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Un brin de politique industrielle


05 février 2013

D'ici 2020, l'industrie devra représenter 20% du PIB Européen, contre 15,6% actuellement, a déclaré lundi à Strasbourg, Antonio Tajani (PPE, Italie), commissaire européen à l'industrie et à l'entreprenariat.

 

Première étape vers la réalisation de cet objectif,  la création en novembre dernier du plan d'action pour l'automobile, CAR 2020, qui encourage le dévelopemment de la voiture électrique. Mr Tajani a aussi évoqué l'organisation de tables rondes sur l'acier dont la prochaine aura lieu le 12 février, en présence de Lakshmi Mittal et pointé l'importance des énergies vertes pour relancer l'activité, via les véhicules propres, ou les constructions durables. Plusieurs eurodéputés ont également insisté sur les promesses du gaz de schiste pour relancer l'industrie dans leurs pays. « L'Angleterre serait au premier rang mondial si l'exploitation du gaz de schiste était autorisée », assure John Bufton (ELD, Grande-Bretagne). Pour Elena Basescu (PPE, Roumanie) en plus de créer des d'emplois, cette exploitation serait favorable à l'indépendance énergétique.

 

Alors que le projet de budget soumis de jeudi au Conseil européen prévoit une baisse des crédits alloués à la recherche, les parlementaires ont rappelé le rôle crucial de l'innovation industrielle.  Le commissaire Tajani souhaite de son côté voir l'Europe « en avant garde sur la qualité », principal atout de l'Union face à la concurrence des pays émergents. Frédéric Daerden (SD, Belgique) en a profité pour critiquer « le dumping social et environnemental » pratiqué par ces pays et Françoise Grossetête (PPE, France) pour appeler à « moins de naïveté » en ce qui concerne l'accès aux marchés extérieurs des produits européens.  Graham Watson (ADLE, Grande-Bretagne) propose, lui , de «faciliter l'accès au marché tiers en facilitant les accords de libre-échange."

Véritable arlésienne de l'Union, la politique industrielle s'est donc, ce lundi, invitée dans l'hémicycle. Les eurodéputés ont ainsi approuvé la création d'un Conseil compétitivité-industrie, dont la première réunion a eu lieu le 10 décembre dernier. Certains ont regretté son arrivée tardive. Ainsi, Anne Delvaux (PPE/Belgique) a souligné que ce Conseil arrivait « quelques fermetures d'usines trop tard ».

 

Cette discussion au Parlement survient en effet dans un contexte brûlant pour l'automobile et la sidérurgie européenne. La part de l’UE dans la production industrielle mondiale est passée, en 5 ans, de 17,3% à 10%. Trois millions d’emplois industriels ont été perdus depuis 2008.

 

Les fermetures de sites industriels, à Florange ou à Liège, ont d'ailleurs placé Mittal au cœur du débat, à la veille de la manifestation des ses ouvriers à Strasbourg. Isabelle Durant (Verts/Belgique) a regretté  que Mittal fasse « la pluie et le beau temps » en Europe. L'impact de financiers sur l'industrie a également été désnoncé par les parlementaires belges, particulièrement touchés par la désertification industrielle. Ils ont rappelé le rôle qu'ils souhaitent voir jouer par la finance, à savoir, celui de « financer l'économie réelle ». Et Antonio Tajani de conclure : « Le marché doit être un outil, pas une fin en soi. »

 

 

MAXIME MAINGUET

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