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Le rapport 2013 sur la BCE rouvre la boîte de Pandore sur la Grèce


10 mars 2015

Les députés ont salué ce mardi la détermination de la Banque centrale européenne (BCE) à faire ce qui est nécessaire pour sauver l’euro, y compris les mesures non conventionnelles comme l'assouplissement quantitatif. C'est la conclusion du vote sur le rapport d’initiative du député espagnol Pablo Zalba Bidegain (PPE) sur les activités de la BCE pour 2013, adopté à une large majorité. Un texte cependant loin de faire l'unanimité à Strasbourg. Les groupes des Conservateurs et réformistes, et de la Gauche unitaire européenne ont signifié leur mécontentement.

« La BCE est un Etat dans l’Etat », a déclaré mardi le député grec conservateur Notis Marias. Il s’est insurgé contre » le conflit d’intérêt » dans lequel se trouve la BCE, tiraillée entre son rôle « dans la troïka » et son statut d’ « autorité monétaire indépendante ».

Le rapport plaide pourtant pour la poursuite des actions entamées par Francfort pour rétablir la stabilité financière et lutter contre l'apathie de l'activité économique dans la zone euro.

En endossant en novembre son nouveau rôle de surveillance des banques dans le cadre du Mécanisme de résolution unique (MSU), la BCE s'est engagée dans une action décisive face à la fragilité et à la fragmentation persistantes du système bancaire européen.

La résolution salue aussi la lutte enfin engagée contre le risque de déflation, tout en  soulignant que les instruments non conventionnels ne doivent être utilisés que dans les limites du mandat de la BCE. A ce titre, l'amendement 2 déposé par les conservateurs européens, et adopté par l'assemblée, appelle Francfort à rester strictement dans une logique de politique monétaire et à ne pas s'immiscer dans les finances publiques des Etats. 

Des points d'achoppement déjà soulevés lors du débat de février

Le Parlement salue la volonté de transparence affichée par la BCE. La confiance en l'institution bancaire n'en sera que renforcée, et la publication des comptes-rendus de réunion depuis janvier est, selon le texte, une avancée capitale en la matière.

De son côté, le groupe de la Gauche unitaire a plaidé, par l’intermédiaire de la députée espagnole Paloma Lopez Bermejo, pour une « BCE qui aide davantage les Etats et les épargnants ». L’élue a aussi déploré que Francfort soit davantage « du côté de la finance que du côté des peuples ». Une prise de position qui intervient alors que le rapport Bidegain, à l'instar de la BCE, pointe du doigt la nécessité de réformes structurelles.

Lors de débat de février déjà, c'est la situation d'urgence de la Grèce, alors que les caisses du gouvernement Tsipras sont vides, qui avait alors donné lieu à de très vifs échanges.

L’épicentre des tensions s'était cristallisé autour des activités et des prises de position politiques de la BCE. Incriminée le 25 février dernier pour sa « dictature monétaire » par le non inscrit italien Mario Borghezio, la BCE avait également été accusée d'avoir accentué les différences de compétitivité entre les Etats.

 Loïc Schaeffer

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