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Un consensus qui promet sur l'égalité femme-homme


10 mars 2015

Au surlendemain de la journée de la femme, le parlement européen, composé de deux tiers d'hommes, s'est prononcé à une très vaste majorité en faveur du rapport sur l'égalité entre les femmes et les hommes du député socio-démocrate, Marc Tarabella. Le constat est sans appel, on est loin du compte, et si on ne fait rien « il faudrait attendre 2084 pour une égalité de rémunération entre les hommes et les femmes » a-t-il déploré.

Inégalité sur la marché de l'emploi

La majorité en faveur de la résolution (441 voix) témoigne de la volonté politique du Parlement d'aller de l'avant. Le souhait de Marc Tarabella serait d’inclure la dimension de genre dans la stratégie Europe 2020, une condition sine qua non, selon lui, pour atteindre "une croissance intelligente". D’après les prévisions de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une convergence parfaite des taux de participation au marché du travail permettrait une augmentation supplémentaire de 12,4% du PIB par habitant d’ici 2030.

Pour les députés PPE, ALDE et Verts l’Union doit promouvoir une égalité de traitement sur le marché du travail et des salaires équivalents pour des compétences similaires. D'où la demande au Conseil et à la Commission « d'adopter des mesures nécessaires pour encourager les Etats membres à permettre la participation équilibrée des femmes et des hommes aux différents domaines décisionnels ».

Mais la question des quotas fait polémique au sein de l’hémicycle. Le groupe EFDD y voit une forme de discrimination positive. « Les femmes n’ont pas besoin de l’Union européenne pour accéder à des postes de hautes responsabilités » a déclaré la députée anglaise, Louise Bours. La députée espagnole Izaskun Bilbao (ADLE), ayant eu, en tant que première présidente du parlement basque, "l’honneur de diriger un parlement composé de 53% de femmes" se félicite, elle, des initiatives de l’ Europe sur ce terrain.

Une année de lutte contre la violence faite aux femmes

La nécessité de lutter contre la violence contre les femmes a fait l’unanimité au sein du Parlement. En Europe, une femme sur trois souffre d’une forme de violence. Le Conseil de l’Europe s’était emparé de la question avec l'adoption de la « Convention d’Istanbul » le 1er août 2014. La convention oblige les gouvernements qui l’ont ratifiée à prendre des mesures spécifiques pour lutter contre toutes les formes de violence faite aux femmes. « Seulement 8 Etats Membres ont ratifié la Convention d’Istanbul, qu’attendent les autres ? » interroge Marc Tarabella. Alors que la résolution demande à la Commission « d'encourager les ratifications nationales de la Convention d'Istanbul et de lancer la procédure d'adhésion de l'Union à cette convention au plus vite », l’ensemble des groupes politiques soutien le souhait du rapporteur qui appelle à instituer une année de lutte contre les violences faites aux femmes.

Prévention face aux stéréotypes

Tous s’accordent à souligner le rôle essentiel de l’éducation et des médias pour lutter contre les stéréotypes auxquels les femmes sont confrontées au quotidien. La résolution « invite les Etats membres, dans leurs systèmes éducatifs, à mieux sensibiliser les élèves au respect de l'égalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes ». La députée PPE Mariya Gabbriel a déclaré lundi au Parlement : « A l’école on parle de métiers pour les femmes et d’autres pour les hommes, l’émancipation doit se faire par l’éducation », suscitant des applaudissements sur tous les bancs de l'hémicycle.

Pourtant le rapport Tarabella n’a pas fait l’unanimité sur tous les points. Le paragraphe 45 de la résolution portant sur le droit des femmes à un accès facile à la contraception et à l’avortement a divisé l’hémicycle. Pour l’ECR et le PPE, certains sujets tels que la santé génésique relèvent des Etats membres et non pas leur place dans cette résolution. La député française Constance Le Grip (PPE), menaçant même de voter contre si ce paragraphe 45 était approuvé. Il a finalement été adopté mardi: les Socio-démocrates et les Verts ont fait pencher la balance en faveur de ce « droit de la femme à disposer de son corps ». La résolution invite aussi les Etats membres et la Commission « à mettre en œuvre des mesures et des actions pour sensibiliser les hommes quant à leurs responsabilités sur les questions sexuelles et reproductives. ».

Malgré ces points de friction, les députés se sont finalement très majoritairement ralliés au vote final, y compris Constance Le Grip, qui s'en est publiquement expliquée: « en 2014 je n’avais pas pu voter en faveur de l’égalité homme-femme mais le rapport Tarrabella évite les écueils de l’année dernière.  En tant que coordinatrice PPE des droits de la femme, je voterai en faveur de l’égalité homme-femme».

 

 

Romane Porcon

 

 

 

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