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résidente permanente de la Semencerie depuis 2014. La scénographe sillonne les lieux en partageant sa tablette de chocolat. Non loin de là, Arno Luzamba photographie sa dernière installation dans l’espace commun. Il y a disposé une centaine de gants d’ouvriers pour dénoncer l’aliénation à l’usine. L’artiste franco-congolais souligne son attachement profond à l’atelier, qu’il décrit comme un “lieu d’intégration”. “Lorsque je suis arrivé en France, la Semencerie est le premier lieu à m’avoir accueilli”, confie-t-il.
© Mathilde Lopinski / France-Marie Nott-Mas
Plus 50 % en cinq ans, +12 % en 2022 : l’augmentation des prix de l’immobilier quartier Gare est spectaculaire et nettement supérieure à celle des prix strasbourgeois sur la même période (respectivement 39 % sur cinq ans et 8 % en 2022).
Longtemps considéré comme un quartier populaire à l'abri de la spéculation, le quartier Gare rattrape son retard. Depuis une dizaine d’années, il attire de plus en plus de projets et d’investisseurs. Moins cher que le centre-ville, proche de la gare et dynamisé par l’arrivée de la ligne F du tram, le secteur séduit une population jeune et mobile qui n’a pas les moyens de se loger sur la Grande-Île. Pour Jacques Becker, fondateur de l’agence éponyme située place de la Gare et agent immobilier depuis 2002, “il y a une demande importante qui fait monter les prix et les propriétaires actuels considèrent que si leur bien prend plus de 10 % par an, il n’y a aucune raison de vendre”. L’offre affronte la demande, les prix augmentent.
Violences et incivilités ont augmenté rue du Faubourg-National avec la pandémie, au point d'alimenter un conflit politique. Riverains et commerçants se sentent instrumentalisés.
prêt à signer un projet de complexe hôtelier. Une énième proposition de reconversion qui a bien failli aboutir après l’échec des logements sociaux et du parking. “On s’est dit qu’on ne pouvait pas laisser disparaître un espace pareil”, résume Marie-Dominique Dreyssé, adjointe à la maire en charge du quartier Gare, en évoquant l’esprit créatif de son secteur. Du côté des artistes, c’est le soulagement. “La fin de l’épée de Damoclès”, pour Zoé Bouchicot, résidente permanente de la Semencerie depuis 2014. La scénographe sillonne les lieux en partageant sa tablette de chocolat. Non loin de là, Arno Luzamba photographie sa dernière installation dans l’espace commun. Il y a disposé une centaine de gants d’ouvriers pour dénoncer l’aliénation à l’usine. L’artiste franco-congolais souligne son attachement profond à l’atelier, qu’il décrit comme un “lieu d’intégration”. “Lorsque je suis arrivé en France, la Semencerie est le premier lieu à m’avoir accueilli”, confie-t-il. Si le rachat marque une nouvelle ère pour la Semencerie, un tiers de ses résidents ont déjà quitté le quartier Gare.
Au-delà des embouteillages aux heures de pointe, il suffit de passer quelques minutes sur ce boulevard pour faire un autre constat : on n’y comprend rien du tout. Bus, voitures, vélos, piétons, les usagers ne savent ni où rouler, ni où marcher. “La première fois que je suis venu sur le chantier, j’ai failli me faire empaler par une voiture”, raconte Bertrand. Malgré les multiples panneaux de signalisation et le marquage au sol temporaire, la confusion domine : aucune déviation n’est schématisée.
Nombreuses sont les voitures qui s’engagent dans les sens interdits, ou qui manœuvrent au beau milieu d’un carrefour pour faire demi-tour. “Et encore, dès qu’il pleut ou qu’il fait nuit, c’est pire, s’agace un conducteur expérimenté de bus CTS. C’est très stressant de rouler ici !”
“La difficulté, c’est que le chantier évolue en permanence”
Les cyclistes se sentent particulièrement vulnérables : “C’est vraiment galère”, juge Léa. “C’est n’importe quoi”, s’emporte Nina. Jean-Mathieu parle carrément d’un “gros bordel”. “D’un côté les voitures sont tellement perturbées qu’elles ne font pas attention aux vélos, et de l’autre, la piste cyclable provisoire est régulièrement coupée par les barrières”, résume Nathalie.
Marie-Dominique Dreyssé, élue référente du quartier Gare, reconnaît qu’il y a “une marge de progrès. La signalétique est assez précaire et les habitudes tenaces. Mais la difficulté, c’est que le chantier évolue en permanence.” Nathalie, elle, relativise : “L’ancienne piste cyclable était constamment encombrée. Je suis contente qu’ils construisent une vraie piste séparée des voitures, pour être en sécurité.”
Ce mercredi après-midi, sur les 955 places qu’offre le Wodli, plus aucune n’est libre. “C’est comme ça du mardi au vendredi”, explique un employé. Résidents du quartier, professionnels de passage, voyageurs : la clientèle est diversifiée. Elle a augmenté depuis 2007 avec l’arrivée du TGV. Le parking Wodli, exploité par Indigo, a été construit à cette occasion. Deux ans plus tôt, des travaux d’agrandissement étaient menés au Sainte-Aurélie pour accueillir plus d’automobilistes.
Une activité lucrative
La localisation en entrée de ville attire les investisseurs, dont les entreprises de location de véhicules. “Europcar s’est implanté il y a environ un an”, explique un employé du Wodli. “Jusque là, ils louaient les places à Indigo, maintenant ils construisent un local ici”, au quatrième étage du parking. Au Sainte-Aurélie, presque deux étages entiers sont réservés à ces entreprises.
Conflits entre usagers
Un mémoire réalisé en 2021 par la faculté de géographie de Strasbourg* montre qu’au square Sainte-Aurélie aussi, les conflits d’usage sont récurrents. “Les adultes qui utilisent les installations, c’est quelque chose que l’on déplore collectivement au sein de l’école”, observe Anice Coli. Avec d’autres parents d’élèves de l’école maternelle et élémentaire située en face de la place, elle a fait remonter le problème à la Ville. “On prend notre mal en patience ! La mairie a seulement répondu avec les rondes de CRS et une présence policière augmentée, mais ce n'est pas encore suffisant”, soupire la maman.