Le président Javier Milei a annoncé mercredi 5 février se retirer de l’Organisation mondiale de la santé, une semaine après son homologue états-unien. Il a également déclaré vouloir interdire les traitements et chirurgies de transition de genre pour les mineurs transgenres, alors que Trump multiplie aussi les décrets limitant leurs droits. Dans une interview au Point publiée mercredi, le président argentin en rajoute une couche et évoque la possibilité de sortir des accords de Paris sur le climat.
Ces politiques similaires entre les deux dirigeants américains sont révélatrices de la relation qu’ils entretiennent. Lors de sa campagne en 2023, l’Argentin ultra-libéral s’est fortement inspiré du style exubérant de Trump, le poussant à l’extrême. Pour faire valoir ses opinions, il use d’un franc-parler et d’une agressivité qui rappellent le milliardaire à la peau orange. Les cheveux ébouriffés et la tronçonneuse de Milei font écho à l’image tape-à-l’œil du républicain. De surcroît, les deux chefs d’Etat partagent des idées ultra-conservatrices et un climatoscepticisme assumé.
C’est sans surprise que celui qui est parfois surnommé le "Trump argentin" a soutenu le retour au pouvoir de son homonyme nord-américain. Au lendemain du scrutin du 5 novembre, Javier Milei a été parmi les premiers à féliciter le milliardaire états-unien de son élection, alors même que les résultats n’étaient pas définitifs. À un post sur X (ex-Twitter), est venu se rajouter une vidéo TikTok de félicitations.
Le président argentin Javier Milei a annoncé, mercredi 5 février, des mesures similaires à celles de son homologue états-unien. Cette bataille culturelle contre ce que les deux dirigeants américains considèrent comme le "cancer de l’idéologie woke" témoignent d’une connivence entre les deux hommes.
L’entreprise d’IA générative Mistral AI a ainsi effectué la levée de fonds la plus importante parmi les entreprises de l’Hexagone, qui atteint un total d’un milliard d’euros en 2024. En comparaison, le leader américain de l’IA générative OpenAI a levé 6,6 milliards de dollars (6,4 milliards d’euros) cette même année.
Les géants américains et la concurrence chinoise
Google et Microsoft envoient leur patron à Paris la semaine prochaine. Ces entreprises investissent dans l’IA sans y être spécialisées. Mais certains chiffres qui n’apparaissent pas sur le graphique ci-dessus donnent le tournis. Dans un communiqué publié le 4 février, Google a annoncé investir 75 milliards de dollars dans l’IA en 2025. Sur une seule année, Google représente donc soixante-quinze fois la plus grosse entreprise française de l’IA.
Malgré tous ces milliards, les Américains craignent aussi la concurrence qui semble venir, depuis le début de l’année, d'une startup chinoise ne pesant que 6 millions de dollars. DeepSeek a développé un modèle de langage aussi performant que ceux d’OpenAI. Sa présence au sommet est incertaine. L’Elysée est encore en “discussion” avec son fondateur Liang Wenfeng.
“Suiveurs mais jamais meneurs”
Pour Samia Chehbi-Gamoura, enseignante-chercheuse à l’EM Strasbourg, l’accès aux données est le premier frein aux projets français: “L’IA sans data, ça n’existe pas. Le programme ne marche pas sans être alimenté”. Pour la spécialiste de l’IA, le coupable est tout trouvé: le RGPD, règlement européen qui encadre les données personnelles. “Les gens ne souhaitent pas partager leurs données [en Europe]”, regrette-t-elle. Une position qui ne déplairait pas aux techno-libéraux comme Elon Musk.
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La chercheuse, qui a travaillé quatorze ans dans le public et le privé, constate que les Français ont l’habitude d’acheter des algorithmes “tout prêts” aux Américains, plutôt que de développer leurs propres solutions. De ce fait, les acteurs hexagonaux sont “suiveurs mais jamais meneurs. On ne verra jamais des choses vraiment innovantes tant qu’on ne fait pas une refonte des règles d’utilisation des données.” Un constat qu’elle résume ainsi: “ChatGPT n’aurait jamais vu le jour ici.”
Dans un secteur relativement nouveau où toutes les entreprises ne font pas encore de bénéfices, la rentabilité donne une idée du développement futur des acteurs français. De ce point de vue, d’après les chiffres de France Digitale, la France s’en sort bien: 32 % des entreprises françaises de l’IA sont déjà rentables. Alors que le champion américain OpenAI a perdu 5 milliards de dollars en 2024.
Abel Berthomier
édité par Louise Pointin
Infographie Abel Berthomier