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Au Parlement européen, Mario Draghi rassemble au-delà de ses fidèles


12 février 2021

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Mario Draghi, l'ancien président de la Banque centrale européenne, est chargé de former un nouveau gouvernement en Italie.

Mercredi 3 février, le président italien Sergio Mattarella a chargé Mario Draghi, l'ancien président de la Banque centrale européenne, de former un nouveau gouvernement. Un profil de technicien qui, au Parlement européen, fait consensus au-delà des clivages politiques habituels.

Plan de relance, stratégie vaccinale et… Mario Draghi. Si le nom de l’ancien leader de la Banque centrale européenne (BCE) ne figurait pas à l’ordre du jour de la plénière de février du Parlement européen, nul doute qu’il était en revanche dans tous les esprits. 

Il faut dire qu’à Bruxelles, la nomination de Mario Draghi à la tête du conseil des ministres italien est un soulagement : elle met fin à une période d’incertitude ouverte par la démission du second gouvernement Conte le 26 janvier. Alors que l’Italie fait face à une triple crise économique, sanitaire et politique, c’est vers Mario Draghi, reconnu pour sa gestion de la crise de la zone Euro en 2012, que le président Sergio Mattarella s’est tourné. L’ex-gouverneur de la Banque centrale d’Italie, devenu président de la BCE entre 2011 et 2019, s’est attelé à la formation d’un gouvernement technique, qui bénéfie d’ores et déjà d'un large soutien politique, en Italie comme au Parlement européen. 

La satisfaction était ainsi perceptible chez la plupart des eurodéputés réunis en session plénière. Plusieurs ont salué cette nomination comme une bonne nouvelle pour l'Europe. « Avec Mario Draghi, je suis convaincu que l’Italie deviendra un partenaire aussi influent que la France et l’Allemagne dans l’UE », considère ainsi Sandro Gozi (Renew, libéraux) « C’est un europhile qui connaît bien les rouages de l’Europe, mais qui sait qu’il faut la réformer… Je crois qu’il sera un allié crédible d’Emmanuel Macron pour redéfinition de la souveraineté européenne. » Même son de cloche du côté de Salvatore de Meo, eurodéputé italien du PPE (centre droit): «  Il est le meilleur profil pour assurer la stabilité et éviter l’euroscepticisme : ce sont les ingrédients dont nous avons besoin pour la reprise de l’Europe. »

Draghi, un choix de raison pour l’Italie en crise

Si le soutien des groupes politiques europhiles à Mario Draghi n’a rien d’étonnant, le ralliement de forces politiques perçues comme plus eurosceptiques, comme la Liga et le Mouvement 5 Etoiles (M5S), ont de quoi surprendre. Ils peuvent s’expliquer par le profil de technicien de l’ex-patron de la BCE : « Les gouvernements précédents ont été incapables de gérer le plan de relance », estime ainsi Paolo Borchia, eurodéputé italien de la Liga (ID, extrême-droite). « Au niveau européen, Mario Draghi est une personnalité très respectée… Il peut être une solution à la crise en Italie. » Du côté du M5S, pourtant farouche contempteur des élites, le soutien au nouveau Premier ministre italien est aussi justifié par sa compétence et sa relative neutralité politique : « Face à l’impasse politique déclenchée par Matteo Renzi, le président Mattarella ne pouvait faire un meilleur choix », admet ainsi l’eurodéputée italienne Tiziana Beghin (non-inscrite), qui reste cependant prudente : « Je ne crois pas aux miracles en politique […] Sans les idées du M5S, il n’y aura aucun vrai changement en Italie, et les vieux partis politiques pourraient revenir au pouvoir. » 

Il faut dire qu’à la fin de son mandat en 2013, le gouvernement de techniciens de Mario Monti,  pourtant salué au moment de sa formation, avait laissé un souvenir doux-amer aux Italiens… Qui rappelle qu’au « gouvernement par les experts » ne répond pas forcément le succès. 

Laura AYAD

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