de moyens ». En revanche, les deux syndicats s'accordent pour déplorer le sort d’écoles « orphelines ». Des écoles qui, selon eux, entrent dans les critères des REP, voire des REP+, mais dont le collège auquel elles sont rattachées ne fait pas partie de l’éducation prioritaire. Le Snuipp-FSU en dénombre près de 500.
Une nouvelle organisation entre établissements d’un même réseau
Avec des primes, des moyens supplémentaires, et une organisation en réseau repensée, le ministère ne manque pourtant pas d'arguments. Chaque collège classé REP ou REP+ chapeaute le réseau auquel il appartient. L’éducation prioritaire nouvelle formule insiste davantage sur la coopération entre les enseignants du collège et ceux des écoles de chaque réseau. « C’est la première fois qu’une relance de l’éducation prioritaire accorde du temps aux enseignants pour une mission autre que le face à face avec l’élève », se félicite Marc Douaire, président de l’Observatoire des zones prioritaires, association qui suit l'actualité des ZEP. Pour lui, « les enseignants pourront plus se concerter pour mener à bien des projets interdisciplinaires. Jusqu’à présent, il s’agissait surtout d’initiatives individuelles ». Désormais, des heures communes entre les établissements seront mises en place pour développer des projets sur l’ensemble des réseaux.
Du temps pour la formation et l'encadrement
Par ailleurs, en REP+ les enseignants du primaire comme du secondaire bénéficient d’heures de décharges dédiées à leur formation et à la mise en place des projets interdisciplinaires. Ce temps supplémentaire est de neuf journées par an dans les écoles élémentaires et d’1h30 par semaine au collège.Du côté des écoles maternelles, une classe par réseau sera mise en place pour accueillir les enfants scolarisés avant trois ans. Pour les primaires, un maître supplémentaire par école devrait améliorer le suivi des enfants en difficulté. Quant au plafond des 25 élèves par classe, il est maintenu, en REP et en REP+.
Une prime pour stabiliser les équipes pédagogique
Pour tenter de stabiliser les équipes pédagogiques, les indemnités des enseignants sont revalorisées. Elles sont doublées en REP+ (passant à 2312€ annuels), ce qui concerne 38 000 enseignants, et augmentées de moitié en REP (1734€/an) pour 81 000 professeurs et instituteurs. Un test du dispositif REP a déjà lieu dans 102 réseaux « préfigurateurs », classés REP+, depuis septembre 2014. Ils devront guider les écoles et collèges de leur académie qui goûteront bientôt à la réforme.
D’une relance à l’autre, l’efficience des ZEP remise en question
Le système éducatif français est l’un des plus inégalitaires de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). C’est ce que concluait l’étude PISA de 2012, base de l’actuelle réforme, qui classe 65 pays selon le résultat de leurs élèves. Non seulement les écarts entre les bons et les mauvais élèves se creusent, mais en plus, le niveau des élèves originaires de milieux défavorisés plombe le classement du pays. En ce qui concerne les résultats en mathématiques des élèves de 15 ans, la France passe de la 13e à la 33e place en fonction de la prise en compte ou non des élèves d’origine défavorisée. De quoi mettre à mal le bilan des ZEP qui concentrent les élèves issus de ce même milieu.
Néanmoins, l’historienne Lydie Heurdier, auteure d’une thèse, publiée en 2008, sur les vingt premières années de l’éducation prioritaire en France, nuance. « Effectivement, en moyenne les résultats sont de plus en plus mauvais, les écarts se sont creusés, explique-t-elle. Cependant, il existe certains établissements où le dipositif a fonctionné. Les études qui reposent sur des moyennes occultent cette réalité »
La difficile évaluation de l’éducation prioritaire est soulignée à plusieurs reprises aussi bien par les chercheurs que les inspecteurs de l’Éducation nationale., Publié en 2006, le rapport Gille-Armand, du nom de deux inspecteurs de l’éducation nationale, constate que « la politique d’éducation prioritaire a produit peu d’effets tangibles sur les écarts constatés entre les résultats scolaires des élèves en éducation prioritaire et hors éducation prioritaire ». Pour autant, toujours dans le même rapport, on peut lire qu’« il n’y a pas de déterminisme total de l’échec, mais les écarts de performance [entre ZEP], s’ils sont constatés, ne sont pas assez souvent analysés, et compris ».
Les ZEP, un dispositif de plus en plus complexe ?
« L’éducation prioritaire est jusqu’à présent un véritable mille-feuille, estime Marc Douaire, de l’OZP, au bout de trente ans, on ne s’y retrouve plus. De nombreuses mesures sont venues se superposer aux ZEP, comme celles concernant les zones sensibles liées à la politique de la ville ».
Sans compter le nombre croissant d’établissements concernés, en constante hausse depuis la mise en place de l’EP, en 1982. « Avec la relance de 1998, le nombre de ZEP a explosé, explique Lydie Heurdier. Depuis, on assiste à un saupoudrage de moyens, ce qui est contraire aux objectifs initiaux de l’éducation prioritaire ». La ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem avait comme ambition de mettre fin à l’inflation de l’éducation prioritaire. En vain, puisqu’elle n’a réussi qu’à limiter l’augmentation du nombre de réseaux.
Mais la ministre ne parie pas que sur l’éducation prioritaire pour tenter de pallier l’impact des inégalités sociales sur l’enseignement : avec notamment la réforme de l’allocation des moyens, les postes supplémentaires d’enseignants hors éducation prioritaire seront répartis à la rentrée prochaine prenant en compte cette fois-ci, des critères sociaux en plus de ceux démographiques.
Manifestation des parents d'élèves et des enseignants du réseau Stockfeld,
à Strasbourg. Ils réclament le passage en REP+ car ils estiment avoir déclassés.
Crédit photo : Julien Pruvost
L’Alsace fait partie de ces académies où la mue de l’éducation prioritaire ne s’est pas faite en silence. Avec deux réseaux qui sortent de ZEP et un autre dont les parents et les professeurs estiment avoir été déclassés injustement, plusieurs manifestations ont eu lieu dès l’annonce, fin 2014, de la nouvelle carte des REP. Néanmoins, deux nouveaux réseaux verront le jour à la rentrée 2015.
Ce mercredi après-midi, une vingtaine de parents, d’enseignants et quelques élèves se sont donnés rendez-vous devant le complexe scolaire Reuss, dans le quartier sud de Strasbourg, le Neuhof. Ils s’apprêtent à rejoindre le rectorat pour manifester une sixième fois depuis l’annonce, fin 2014, du « déclassement » de leur établissement. Ce dernier est composé de deux écoles primaires et une maternelle rattachées au collège voisin du Stockfeld. Situés L’ensemble est classé en éducation prioritaire. Il le sera toujours à la rentrée 2015. Mais avec la réforme des ZEP et la mise en place de nouveaux critères de classement, le réseau du Stockfeld ne fait plus partie des établissements les plus sensibles, désormais dénommés REP+. Il devient ainsi un réseau d’éducation prioritaire (REP). Quelle différence entre REP et REP+ ? Les professeurs n’auront pas accès aux heures supplémentaires de formation et au temps dédié au suivi et projets interdisciplinaires, ni aux indemnités doublées.
« Nous estimons injuste le déclassement du réseau Stockfeld, considère Dominique Haquette, délégué syndical CGT et professeur d’Histoire-Géographie au collège du Stockfeld, car les données utilisées par le rectorat ne correspondent pas à la réalité des quartiers d’où proviennent les élèves ». Ils réclament toujours auprès du rectorat que leur soient transmises les méthodes de calcul et les données mobilisées pour effectuer ce classement. En vain, car pour la représentation académique de Strasbourg, il n’y a pas d’erreur possible. Mais les manifestants ne comptent pas s’arrêter là car selon eux, « la crainte c’est qu’à terme notre réseau n’aie plus autant d’enseignants supplémentaires et que les moyens soient alloués aux établissements REP+ avant nous », s’inquiète Karim Amejrar, parents d’élèves de l’école élémentaire Reuss.
Deux établissements sortent de ZEP mais conservent leurs moyens
Lors de l’une de l’une de leurs mobilisations, ils ont été rejoints par les enseignants et les parents d’élèves du collège Reber de Sainte-Marie-aux-Mines, une ville située dans la campagne haut-Rhinoise à plus de 70km de la capitale alsacienne. Le réseau Reber, tout comme celui du collège Jean Mermoz à Wittelsheim (67), sort complètement de l’éducation prioritaire après l’avoir intégrée près de vingt années plus tôt. « Pour moi, s’il n’y a pas de REP, il y aura forcément plus de mutations d’enseignants, pense Véronique Herment, présidente de l’association des parents d’élèves du Val d’Argent, c’est toute la stabilité pédagogique qui est remise en question. Déjà que nous sommes isolés géographiquement, maintenant nous nous sentons vraiment abandonnés. » Tout comme le collège strasbourgeois, les parents d’élèves ont tenté d’obtenir auprès du rectorat le détail du classement des REP, sans succès, même après la saisie de la Commission d’accès aux documents administratifs, la Cada. Néanmoins, comme l’ensemble des établissements sortant de ZEP, le réseau Reber devrait conserver pendant quatre ans les moyens qui lui étaient alloués jusqu’à présent. Certains professeurs voient d’un mauvais œil les réformes à venir. « J’ai peur qu’avec la refondation du Collège et la réforme des moyens alloués aux établissements, cette promesse du ministère et du rectorat ne dure pas plus d’une année, s’inquiète Guillaumet Douté, professeur d’histoire géographie, en poste depuis 10 ans au collège Réber. Et si en plus du retrait de notre label ZEP, les classes européennes ou d’autres options attractives sont supprimées [l’une des mesures phare du projet de réforme du Collège, NDLR], il va être difficile d’attirer des élèves de tous les milieux sociaux ».
Un bol d'air frais pour les enseignants
Les ZEP sont souvent critiquées pour l’image négative qu’elles véhiculent. Cette nouvelle réforme prouve que les établissements concernés tiennent tout de même à leur label. À Bischwiller, petite ville de 13 000 habitants au nord de Strasbourg, le collège André Maurois fait partie des deux établissements alsaciens qui intègrent le dispositif REP. La majorité de ses élèves sont originaires des quartiers populaires alentours, composé de petites maisons situées sur l’ancien secteur industriel de la ville. Ses 500 élèves, La principale adjointe, Chantal Mabire, ne cache pas que « nous avons eu peur qu’un amalgame soit fait entre notre établissement et le stéréotype de la ZEP difficile. Mais jusqu’à présent les parents ont très bien réagi. » D’autant que les moyens supplémentaires vont permettre de « travailler sans devoir faire de coupes, ajoute-t-elle. Nous allons par exemple pouvoir maintenir des cours de jardinage tout en développant les activités sportives et culturelles ». Un bol d’air frais qui est apprécié du côté des enseignants, aussi bien à Bischwiller qu’à Mulhouse, au collège Bel Air situé près des barres d’immeubles du quartier des Coteaux, d’où sont originaires une grande partie des élèves. « On ne pouvait pas faire autrement, estime Hervé Gouffier, professeur d’Histoire Géographie depuis 14 ans à Bel Air, notre collège accueille près de 70% de boursiers et 50% d’élèves issus de catégories sociales défavorisées. Sans REP, nous n’aurions pu maintenir certaines mesures d’accompagnement, tel que le soutien scolaire le soir ».Ces deux établissements doivent donc dès à présent coordonner leur réseau d’écoles élémentaires et maternelles et ainsi développer des projets inter-degrés comme la réforme l’impose.
L’établissement Erasme, dans le Nord-ouest de Strasbourg, a découvert le nouveau dispositif cette année. Situé au cœur du quartier de Hautepierre composé à la fois de petits pavillons et de barres des barres d’HLM, Il fait partie des 102 réseaux « préfigurateurs » classés REP+, dont trois en Alsace, c’est à dire une sorte d’établissements envoyés en « éclaireurs » tester la réforme avant les autres. « Nous avons profité de REP+ pour initier des nouveautés, explique Christiane Polowykov, par exemple nous avons mis en place une semaines projet pour chaque trimestre, durant lesquelles les élèves travaillent en groupe restreint sur une thématique par niveau, comme l’estime de soi en sixième ». Cependant, les enseignants semblent encore être en période de rodage. L’heure et demie hebdomadaire de décharge permettant notamment aux professeurs de se coordonner a encore besoin d’être maîtrisée. « Nous n’avons pas réussis à nous saisir des heures de liberté, estime Marie Béringer, professeure de SVT depuis 5 ans à Erasme, tout d’abord parce que notre temps de concertation était mal placé dans notre planning. Ensuite, parce qu’avec cette possibilité de faire davantage de projets interdisciplinaires, nous avons eu envie de 1000 idées de projets, et nous nous sommes vites retrouvés débordés. C’est paradoxale alors que nous sommes censés avoir moins d’heures de cours ».
Le collège s'ouvre aux parents
Les parents aussi ont pu observer les changements apportés par le dispositif REP+, notamment avec l’ouverture des conseils de classe à tous les parents d’élèves qui le souhaitent. « Ça permet de mieux situer le niveau de mes enfants par rapport à celui des autres, explique Hadda Baddouri, 37 ans, mère de trois enfants dont deux scolarisés au collège, en plus cela nous permet de discuter tout de suite avec les professeurs ». Mais la nouvelle organisation de l’éducation prioritaire a été plus discrète en primaire. Pour l’instant, pas encore de « plus de maîtres que de classes », l’un des points clefs de la réforme. « Seul un maître a été affecté à notre réseau, souligne Simone Breining, la directrice et institutrice de l’école primaire Brigitte, malheureusement il n’y a qu’une école qui a pu en profiter, et ce n’est pas la mienne ». Ces 102 éclaireurs de la réforme de la ministre Najat Vallaud-Belkacem, devront partager leur expérience, positive ou négative, avant la rentrée 2015 et ainsi ouvrir la voie aux 248 autres REP+ et aux 739 REP qui les rejoindront.
Vous trouverez dans ce dossier les différents éléments qui composent ma candidature.
Mon premier post d'actualité concerne le procès en révision de Christian Iacono et son acquittement. Il a été réalisé le 25 mars.
Le second post d'actualité est sur la libération de l'otage néerlandais au Mali par les forces armées françaises. Il a été écrit le 6 avril.
Le dossier multimédia est composé de deux articles et d'une interview. Il y est question des violences sexuelles sur les enfants. A Calais, le 15 avril, une petite fille est enlevée alors qu'elle jouait en bas de chez elle. Elle est retrouvée quelques heures plus tard dans un bois, sans vie après avoir été violée. Le 24 mars, un directeur d'une école primaire avoue des actes de pédophilie sur plusieurs dizaines de ses élèves en Isère.
Les cas de violences sexuelles à l'encontre des enfants ne cessent de se multiplier ces dernières semaines. Comment ces enfants qui ont subi un traumatisme sont-ils pris en charge pour se reconstruire ? L'association CAMELEON, depuis dix ans, met en place aux Philippines une thérapie par le cirque pour les petites filles victimes d'abus sexuels. Une employée de l'association raconte son expérience aux Philippines. Pourtant, l'association Mémoire traumatique et victimologie a publié un rapport sur l'impact des violences sexuelles à l'âge adulte. Cette enquête dénonce une "culture du viol" en France et la culpabilisation des victimes. Elle pointe le manque d'encadrement et de suivi après les violences subies.
Bonne lecture,
Laurine Personeni
Ces vingt dernières années, le nombre d'agriculteurs a été divisé par deux en France. Et pourtant, malgré les difficultés, ils sont près de huit mille à se lancer chaque année dans l'aventure en créant ou en reprenant une exploitation. Reportage dans la campagne strasbourgeoise de Thomas Gathy.
Après la profanation du cimetière juif de Sarre-Union, François Hollande s'est rendu ce matin sur place. Le Président a prononcé un discours devant des centaines de collégiens et de lycéens.
Après le recueillement, c'est le temps des premières questions.
Thomas Gathy / Christophe Carnino