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Le gouvernement israëlien "félicite" Donald Trump pour les sanctions imposées à la CPI. Photo Wikipedia Commons

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Donald Trump a signé jeudi un décret prévoyant des sanctions contre la Cour pénale internationale. Photo Wikipedia Commons

Le président américain Donald Trump a signé jeudi un décret prévoyant des sanctions contre la Cour pénale internationale, l’accusant d’actions illégales. Israël s'en félicite, l’UE condamne.

Israël a dit jeudi 6 février préparer un plan pour un départ "volontaire" de Palestiniens de la bande de Gaza, malgré le tollé international provoqué par la proposition de Donald Trump d'une prise de contrôle américaine du territoire palestinien et d'un déplacement de sa population.

Le ministre de la Défense israëlien, Israël Katz, a déclaré avoir "ordonné à l'armée de préparer un plan qui permettra à tout Gazaoui le souhaitant de partir vers n'importe quel endroit du monde qui accepte de l'accueillir". Le plan, a-t-il ajouté, comprendra "des options de sortie" terrestres et "des dispositions spéciales pour les sorties par voie maritime et aérienne". 

Les quelque 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza ne peuvent actuellement pas quitter le territoire, assiégé par Israël et largement détruit par la guerre contre le Hamas, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien du 7 octobre 2023. Une trêve est entrée en vigueur le 19 janvier.

Le président américain a annoncé son plan mardi, au côté du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à la Maison Blanche. Le chef d’Etat israélien a qualifié de "remarquable" l'idée de son homologue américain. Evoquant sa rencontre avec Trump, il a déclaré ensuite penser "qu'il faut bien étudier cette idée, qui est la plus originale qui a été proposée depuis des années", dans une vidéo sur X.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas, contre lequel Israël a mené une guerre dévastatrice à Gaza pendant 15 mois, a affirmé que la proposition du président américain était "une déclaration d'intention d'occuper" le territoire palestinien. "Nous refusons de remplacer une occupation par une autre. Gaza appartient à son peuple, qui ne partira pas", a affirmé le Hamas, dont l'attaque du 7 octobre 2023 menée à partir de Gaza dans le sud d'Israël voisin a déclenché la guerre. 

Un plan illégal selon l’ONU

En lançant l'idée d'une prise de contrôle américaine de Gaza afin de la reconstruire et d'en faire la "Côte d'Azur du Moyen-Orient", Donald Trump a répété que ses habitants pouvaient être déplacés vers l'Egypte et la Jordanie, qui ont pourtant rejeté cette option.

Ce jeudi, il est revenu à la charge. Gaza sera "remise aux Etats-Unis par Israël à la fin des combats", ajoutant que, d'ici là, les Palestiniens "auraient déjà été réinstallés" ailleurs dans la région. "Aucun soldat américain" ne sera nécessaire pour ce faire. Le département d'Etat américain a annoncé le 6 février que son chef de la diplomatie, Marco Rubio, se rendrait en Israël, aux Emirats, au Qatar, et en Arabie saoudite à la mi-février. Ce sera le premier voyage du secrétaire d'Etat dans la région.

Et pour l'ONU, ce plan est illégal au regard du droit international. "Tout transfert forcé ou déportation hors des territoires occupés sont strictement prohibés", a souligné le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk. Face au tollé, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit "encourager" les pays qui critiquent le plan Trump "à apporter une solution et une réponse au problème".

L'Egypte et la Jordanie, qui reçoivent des aides américaines cruciales, et l'Arabie saoudite, poids lourd du Moyen-Orient, ainsi que d'autres pays arabes et occidentaux ont rejeté le plan américain. Le roi de Jordanie Abdallah II doit rencontrer Donald Trump le 11 février à Washington.

Dans la bande de Gaza, de nombreux déplacés palestiniens qui ont retrouvé leurs maisons en ruines ont dit à l'AFP exclure tout départ.n"Nous n'avons qu'une option: vivre ou mourir ici", déclare Ahmed Halassa, un habitant de Gaza-ville. "Ils peuvent faire ce qu'ils veulent. Nous resterons dans notre patrie." 

Yanis Drouin avec l'AFP

Réactions des acteurs internationaux

Sans surprise, le gouvernement israëlien s’est réjoui de la décision par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Gideon Sa'ar, "félicite" Donald Trump pour les sanctions imposées à la CPI, dont il a qualifié les actions "d'immorales" et illégitimes.

La juridiction pénale “condamne la publication par les Etats-Unis d’un décret visant à imposer des sanctions à ses fonctionnaires et à nuire à son travail judiciaire indépendant et impartial”. Fondée par le Traité de Rome, la CPI s'engage à "continuer à rendre justice. Nous appelons nos 125 États parties, la société civile et toutes les nations du monde à s'unir pour la justice et les droits humains fondamentaux.”

D’autres acteurs internationaux ont pris la parole en réaction aux déclarations américaines. La décision du président américain Donald Trump de sanctionner la Cour pénale internationale "menace" son "indépendance", a averti vendredi sur X Antonio Costa, président du Conseil européen.

"Sanctionner la CPI menace l'indépendance de la Cour et mine l'ensemble du système de justice internationale", a déclaré Costa, qui préside l'instance représentant les dirigeants des 27. L'Union européenne, de son côté, regrette “la décision américaine, se réservant la possibilité de prendre des mesures de son côté", sans donner de détails sur ces mesures. La CPI "joue un rôle primordial dans le maintien de la justice pénale internationale et la lutte contre l'impunité", y compris en Ukraine, a ajouté ce porte-parole. 

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a demandé vendredi aux Etats-Unis de "revenir" sur leurs sanctions contre la Cour pénale internationale (CPI). "Nous regrettons profondément les sanctions individuelles annoncées hier contre le personnel de la Cour et nous demandons" aux Etats-Unis "de revenir sur cette mesure", a indiqué à l'AFP une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani.

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La juridiction pénale internationale permanente, et à vocation universelle, est chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l'humanité, de crime d'agression et de crime de guerre. 

 

Tristan Vanuxem avec AFP

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Plus de 2 millions de Palestiniens vivent aujourd'hui dans la bande de Gaza. Photo Hosny Salah/Pixabay

La nouvelle frasque de Donald Trump s’en prend cette fois-ci à la Cour pénale internationale (CPI). Elle aurait "engagé des actions illégales et sans fondement contre l'Amérique et notre proche allié Israël", selon le texte diffusé par la Maison Blanche le 6 février. Des références aux enquêtes de la CPI sur des crimes de guerre présumés de soldats américains en Afghanistan et de militaires israéliens dans la bande de Gaza sont également dénoncées par la Maison Blanche. 

Donald Trump interdit l'entrée sur le sol américain aux dirigeants, employés et agents de l’instance située à La Haye aux Pays-Bas, ainsi qu'aux plus proches membres de leurs familles et à quiconque considéré comme ayant apporté son aide aux travaux d'enquête de l’instance. Le décret prévoit aussi de geler tous les avoirs détenus aux Etats-Unis par ces mêmes personnes. Les noms des individus visés n'ont pas été rendus publics dans l'immédiat. 

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Les républicains américains et de nombreux démocrates s’étaient indignés le 21 novembre dernier de l’émission d’un mandat d’arrêt de la CPI contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, reçu le mardi 4 février à la Maison Blanche, ainsi que contre l’ancien ministre de la défense israélien, Yoav Gallant. Les juges ont estimé qu’il y avait des « motifs raisonnables » de soupçonner les deux hommes de crime de guerre et de crime contre l’humanité pour la guerre dans la bande de Gaza, qui a suivi l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien.

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