“On va rentrer dans l’eau tous ensemble, jusqu’à la taille, puis on s’agenouillera. À ce moment-là, veillez bien à contrôler votre respiration.” Malgré les instructions et le ton bienveillant de Damien, nous ne sommes pas rassurées. Rien que de regarder l’étang dans la brume de ce matin de novembre, seulement vêtues de nos maillots de bain, on a déjà froid. Notre petite équipe, composée d’une vingtaine de personnes de tous les âges, débutants et confirmés, s’avance à grandes enjambées.
Symbole de l’identité alsacienne, les maisons à pans de bois de la Robertsau n’échappent pas aux ravages du temps. Des initiatives voient le jour pour réhabiliter un patrimoine éparpillé.
Pour parvenir à la gravière du Blauelsand, depuis le château de Pourtalès, il faut longer la piste cyclable pendant quinze bonnes minutes et s’enfoncer dans la forêt en évitant les flaques de boue. Un chemin en terre comprenant trois ponts débouche sur un décor de carte postale, où vivent cygnes, gardons, tanches et grenouilles rousses.
Un étang de 200 mètres de large à l’eau transparente est entouré de frênes et d’aulnes. Avec sa plage de sable fin, le site attire aussi bien les naturistes l’été que les adeptes de bains glacés l’hiver.
“Une seule consigne: plus de vêtements’’
“Le naturisme, ce n’est pas juste être nu, souligne Hervé Bégeot, président de l’Association naturiste de sauvegarde et d’animation du Blauelsand (Ansab) depuis 1999. Je me sens encore plus partie intégrante de la nature, je fais partie du système naturel.” Pour lui, plus qu’une pratique, c’est une façon de voir le monde, une approche philosophique de l’existence.
En “se mettant en tenue” pour reprendre son expression, plus de place au jugement. Le rapport à l’autre est modifié, entre vulnérabilité et égalité, explique-t-il en substance. “J’aime voir les gens dans leur entièreté”, confie le président de l’association.