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Feu vert politique au second plan d’aide à la Grèce


13 mars 2012

« La Grèce est et restera dans la zone euro », a déclaré Jean-Claude Juncker à l’issue de la réunion de l’Eurogroupe lundi soir à Bruxelles. Le président de l’Eurogroupe a annoncé la validation politique du second plan d’aide à la Grèce, au cours d’une réunion qu’il a jugé « sans la moindre tension » entre les dix-sept ministres des finances de l’Eurozone. Conjuguée à l'effacement d'environ 105 milliards d'euros de sa dette, cette nouvelle aide de 130 milliards d’euros devrait permettre de ramener le montant de la dette grecque à 117% du PIB d’ici 2020, soit 3,5 points de moins qu'initialement prévu, contre 160% aujourd’hui. « Une seconde chance pour la Grèce », a estimé M. Juncker, au vu des efforts consentis conjointement par les créanciers privés et les membres de la zone euro.

Cet accord sera formalisé mercredi lors d’une nouvelle réunion des suppléants des ministres des finances de la zone euro, sans attendre la décision du FMI sur sa contribution. La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, qui a participé à la réunion par téléconférence, a émis l’éventualité d’une participation à hauteur de 28 milliards d’euros, incluant 10 milliards déjà dévolus au premier plan d'aide, et non encore déboursés. Bien que sensiblement inférieure à la contribution de 30% consentie pour le premier programme d'aide, cette proposition a été  « saluée » par le Premier ministre luxembourgeois. Elle sera au menu de la réunion du Conseil d’administration du FMI du jeudi 15 mars.  « Nous attendons une contribution significative du FMI. Je suis persuadé que la décision de son conseil d’administration ira dans la bonne direction » a- ajouté Jean-Claude Juncker.

Priorité au service de la dette

Contrepartie du programme d'aide : les dirigeants hellènes se sont engagés à adopter la législation nécessaire pour  accorder la priorité au service de la dette. En clair, le gouvernement grec devra mettre en place un compte bloqué qui sera exclusivement destiné aux paiements des intérêts de la dette. Jean-Claude Juncker s'est vu signifier par Evangelos Venizelos qu'un projet de loi allant dans ce sens serait présenté au parlement grec dans les prochaines semaines. Il espère qu'il sera définitivement adopté dans le courant du mois d'avril, soit à la veille des élections légisatives.

Un partenariat étroit entre la Grèce et la Troika sera constitué afin de suivre les développements budgétaires du pays et d'offrir à son économie de nouvelles perspectives de croissance. Permettre à la Grèce de renouer avec la croissance constitue, pour Jean-Claude Juncker, un remède « aussi important que la dimension d'assainissement budgétaire ».

« Une opération PSI couronnée de succès »

La réussite de la plus grosse restructuration de dette de l'histoire était l'une des conditions sine qua non pour l'octroi du nouveau plan d'aide à la Grèce. D'après le Premier ministre luxembourgeois, « l'opération PSI (Implication du secteur privé) a été couronnée de succès ». Vendredi, près de 85% des créanciers privés de l'Etat grec avaient accepté de perdre 53,5% de la valeur de leurs bons du trésor - in fine près de 73% de leur valeur, étant donné que ces titres sont émis sur des durées plus longues et à des taux d'intérêt plus bas. Un ratio certes conséquent mais néanmoins insuffisant pour éviter à la Grèce d'activer les CAC (Clauses d'actions collectives), des dispositions législatives contraignant les créanciers réticents à prendre part à l'opération de restructuration. Considéré comme le symptôme d'un évènement de crédit par l'Isda (International swaps and derivatives association), le recours aux CAC a entraîné en cascade l'activation des fameux CDS, ces produits financiers permettant de s'assurer contre un défaut partiel. Estimé à 2,3 milliards d'euros nets, le paiement des CDS devrait être déclenché le 19 mars.

Hier, les créanciers privés concernés ont donc pu échanger la totalité de leurs anciens titres contre des nouveaux d'une valeur inférieure. Sur le marché secondaire, ces nouvelles obligations affichaient une forte décote. Celle-ci oscillait entre 70 et 75 % selon leur durée.




Rémy Dodet, Clémence Mermillod, Marie Gesquière

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