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La politique européenne de voisinage se met au vert


09 mars 2015

Guerre en Ukraine à l'est, menace jihadiste au sud : la persistance de zones de tensions et d'instabilité aux portes de l'Union européenne a mis en évidence l'échec de la Politique Européenne de voisinage (PEV). Face à la nécessité d'un réexamen de cette politique, un nouveau livre vert a été présenté lundi au Parlement européen devant la commission des Affaires étrangères (AFET) par Johannes Hahn, commissaire chargé de la politique européenne de voisinage et des négociations d'élargissement.

« Le but est de mettre le doigt sur les failles et faire face à de nouveaux problèmes », a souligné le président de la commission Elmar Brok (PPE, Allemagne), évoquant les menaces du groupe daesh et surtout de la Russie.

Pour M.Hahn, il ne s'agit pas de bouleverser les principes mis en avant par l'Union européenne dans la définition de sa politique. L’État de droit doit demeurer une « clef pour une intégration économique réussie ». Appelant l'Union européenne à « assurer ses responsabilités dans son propre voisinage », il a évoqué l'aide économique à l'Ukraine, qui subit une crise associée à une guerre dans le Donbass depuis un an. 110 millions d'euros seront apportés à Kiev pour lui permettre de mener à bien ses réformes et soutenir son économie fragile. 59 millions d'euros seront destinés aux secteurs économiques de l'est touchés par la crise.

72 propositions figurent dans le nouveau document. Il s'agira avant tout de différencier les partenaires selon leur désir d'intégration et d'apporter une réponse adaptée à chacun d'entre eux en tenant compte de leur situation économique et politique. Les orientations de la politique de voisinage seront également élargies à des domaines comme les transports, l'environnement ou encore le droit des femmes. Enfin , cette politique devra développer une panoplie plus flexible d'instruments pour réagir plus efficacement aux changements rapides de situations dans les pays voisins.

L'eurodéputé socialiste roumain Andi Cristea a mis en garde contre une politique d'élargissement trop poussée qui risquerait de mener à des compromis sur les valeurs de l'UE : « poursuivre nos intérêts ne veut pas dire renoncer à nos valeurs : la démocratie et l’État de droit » a-t-il déclaré.

Helmut Scholz, député vert allemand, a plaidé pour un renforcement du dialogue avec les pays voisins et un processus de consultation « le plus large et le plus ouvert possible », avec des approches différentes pour chaque pays.

Avoir une politique identique au sud et à l'est représente, pour le conservateur britannique Charles Tannock, une des sources de dysfonctionnement de cette politique de voisinage. Selon lui, il y a 20 ans, personne n'aurait pu prévoir l'agressivité actuelle de la Russie. Un point de vue partagé par le Slovène Ivo Vajgl, député ADLE, qui a appelé à « utiliser le potentiel dont dispose l'Europe en matière d'analyse », afin d'être en mesure de « prévoir ce qui va se passer dans 10 ans ». Pour lui, l'Union Européenne a « manqué à plusieurs reprises l'occasion de régler des conflits gelés à l'est, par manque d'une stratégie adaptée à chaque zone de tension ».

La PEV a été créée en 2003, dans le but d'améliorer les relations entre l'Union Européenne et les pays voisins en leur permettant une meilleure intégration économique. Son volet régional a par la suite été renforcé avec la création de l'Union pour la Méditerranée en 2008 et du partenariat oriental en 2009. La PEV concerne actuellement 16 pays voisins, avec lesquels des consultations vont être menées jusqu'au mois de juin.  La Commission fera  rapport en octobre à  l'issue de ces consultations.

volodia petropavlovsky

 

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