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L’Ukraine poursuit ses réformes dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union européenne


12 février 2021

Les eurodéputés ont adopté leur évaluation de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine. Si le pays a su mener des réformes d'envergure depuis sa signature, les défis auxquels il doit faire face restent colossaux.

Le rapport annuel sur l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne a été adopté par le Parlement européen le jeudi 11 février. Il souligne l'intérêt de ce partenariat, signé en 2014, qui a permis à l'Ukraine de bénéficier de 11 milliards d'euros d'aide pour avancer sur la voie du développement économique et de la stabilisation politique. Cet accord est particulièrement sensible du fait des importantes difficultés auxquels a dû faire face le pays ces dernières années - la sécession de la Crimée et du Donbass l'ayant plongé dans la guerre civile - et des relations très tendues qu’il entretient avec son puissant voisin russe. 

Néanmoins, selon les eurodéputés, l'accord avec l'Union européenne a aidé le pays à progresser dans plusieurs domaines clés dont celui de la décentralisation et de la modernisation administrative. L'eurodéputé en charge du dossier au Parlement, l'allemand Michael Gahler (PPE, centre-droit), considère ainsi que "la fusion de 1000 municipalités permet aux pouvoirs locaux d’avoir plus de responsabilités et, grâce aux taxes locales, ils ont plus de moyens d’agir". L’autre point positif souligné dans le rapport est la libéralisation des terres agricoles. Pour Michael Gahler "cela permet aux citoyens de louer leurs terres et d’en tirer un bénéfice. Avant cette réforme, c’était les oligarques qui bénéficiaient des profits." 

Mais l’Ukraine doit encore faire d'importants progrès en ce qui concerne la régulation de l'économie et l’indépendance de la justice, pointée du doigt par les parlementaires comme l'institution la moins fiable du pays. L’eurodéputé lituanien Petras Austrevicius (Renew, libéraux), explique que "l’Ukraine doit redoubler d’efforts en matière de lutte contre la corruption car c’est un obstacle aux investissements étrangers." Le rapport souhaite notamment que l’Agence nationale pour la prévention de la corruption puisse exercer ses compétences sans être entravée par les décisions de la Cour constitutionnelle. Celle-ci a rendu le 27 octobre 2020, un arrêt qui invalide une partie de la législation anti-corruption en vigueur dans le pays. Or, il a été révélé que plusieurs des juges constitutionnels tombaient eux-même sous le coup de cette législation du fait de leurs intérêts financiers.

Si une large majorité des eurodéputés ont approuvé le rapport, une poignée d'entre eux ont affiché leur opposition à son principe même. Pour l’eurodéputé français Thierry Mariani (ID, extrême-droite), il conduit à une exacerbation des tensions avec la Russie qui est problématique pour l'équilibre de la région. Une position que Michael Gahler réfute avec virulence : "La Russie est un agresseur qui n’a pas d’objectifs positifs pour l’Ukraine. Il est préférable que la Russie dépende de l’Ukraine plutôt que l’inverse car j’ai peur qu’en passant par l’Ukraine, la Russie essaye d’agresser l’Europe."  

Buket Bagci 

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