Vous êtes ici

Serbie et Kosovo: la longue voie vers l'intégration


04 février 2016

Le Parlement européen a voté jeudi 4 février les rapports de suivi des négociations d'adhésion à l'Union européenne de la Serbie et du Kosovo. Des textes qui mettent en avant les progrès démocratiques réalisés par les deux candidats mais qui pointe également la persistance d’importants points d’achoppement.

Les eurodéputés ont voté jeudi 4 février un rapport de suivi et une résolution pour soutenir les efforts serbes et kosovars dans le but d’intégrer l’Union européenne (UE). Il s’agit d’une étape de contrôle classique dans le processus d’adhésion européenne. La Serbie et le Kosovo sont respectivement candidats depuis 2009 et 2008.

Une situation géopolitique complexe

Si les chemins vers l'adhésion suivis par les deux pays sont différents, leurs destins sont irrémédiablement mêlés. La pacification de leurs relations, extrêmement tendues depuis l'indépendance du Kosovo de la Serbie en 2008, apparait en effet comme une condition impérative à l'avancée de leur processus d'intégration. Sous la pression des 28, la Serbie a finalement accepté de normaliser ses relations avec son ancienne province. Résultat, un accord signé en 2013, qui spécifie notamment qu’« aucune des parties ne bloquera ou n'encouragera d'autres à bloquer la progression de l'autre dans leurs chemins respectifs vers l'UE ».

Dans le même temps, quatre autres Etats de la péninsule Balkanique – le Monténégro, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine et l’ancienne République yougoslave de Macédoine – ont également fait part de leur désir d’adhérer à l’UE, dont font déjà partie leurs voisins slovènes et croates. En engageant des négociations d’adhésion avec ces nouveaux candidats, l'Union européenne entend participer à la stabilisation d'une région encore marquée par les guerres yougoslaves de la décennie 1990.

A ces tensions régionales s’ajoute la problématique de la forte influence russe dans la région. La Serbie entretient en effet des liens privilégiés avec Moscou, notamment sur le plan militaire. « Le rapport critique le fait que la Serbie a participé à des exercices militaires conjoints avec la Russie », avance le rapporteur du texte, David McAllister (PPE, centre-droit). Il se veut malgré tout rassurant. « En règle générale, la Serbie collabore, malgré tout, plus avec les pays membres de l’OTAN qu’avec la Russie ». L’UE appelle ainsi la Serbie à collaborer pleinement à la politique extérieure européenne en vue de son adhésion.

David McAllister (PPE)

 

Des insuffisances démocratiques

Outre ces questions géopolitiques, la Serbie et le Kosovo présentent, selon le rapport de suivi présenté par David McAllister, de persistantes insuffisances démocratiques. Du côté de Belgrade, l’absence d’indépendance de la justice, le peu de protection des minorités et la forte corruption suscitent l'inquiétude. Pour autant, « la Serbie a réalisé de gros progrès, spécialement dans les 12-18 derniers mois », précise David McAllister. La Serbie est sur la bonne voie. « Le bon travail du gouvernement serbe est reconnu même s’il reste beaucoup de réformes politiques et économiques à mettre en place », insiste l’eurodéputé PPE.

S’agissant du Kosovo, les principaux problèmes résident dans les fort taux de criminalité et de corruption. Une réforme de la gestion des comptes publics et la mise en place d’un ensemble de réformes politiques et économiques apparaissent comme des conditions sine qua non avant que ce pays ne puisse sérieusement espérer rejoindre l’UE.

Dans tous les cas, les négociations ne devraient pas aboutir avant plusieurs années. « Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait déclaré qu’aucun pays ne pourrait intégrer l’UE avant 2019. Je rejoins son analyse. Il reste encore de nombreux progrès à mettre en place avant l’adhésion européenne », constate David McAllister.

Anthony Halpern

Imprimer la page