"C’est presque l’histoire de la littérature alsacienne"
À l’entrée, celle de Pascal Verdenne rappelle un moment tragique pour la ville : l’attentat du marché de Noël du 11 décembre 2018, dont ce retraité du secteur bancaire fût victime. Dans une autre section, la statue grandeur nature de Jean-George Daniel Arnold, signée du sculpteur alsacien André Friedrich, surplombe le cimetière. Premier écrivain à avoir publié un texte en dialecte strasbourgeois, il est représenté assis avec, à ses pieds, un masque symbolisant sa passion pour le théâtre. Les yeux brillants, l’ancien professeur d’histoire à la retraite s’enthousiasme : "C’est presque l’histoire de la littérature alsacienne." Au détour d’une allée, le casque à pointe sur la sépulture de Gerhard Veil attire l'œil. La tombe unique de ce soldat mort au combat en 1914 raconte une région tiraillée entre la France et l’Allemagne.
© Eva Billion et Morgan Joulin
Depuis 1968, il n’est plus possible d’acquérir de concessions perpétuelles à Strasbourg. Celles-ci, intouchables, peuplent le cimetière de vieilles tombes parfois illisibles, envahies par la végétation ou en partie détruites. Sac à dos rouge, lunettes bleues et pochette rose sous le bras, Jean-Pierre Nafziger sillonne les allées. Il guide avec passion les visiteurs à travers l’histoire d’un des plus vieux cimetières de Strasbourg, fondé en 1527 afin d’éloigner les morts du centre-ville. Saint-Gall abrite les sépultures de personnalités marquantes.
Ce projet permettra d’augmenter la capacité d’accueil du cimetière. Parmi les 4 000 sépultures actuelles, les caveaux sont majoritaires. Au nord du cimetière se trouve le columbarium, où des urnes reposent. Des cavurnes, tombeaux contenant des urnes, se situent à proximité de la maison du cimetière. Ici sont aussi plantés des rosiers et conifères du souvenir pour les défunts qui souhaitent y reposer.
Clarys, représentante des parents d’élèves depuis la rentrée, est aussi venue à pied chercher sa fille, une blondinette souriante, en petite section. Maintenant que la nuit tombe tôt, la maman dit avoir peur de rentrer en marchant avec sa fille, craignant de ne pas être visible par les cyclistes et les automobilistes. Les treize parents élus de la maternelle ont réclamé la mise en place d’un deuxième panneau "École ralentir" durant le conseil d’école de l’année, le 5 novembre 2024. Il y en a déjà un au niveau de l’arrêt de bus Molkenbronn mais les parents trouvent qu’il n’est pas placé dans le bon sens de circulation. "Pas d’installation prévue en attendant les travaux de réaménagement [en 2025]", indique le procès-verbal du conseil.
Carottes, navets, tomates, poireaux. Sur une tombe, un étrange bouquet automnal se mêle aux chrysanthèmes du cimetière Saint-Gall. À la tête d’une équipe de trois personnes, Vianney Rohfritsch, responsable du lieu depuis 2019, est chargé de son entretien. Depuis la végétalisation et l’abandon des pesticides au début des années 2010, il reconnaît que le cimetière est devenu plus agréable même si "c’est beaucoup d’entretien et c’est plus compliqué qu’avant." Les allées de gravier ont laissé place à l’herbe et des bancs permettent aux visiteurs de se recueillir à l’ombre des sapins surplombant les tombes. Un tournant vertueux qui se poursuit avec le projet d’extension au sud porté par la Ville de Strasbourg. D’ici deux ans, le cimetière de la Montagne-Verte devrait expérimenter la création d’une forêt cinéraire et l’utilisation d’urnes éco-responsables, donnant la possibilité aux défunts de se faire inhumer aux pieds des arbres.
Le long de la route de Schirmeck, une maman presse le pas avec sa poussette, longeant prudemment le trottoir pour éviter de mordre sur la piste cyclable. Plus loin, un homme sort de l’une des trois voitures stationnées avec les feux de détresse sur le trottoir. Il est 16h15, le parvis de l’école Erckmann-Chatrian s’anime à la sortie des classes. Des trois écoles de la Montagne-Verte, elle est la seule dont l’accès donne directement sur l’axe routier le plus fréquenté du quartier.
La plupart des parents rentrent à pied avec leurs enfants. "Moi, j'habite de ce côté, donc ça va", explique Katia, maman d’un garçon de maternelle, désignant d’un geste la rue de Crastatt non loin. Comme de nombreuses familles, elle fait le trajet via des rues peu passantes. D’autres n’ont d’autres choix que de longer ou de traverser la route de Schirmeck avec leurs enfants. "On est obligé de passer par là, mais c’est hyper dangereux", soupire Yasmine, qui habite en face d’Auchan.
De part et d’autre des salles s’échappent de légers gémissements et des bruits de pas. Il est 15h30, fin de la sieste et coup d’envoi du goûter à la crèche multi-accueil, au nord-est du quartier de la Montagne-Verte, à Strasbourg. Les enfants, bavoir autour du cou, se précipitent vers les petites tables en bois éparpillées dans les quelques salles.