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Les eurodéputés veulent vivre deux ans de plus... en bonne santé


07 février 2013

Face au vieillissement de la société, le Parlement européen veut faire de la santé une priorité pour gagner deux ans de vie en bonne santé d’ici à 2020.

La transformation de l'environnement hospitalier et les innovations technologiques ne suffiront pas à sauver les systèmes de santé. Maintenir les personnes âgées actives et en bonne santé est également une nécessité. C'est, en substance, le message qu'a envoyé le Parlement européen à la Commission européenne en adoptant, mercredi, une série de recommandations.

Une Europe vieillissante

L’Europe vieillit, rapidement. 87 millions en 2010, les plus de 65 ans devraient passer à 151 millions à l'horizon 2060. Les plus de 60 ans représenteraient alors 35 % de la population européenne.

Cette transition démographique risque de mettre en péril la viabilité financière des systèmes de santé et de soins. Equivalent aujourd’hui à 7,8 % du PIB de l'UE, les dépenses publiques de santé devraient connaître une augmentation de 3 % du PIB d'ici à 2060 du fait du vieillissement de la population.

Pour contenir ces charges, l'UE souhaite tenir les personnes âgées éloignées des hôpitaux le plus longtemps possible. C'est le but du partenariat d’innovation européen pour un vieillissement actif et en bonne santé, élaboré par la Commission en 2011. Principal objectif : prolonger de deux ans la durée de vie en bonne santé des citoyens européens d'ici à 2020.

Prévention, soins et autonomie

Pour ce faire, le partenariat met l'accent sur des actions reposant sur trois piliers : la prévention, le dépistage et le diagnostic précoce ; les soins et les traitements ; l'activité et l'autonomie des personnes âgées.

Il se traduira par un ensemble de normes européennes, notamment sur les dispositifs médicaux, les techniques de l'information et de la communication (TIC), ou encore les bâtiments. Une plateforme numérique ("Halle à l'innovation") a d'ores et déjà été mise en place afin d'encourager l’innovation technique. Et par là même, de créer marchés et croissance pour les entreprises européennes.

Travail et lien social

Selon Strasbourg, vieillissement en bonne santé, activité et insertion sociale sont intimement liés. Une plus large place devrait ainsi être accordée aux aînés dans la société.

Par l'emploi tout d'abord. Selon l'adage « le travail, c'est la santé », un salarié qui disposerait des moyens de se soigner fréquenterait moins les hôpitaux. Le Parlement a donc insisté sur l’égalité d'accès au marché du travail, alors que la moitié de la population européenne de plus de 55 ans est sans activité.

Cela devra passer, selon les eurodéputés, par plus de souplesse du droit du travail, favorisant l’introduction du compte épargne temps, des réaménagements du temps de travail ou des modalités différenciées de départ à la retraite. Les expériences et compétences, professionnelles mais aussi bénévoles et familiales, des seniors devraient être davantage reconnues dans les sociétés européennes.

Par l'insertion sociale ensuite. Strasbourg souhaite favoriser davantage la solidarité intergénérationnelle, en encourageant notamment les Etats membres à soutenir des programmes sociaux. Des programmes qui pourraient concerner des projets associant jeunes et anciens, dans les maisons de retraite par exemple.

Partageant les objectifs de la Commission, le Parlement s'est pourtant inquiété des risques liés aux programmes e-health de consultations médicales via Internet, qui priveraient les ainés du lien avec leur médecin.

Priorité à la santé

Par ailleurs, les eurodéputés ont mis en garde la Commission et les Etats membres contre la tentation, importante en période de crise, de recourir aux coupes budgétaires dans le secteur de la santé. En 2012, le Portugal a amputé ses dépenses de santé de 800 millions €, réduisant le remboursement de médicaments et fermant des services. Les consultations aux urgences hospitalières ont alors enregistré un recul de 9,8 %.

Pour se garder de cette logique comptable, le Parlement suggère à la Commission de « faire de la santé publique une véritable priorité », en intégrant les problématiques liées à la santé dans l’ensemble des politiques européennes.

Renaud Toussaint

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