Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.
«Ce sont des promesses populistes, réagit Boguslaw Sonik, député européen de Plateforme civique. C'est compliqué de changer la loi sur l'avortement, elle est issue d'un compromis passé il y a une vingtaine d'années.» En accord avec Robert Biedron sur les questions d'égalité hommes-femmes, de démocratie et de liberté, il déplore néanmoins son «fort discours anti-clérical». Boguslaw Sonik ajoute : «Nous lui avons proposé de se joindre à nous dans un bloc démocratique pour faire barrage au PiS, mais il a refusé.» Ses adversaires l'accusent d'ailleurs de faire le jeu du parti au pouvoir, en divisant l'opposition.
Parviendra-t-il à s'imposer durablement dans le paysage politique polonais ? Robert Biedron serait crédité de 6 à 10% des votes pour les élections européennes en mai prochain selon plusieurs sondages. Ce qui le placerait en troisième place, derrière le PiS et PO.
Un retour de la gauche en Pologne ?
«Il y a toujours l'effet de nouveauté, analyse Boguslaw Sonik. Ceux qui aspirent à un retour de la gauche comptent sur Robert Biedron.» En Pologne, la gauche a totalement disparu du parlement il y a trois ans. Aucun parti n'a atteint le seuil nécessaire de 8% des voix lors des élections de 2015. «Sous le drapeau d'une gauche verte et sociale, Biedron peut rassembler les branches de gauche dispersées», explique Boguslaw Sonik. Il rappelle tout de même l'échec d'initiatives similaires dans le passé, comme celle de Janusz Palikot, ayant obtenu 10% des suffrages en 2011, ou le parti Razem qui avait récolté 3,6% des voix en 2015.
Robert Biedron mise sur son bilan en tant qu'ancien maire de Slupsk, ville d'environ 100 000 habitants. Il se félicite d'avoir réduit la dette de sa commune, tout en privilégiant le développement rural. «C'est un très bon candidat, il a fait du super travail», considère Maxim, 25 ans, habitant de Koszalin, à 70 kilomètres de Slupsk. «Les Polonais ne sont pas très ouverts d'esprit sur l'homosexualité, ça pourrait le desservir», note-t-il néanmoins. Fondateur de la Campagne contre l'homophobie en Pologne, Robert Biedron a été le premier député à assumer publiquement son homosexualité.
Dans ses discours, il ne se définit pas clairement comme de gauche, mais plutôt comme «progressiste». Pour une redistribution des richesses en faveur des zones rurales qu'il estime laissées de côté, il se donne pour objectif de réunir une Pologne divisée, moins d'un mois après l'assassinat de Pawel Adamowicz. Le maire de Gdansk, catholique, avait soutenu la communauté LGBT et accueilli des migrants dans sa ville. Dans son discours, Robert Biedron affirme vouloir «réaliser son héritage».
Mathilde Obert
Robert Biedron, gay et ahtée, a lancé dimanche 3 février son parti politique de gauche, Wiosna («printemps» en polonais). Nouvel espoir des progressistes, il tente de se faire une place dans le paysage politique conservateur et catholique polonais.
6 000 personnes se sont réunies dimanche dans un stade couvert à Varsovie pour le meeting de Robert Biedron. L'ancien maire de Slupsk a annoncé la création de son parti politique, Wiosna. Entouré de drapeaux polonais et européens, le politicien de 42 ans énonce les grandes lignes d'un programme social, en rupture avec Droit et justice (PiS), parti de droite conservateur au pouvoir, et son principal opposant, Plateforme civique (PO), libéral de centre-droit.
Robert Biedron envisage notamment la séparation totale de l'Église et de l'État dans un pays majoritairement catholique. L'homme politique souhaite supprimer le financement des cours de religion à l'école, ou encore les avantages fiscaux accordés au clergé. Au programme également, la libéralisation de l'avortement, l'égalité des salaires entre les hommes et les femmes, et l'union entre les personnes du même sexe. Écologiste, il prévoit la fermeture de toutes les mines de charbon d'ici 2035.
La pédagogie pour rassurer
Que faire pour protéger le troisième âge des dangers de la route ? Il faut refaire un peu de pédagogie, pour mettre à jour leur connaissance des règles de conduite. Parfois, ce sont les enfants qui insistent, pour que leurs aînés prennent quelques heures de cours de conduite. « Mais ça reste vraiment anecdotique, relativise Valérie Dry-Ramirez. Le plus souvent, des conférences sont organisées, par les écoles de conduite ou par des sociétés d’assurance, pour que les seniors se rencontrent et discutent de leurs habitudes au volant. »
Depuis 2016, la préfecture du Bas-Rhin a elle aussi mis en place des modules pédagogiques du même acabit, pour inciter les usagers seniors « à adapter leur conduite en fonction de leur vulnérabilité. » En s’appuyant sur un réseau de bénévoles, et avec l’aide d’inspecteurs de la conduite, Antoine Klis organise chaque année trois à quatre modules à Strasbourg et dans tout le département. Au programme de ces réunions : simulations de conduite pour tester les temps de réactions, examens fictifs du code de la route. Tout est fait pour mettre à jour la conduite des plus âgés.
Car les seniors se sentent concernés par leur conduite. « Très souvent ils appréhendent de prendre le volant, explique Valérie Dry-Ramirez, et quand ils se retrouvent dans une situation qu’ils ne maîtrisent pas, ils paniquent. » Alors l’objectif est de les amener à adapter leurs habitudes de conduite à leur rythme de vie : « On essaie par exemple de leur faire comprendre que ça peut être dangereux d’aller chercher son pain ou d’aller chez le boucher à huit heures du matin, parce que c’est l’heure où il y a le plus de monde sur les routes. »
Les personnes âgées ne sont pas vulnérables uniquement lorsqu’ils sont derrière le volant. Les piétons sont aussi largement touchés par la violence routière : un tiers des piétons décédés dans le Bas-Rhin depuis 2016 étaient des seniors.
Matthieu Le Meur
La préfecture tire la sonnette d’alarme : en janvier 2019, cinq seniors ont trouvé la mort en voiture dans le Bas-Rhin. Pour Antoine Klis, coordinateur sécurité routière de la préfecture, « ce chiffre ne révèle pas une augmentation de la mortalité de nos aînés, mais justifie tout de même que l’on continue à communiquer sur le problème. »
Un chiffre « pas surprenant », pour Valérie Dry-Ramirez, coordinatrice pédagogique de l’École de Conduite Française Llerena à Strasbourg. La population française est déjà vieillissante (2,8 de millions de Français avaient plus de 80 ans en 2005. Ils étaient 5,8 millions en 2015). Et les seniors « sont de plus en mobiles », analyse Valérie Dry-Ramirez.
Pour Antoine Klis, « ces usagers sont avant tout des dangers pour eux-mêmes. »
Une population vulnérable
Sur les cinq dernières années, 20% des accidentés corporels sur la route étaient des usagers de plus de 65 ans. « En général ils ne sont pas plus responsables que d’autres, ils sont seulement plus vulnérables », analyse Antoine Klis. Les personnes âgées succombent plus souvent que leurs cadets aux accidents de la route. Elles prennent par exemple plus de médicaments que les autres tranches d’âge, sans toujours prendre en compte les dangers et les effets secondaires qu’ils impliquent.
D’autant qu’avec l’âge, la vue baisse, l’agilité aussi. Et par conséquent le temps de réaction sur la route.
« Et puis, note Valérie Dry-Ramirez, avoir obtenu son permis de conduire il y a cinquante ans n’est pas la même chose que d’obtenir l’examen dans les années 2010. » Pour elle, les seniors sont désorientés : il y a tout simplement beaucoup plus de trafic sur les routes aujourd’hui qu’il y a un demi-siècle. « En général les problèmes surviennent quand les personnes quittent la vie active, car elles commencent alors à moins conduire. »
Un quart des morts sur les routes du Bas-Rhin depuis 2016 a plus de 65 ans. Les seniors sont surreprésentés parmi les accidentés mortels du département. Cette statistique inquiète les autorités et les professionnels de la conduite.