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Quantifier les violences faites aux femmes


25 février 2014

« Notre rapport d'initiative cherche à créer un système cohérent pour collecter des statistiques» déclarait lundi soir la députée bulgare Antonyia Parvanova. Sa résolution a été adoptée mardi au Parlement Européen par 669 voix. Elle cherche essentiellement à prévenir la violence exercée à l'égard des femmes et à la quantifier. Une tâche difficile, freinée jusqu'ici par de nombreux obstacles.

Obtenir une information fiable sur cette violence et ses formes est extrêmement difficile au niveau européen. Du stalking* (pénalisé en Grande Bretagne mais pas en France) aux mutilations génitales féminines, les incriminations diffèrent selon les pays. Pour rapprocher les normes, le rapport préconise de créer « des standards minimums » et « une définition commune » de la violence. Une harmonisation des peines est aussi au programme. Tout comme le classement de la violence à l'égard des femmes dans la liste des crimes graves pénalisés par l'Union Européenne.

Le manque d'implication de certains États membres est aussi un obstacle à l'élaboration de statistiques précises. « Il nous manque des statistiques de certains pays, tout simplement car ils ne veulent pas les faire » affirme Yuliya Metodieva, l'attachée parlementaire d'Antonyia Parvanova, en refusant par ailleurs de citer les mauvais élèves. Le rapport demande à la Commission Européenne de proposer la création d'un « Observatoire européen de la violence », forçant ainsi les pays réfractaires à chiffrer la violence.

Prévenir la violence pour limiter son coût

L'Union Européenne n'a « pas pris de mesures concrètes pour la prévention de la violence à l'égard des femmes » selon Colette Detroy, directrice de l'observatoire du Lobby Européen des Femmes, inspirateur de ce rapport. La raison en est notamment financière : la prévention et la lutte contre les violences ont un coût. Ainsi, à l'instar de l'association Française SOS Solidarité, des centres proposent un accueil et une possibilité d'hébergement aux femmes qui ont déjà subi des violences. Gérer ces établissements et former les acteurs en contact avec elles (policiers, gendarmes, travailleurs sociaux) nécessite un budget. Pour Antonyia Parvanova, «le coût des mesures préventives est inférieur au coût a postériori de la violence ». Un argument supplémentaire pour justifier un investissement de l'Union afin de sensibiliser les citoyens européens et de diminuer la violence dont les femmes sont trop souvent victimes.

 

Alix Van Pée

Photo: Amanda Breuer-Rivera

*stalking : forme de harcèlement caractérisée par une intrusion répétitive et non sollicitée de la part du harceleur dans la sphère privée de la victime. Le stalking est pénalisé aux Etats Unis et en Grande Bretagne.

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