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Le partenaire kazakh peut mieux faire


15 mars 2012

La députée finlandaise Liisa Jaakonsaari et Erik Utembayev l'ambassadeur du Kazakhstan auprès de l'UE.

 Crédit David Métreau/CUEJ

 

Malgré les violations répétées des droits de l'homme au Kazakhstan, qu'il déplore, le Parlement européen considère le pays du président à vie Nazarbaïev, comme un partenaire majeur pour l'Union Européenne en Asie centrale.  

A main levée, les députés européens réunis jeudi à Strasbourg ont adopté une résolution demandant au Kazakhstan, premier producteur d'uranium au monde, et gros exportateur de pétrole, une l'enquête impartiale sur la mort d'au moins 17 manifestants en décembre, et le respect des libertés de presse, d'opinon et de religion.  

Les parlementaires européens demandent la tenue d'une enquête ouverte et objective sur les tueries de Zhanaozen, soulignant la nécessité de faire intervenir les enquêteurs internationaux. Le 16 décembre dernier, jour de la fête de l’indépendance du Kazakhstan,  des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont fait, dans cette ville de l'extrême ouest du pays, 17 morts selon le gouvernement, 60  et  près de 200 blessées selon l'opposition. Des ouvriers de l’industrie pétrolière en grève depuis six mois pour dénoncer des salaires trop bas et des licenciements abusifs, avaient organisé une manifestation sur la place principale de le ville. Selon la version officielle, certains des manifestants ont commencé à détruire des stands pour la fête et à incendier des bâtiments proches. La police a répondu en tirant à balles réelles.

479 organisations religieuses interdites

Autre objet d'indignation: la restriction des libertés de presse et d'opinion ainsi que l'absence d'opposition politique. Le chef du parti non-autorisé Alga, Vladimir Kozlov est emprisonné depuis janvier. Il est accusé d'avoir incité à la violence les ouvriers pétroliers grévistes du 16 décembre. Le parti Azat, ainsi que le mouvement socialiste du Kazakhstan, font eux aussi l'objet d'une répression accrue, depuis deux mois,  à l'instar des médias indépendants, en particulier les journaux Vzglyad , Golos Republik et Respublika , ainsi que la chaîne de télévision par satellite STAN TV. 125 sites internet sont également bloqués a souligné la députée française Nicole Kiil-Nielsen (Verts) et le  pays est désormais "sous surveillance" sur la liste des "ennemis d'internet" établie par Reporters sans frontières.

La situation n'est pas meilleure pour la liberté religieuse. En septembre 2011, les autorités kazakhs ont adopté une loi obligeant tous les groupes religieux à se ré-enregistrer, « interdisant 479 organisations religieuses dont des sectes mais encourageant la persécution des chrétiens », selon le néerlandais  Bastiaan Belder (EFD). 

Starsbourg  prie donc instamment les autorités kazakhes de respecter davantage, à brève échéance, les libertés de réunion, d'association, d'expression et de religion tout en  se félicitant de la libération provisoire le 7 mars, après neuf mois d'emprisonnement, de Natalia Sokolova, avocate des syndicats du secteur pétrolier.

Anastasia Sedukhina et David Métreau 

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