Un Français sur deux potentiellement concernés. Entre fin janvier et début février, c’est une cyberattaque d’ampleur qu’ont subi Viamedis et Almerys, deux sociétés spécialistes du tiers payant. Grâce à l’usurpation d’identifiants et de mots de passe de salariés, les hackers ont pu s’introduire dans le système des deux sociétés. Selon Viamedis, « ont été exposées » les données personnelles tels que l’état civil, la date de naissance, l’adresse et le numéro de sécurité sociale enregistrés dans une même carte vitale, ou encore le nom de l’assureur santé. Même chose du côté d’Almerys. Les deux sociétés informent cependant que cette exposition ne concerne aucune donnée médicale ou bancaire.
Les entreprises concernées ont dû déclarer la fuite de leurs données ainsi que le nombre de personnes potentiellement exposées par celle-ci à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil). La loi les oblige également à prévenir les victimes de fuites de données. Depuis plusieurs jours, les mutuelles dépendantes de Viamedis et Almerys tiennent leurs clients informés de la situation et des risques probables.
Véritable déflagration. Lorsque Julien Assange, à la tête de Wikileaks, publie en 2010 des documents confidentiels révélant certaines dérives de la politique militaire américaine et des crimes perpétrés en Irak et en Afghanistan, il secoue le monde entier. Condamné par les États-Unis pour espionnage, il se réfugie d’abord dans l’ambassade d’Équateur à Londres, avant de finir incarcéré en 2019 dans une prison anglaise. Il fait aujourd’hui l’objet d’une procédure d’extradition vers les États-Unis, où il encourt 175 ans de prison. Mais les énièmes rebondissements de cette affaire tentaculaire ont fini par perdre l’opinion publique. Quatorze ans plus tard, plus grand monde ne semble s’inquiéter du sort de Julien Assange, ou presque. Au parlement européen, une petite poignée de députés tente de faire porter sa voix à travers une exposition : L’affaire Assange : prix et distinctions.
« Cette exposition est une manière de témoigner un soutien institutionnel à travers le parlement européen », affirme Sabrina Pignedoli entre un bout de sandwich et un verre de jus d’orange. Attablée à la cafétéria du parlement, ce jeudi midi, la députée italienne du Mouvement 5 étoiles est de passage à Strasbourg pour assister aux séances plénières. D’une pierre deux coups, Sabrina Pignedoli a profité de ce séjour express pour alerter sur la détention du fondateur de Wikileaks.
« Les patrons des institutions européennes ne sont pas très solidaires »
Cette exposition est aussi « une manière de souligner notre soutien à Julien Assange en attendant le 20 février », assure Sabrina Pignedoli. Date décisive, le 20 février sonne l’alarme de l’ultime appel de Julien Assange pour empêcher son extradition. La Haute-cour britannique statuera au terme de deux jours d’audience sur la recevabilité de l’appel du journaliste incarcéré. En cas de refus, Julien Assange a la possibilité de contester la décision auprès de la Cour européenne des droits de l’homme, mais cette possibilité reste encore très compromise, car elle dépend du respect de la procédure de la part du Royaume-Uni.
« Ces propos sont clairement diffamatoires mais on ne les calcule pas, on ne veut pas faire monter les tensions », tempère, tracts en mains devant le Studium, le président de l’EMF Fahad-Raja Muhammad. Il a repris l’association il y a six mois et c’est la première fois qu’il participe à une élection Crous. « Le climat est clairement tendu. Il y a de la violence des deux côtés, pas que de l’UNI. Nous, on fait des prises de paroles pour apaiser tout le monde, on dit aux adhérents de faire attention et on essaye de profiter au maximum de ce moment », explique-t-il.
Du côté de l’Alternative étudiante Strasbourg (AES), Rayane Slimani, le porte-parole de l’association, se rappelle de moments de tensions lors des blocages liés à la réforme des retraites : « On s’est senti en danger. Il y a eu des insultes, des intimidations physiques de la part de l’UNI. » L’étudiant en physique, membre de l’AES depuis 2022, ne connaissait pas l’organisation en arrivant à Strasbourg en 2021. « Depuis cette rentrée, on les voit plus, au niveau de la fac de droit, de Sciences Po. J’ai peur pour mes camarades. Mais ça donne encore plus de sens à notre mobilisation. On doit tout faire pour que l’UNI n'ait pas de siège », assure-t-il en regardant d’autres membres tracter devant le restaurant universitaire de l'Esplanade.
« L’UNI tracte devant l’assemblée générale »
Le 7 février, une assemblée générale sur la loi immigration rassemblait plusieurs organisations syndicales à l’Institut Le Bel sur le campus. Solidaires, qui y est alors présente, indique, peu de temps avant la réunion, mettre en place un barrage filtrant. En plus, trois agents de sécurité, sous contrat avec l’université, surveillent les alentours. À l’intérieur, la réunion commence avec du retard. Rapidement, les violences récentes sont inscrites à l’ordre du jour. Un syndicaliste de la CGT, dont les cheveux blancs contrastent avec la cinquantaine d’étudiants réunis, prend la parole et propose de voter une motion pour condamner les violences, autant celle devant le restaurant univeristaire que l’agression antisémite. Rapidement, le débat se concentre sur ce premier épisode. Certains étudiants argumentent sur l’absence d'un caractère discriminatoire. D’autres sur l’UEJF qui serait « problématique » de par notamment son soutien à Israël. La motion qui condamne les deux violences ne sera finalement pas votée.
S’ensuivent différents points, avant qu’une nouvelle commence à circuler dans les rangs : des membres de l’UNI seraient devant les portes. Un étudiant présent raconte : « La personne qui gère la parole à la tribune a expliqué que les membres de l’UNI tractaient dehors. Plusieurs personnes de Solidaires et de FSE sont sorties pour les empêcher. La majorité a décidé de continuer la réunion et de ne pas sortir.» Mais finalement, aucun membre de l’UNI n’était présent devant l’amphithéâtre de l’Institut Le Bel, évitant ainsi une nouvelle altercation.
Jade Lacroix
Édité par Adélie Aubaret
Le communiqué indique qu’un « militant a été roué de coups pendant de longues minutes » et qualifie Solidaires de « révolutionnaires du dimanche » et de « voyous ». L’organisation dit également avoir alerté la police. Une information que confirme Solidaires. Contacté sur l’altercation, l’UNI n’a pas répondu à nos sollicitations.
Une réaction mesurée de l’Université et du Crous
À la suite de l’altercation, qui a lieu devant sa résidence et son restaurant universitaire, le Crous de Strasbourg a publié un communiqué le 6 février. Il rappelle que « toute forme de violence, de diffamation ou de manipulation est strictement prohibée ».
Un communiqué auquel a répondu Solidaires sur le même réseau social : « Comme c’est simple de cacher son immobilisme derrière la condamnation de la violence sans jamais condamner les auteurs ni leurs idées réactionnaires. » Contactée, l’Université nous a indiqué qu’elle allait recevoir les étudiants concernés pour en savoir plus et réaliser un message commun avec le Crous.
L’association SOS France Victimes 67 a l’habitude d’intervenir auprès des étudiants. Elle organise des ateliers de prévention en majorité sur les violences sexistes et sexuelles. Elle tient aussi une permanence à la Maison de la proximité, juste en face du campus de l’Esplanade. « Je suis en poste depuis 5 ans et c’est la première fois qu’il y a de telles violences entre les organisations syndicales », s’étonne Faouzia Sahraoui, directrice générale de l’association.
Une agression antisémite une semaine auparavant
En une semaine, ce n’est pas la première agression physique qui a eu lieu sur le campus de l'Esplanade. Dans la nuit du dimanche et du lundi 29 janvier, trois étudiants juifs ont été agressés alors qu’ils étaient en train de coller des affiches appelant à la libération des otages du Hamas en Israël. Un des trois étudiants, membre de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), a été roué de coups. Selon les victimes, le groupe a été injurié de « fascistes sionistes » à plusieurs reprises. Lundi 29 janvier, les trois étudiants ont déposé plainte, pour « violences aggravées » et « injure publique envers un particulier en raison de sa race, de sa religion ou de son origine », relate Rue89 Strasbourg.
Solidaires se veut anti-raciste et affiche clairement son soutien à Gaza. Au contraire de l’UNI, qui recouvre fièrement de ses affiches les messages « Halte au massacre à Gaza ». L’organisation avait vivement réagi suite à l’agression jugée antisémite : « Une fois de plus, l'islamisme a frappé des étudiants juifs sur le campus de l’université .» Dans la publication, elle avait apporté son soutien aux victimes et avait incité à voter « contre l’islamo-gauchisme ». L'organisation est soutenue par les figures de l’extrême-droite locale. Sur X (ancien Twitter) le compte Haut-Rhin du parti politique d’Eric Zemmour, Reconquête!, appelait à voter pour UNI dans un post daté du 1er février. Tout comme le responsable Rassemblement national de la 3e circonscription du Bas-Rhin.
Un climat de tension ressentie par les autres organisations
Dans un communiqué publié sur son compte, l’UNI assimile l’association des Étudiants musulmans de France (EMF) aux Frères Musulmans. Elle accuse : « L’EMF adopte une allure respectable [...] mais pour camoufler en réalité sa volonté d’islamiser progressivement le campus. »