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→ Que réclame le Fonds d’indemnisation des dégâts des sangliers du Bas-Rhin (FIDS 67), qui refuse de payer les dégâts ?

Le Fonds d’indemnisation des dégâts de sangliers du Bas-Rhin (FIDS 67) refuse depuis plusieurs mois d’assumer le coût des dégâts causés par les sangliers en 2017 dans les cultures autour et dans la forêt du Neuhof, qui s’élèvent à 17 000 euros.

La raison de ce refus : les dégâts concernent plus de 1,25 % de la surface agricole utile – la plaine – de Michel Wack, seuil limite au-delà duquel le locataire de chasse passe « en orange », selon le FIDS. Une situation qui, d’après le règlement du FIDS, l’oblige à rembourser les dégâts.

Aux 10 210 euros de dégâts bruts s’ajoutent les frais de clôture sur son secteur (12 807 euros), le coût des estimations des dégâts (1395 euros), sa contribution au FIDS (284 euros), des produits qui viennent d’autres secteurs (189 euros) et d’autres charges (91 euros). A ce coût total, le FIDS soustrait l’excédent des cotisations des locataires d’autres secteurs du département. Ce qui donne une note de 17 000 euros.

Cette somme est cinq fois plus élevée qu’en 2016, selon les chiffres publiés par Rue 89 Strasbourg. Le Fonds exige que ce soit Michel Wack, chargé du lot de chasse de la forêt du Neuhof-Illkirch, qui paye.

« Pour que l’on puisse payer les dégâts il nous faut les cotisations de chaque locataire de chasse. Lorsque les dégâts sont trop importants , il faut payer. C’est comme ça qu’on responsabilise les locataires. Et Michel Wack c’est le seul adjucataire qui n’a pas payé dans le 67 », explique Pascal Perrotey-Doridant, le directeur du FIDS 67.

Et de menacer : « si Michel Wack ne paye pas nous allons le conduire au tribunal ».

→ Pour le FIDS, le seul responsable est Michel Wack ?

Pas exactement. Pour Pascal Perrotey-Doridant, fervent opposant à la réserve naturelle créée en 2012 - « je ne supporte pas qu’on fasse des réserves » assure-t-il -, « Wack n’est pas responsable à 100 % des dégâts. Comme il y a une réserve, lui la subit». Il estime que les villes de Strasbourg et d’Illkirch ont une part de responsabilité dans ces dégâts : « ces deux villes ont dit qu’elles allaient participer financièrement, mais pour l’instant elles ne le font pas ».

« S’ils voulaient ils pourraient réduire à néant la population de sangliers sur Strasbourg, mais apparemment ça n’est pas la volonté politique », note-t-il.

Le FIDS 67 est financé par les cotisations des locataires de chasse du département, à hauteur de 12 % du montant du bail, auxquelles s’ajoutent une contribution complémentaire en fonction des dégâts du secteur dans lequel ils se trouvent.

Le fonds a aujourd’hui indemnisé les dix agriculteurs concernés, y compris Nicolas Wack, le fils de Michel Wack, le plus touché par les dégâts en 2017 en nombre de parcelles. Il attend maintenant le remboursement des 17 000 euros de la part de Michel Wack.

→ Que répondent Michel Wack et les villes de Strasbourg et Illkirch-Graffenstaden ?

Michel Wack, dont c’est la troisième année en tant que locataire de chasse, refuse de répondre sur l’affaire, estimant la période trop sensible. Il assure cependant avoir « fait le maximum » pour limiter les dégâts sur les 825 hectares qu’il couvre à lui seul. « J’ai passé entre 400 et 450 heures à chasser de nuit en 2017 », assure-t-il. Soit « entre 3 et 4 heures 2 à 3 nuits par semaine ».

Pour Marc Hoffsess, responsable environnement à la ville d’Illkirch-Graffenstaden, sur le territoire de laquelle se trouvent les 2/3 de la réserve, « l’indemnité est bien trop élevée, le chasseur a raison de ne pas payer ».

Quant aux accusations du FIDS selon lesquelles les villes ont une part de responsabilité dans le coût élevé des dégâts, Marc Hoffsess précise que « le classement en réserve naturelle est une décision d’État qui n’a rien à voir avec les villes , et ajoute que « la chasse est possible tout autour, que les prélèvements administratifs sont effectués, des battues sont organisées, et le piégeages fonctionne ». « Nous n’envisageons aucune participation financière à l’indemnisation du FIDS, puisqu’en plus la régulation des sangliers est l’un des objectifs de la réserve naturelle à la base ».

Il ne nie pas pour autant ce que tous les acteurs de terrain constatent : « le sanglier prolifère, il faut continuer à tirer, il n’est toujours pas assez chassé ».

Pour connaître le fond de cette affaire: Le sanglier, les agriculteurs et la réserve naturelle.

 

Augustin Campos

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