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Délai d’une semaine au plus
Le délai d’accès entre la première prise de contact et l’opération est “au plus large d’une semaine”, précise à Webex Elisa Fassel, sage-femme depuis dix ans au centre hospitalier de Haguenau. Un autre chiffre souligne ce bon fonctionnement: seulement 7,2 % des IVG sont tardives (après 12 semaines de grossesse) dans le Grand Est. C’est le deuxième taux le plus bas après la Corse, et il est bien inférieur à la moyenne nationale de 9,1 %. “Cela est lié à l’accessibilité et la rapidité de la prise en charge”, confirme la sage-femme.
Avec trois autres sages-femmes, une conseillère conjugale et un gynécologue, Elisa Fassel est membre du centre de santé sexuelle (équivalent du Planning familial) de Haguenau. A ce titre, elle fait de la prévention dans les établissements scolaires et se rend compte que, si la prise en charge est efficace, la prévention chez les jeunes sur les sujets de santé sexuelle demeure insuffisante. “Les connaissances des jeunes sont aléatoires. Dans certaines classes, il y a un gros manque d’information. Beaucoup d’élèves n’ont eu qu’une seule intervention dans leur parcours scolaire. On essaie d’y pallier, mais sur une heure de temps dans leur vie d’ado, ce n’est pas facile”, explique-t-elle.
En France, le Conseil économique, social et environnemental a estimé le 10 septembre que seulement 15 % des élèves suivent toutes les séances d'éducation affective et sexuelle, pourtant obligatoires. Le résultat est préoccupant: l’organisation mondiale de la santé a alerté, en août, sur une baisse inquiétante de l’utilisation du préservatif chez les adolescents européens.
Hausse des IVG hors hôpital
Dans son rapport, la Drees remarque aussi que la hausse des IVG pratiquées hors établissements de santé se poursuit. Une tendance observée par Elisa Fassel, qui reste prudente sur la question. Avant de laisser une femme réaliser une IVG médicamenteuse à la maison, tous les critères sont examinés. “Les principaux risques restent l’hémorragie et l’infection, détaille Elisa Fassel. Il faut faire en sorte que la patiente soit en sécurité. Par exemple, il y a un risque de saignement trop important au-delà d’un certain terme”, explique la sage-femme. “C’est bien pour les femmes car c’est une accessibilité supplémentaire, mais il faut respecter un protocole strict. Ce n’est pas quelque chose dont on est très friand.”
Une loi adoptée en 2022 a rallongé le délai de recours à l’IVG de 12 à 14 semaines de grossesse. En Alsace, la mesure n’a pas eu d’effet ressenti, en raison justement de la prise en charge rapide. “Au quotidien, il reste très rare d’avoir des demandes après 12 semaines… mais cela peut arriver, note Elisa Fassel. Cette mesure laisse plus de marge aux femmes qui ont un accès difficile à l’IVG, dans les déserts médicaux”.
Il reste un point noir dans ce tableau plutôt positif. Les militants anti-IVG semblent particulièrement actifs en Alsace, et le Planning familial est régulièrement attaqué. Dernier incident en date, un tag “Planning Assassin” a été inscrit sur la permanence du Bas-Rhin à Strasbourg, le 4 mars, quelques heures avant l’inscription de l’IVG dans la Constitution. “Heureusement, on n’a pas été la cible de menaces, à ma connaissance”, note Elisa Fassel. Pour elle, l’hôpital n’apparaît pas comme une cible, puisque l’IVG est une pratique exercée parmi beaucoup d’autres.
Abel Berthomier
Édité par Lilou Bourgeois
En 2023, 243 623 femmes ont eu recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en France, soit 8 600 de plus que l’année précédente, d’après un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) publié ce mercredi 25 septembre.
Dans la région Grand Est, 15661 femmes ont interrompu leur grossesse l’année dernière. Avec 13,6 IVG pour 1000 femmes de 15 à 49 ans, la région se situe dans la fourchette basse. Sur le territoire métropolitain, ce taux varie de 12,4 (Pays de la Loire) à 23,3 (Provence-Alpes-Côtes d’Azur), avec une moyenne à 16,3.
Les joueuses n’y vont pas de main morte. Un but, deux buts. L’une d’elles tombe et se relève aussitôt. Eden, 14 ans, assise sur une des barrières, crie en voyant son amie chuter. Elle applaudit ensuite, se prend au jeu : "Ça fait du bien d’avoir un moment, surtout de foot, seulement avec des filles." En retrait, le président du Sporting Strasbourg Futsal, Amroune Faiçal, qui est aussi éducateur, griffonne les points sur son carnet. Il a observé au fil des années une augmentation des licenciées de son club. "Sur 80 joueurs, il y a une vingtaine de femmes. Elles s’imposent de plus en plus et veulent leur place dans ce milieu", assure-t-il. La gardienne de l’équipe adverse attrape la balle de justesse. Des cris de déception se mélangent à ceux de soulagement. Elle relance. Une joueuse rattrape. Dernière lancée. Et c’est but !
Elsa Rancel
Édité par Yves Poulain
Alors qu'Israël poursuit ses bombardements contre le Hezbollah sur le territoire libanais, l'analyste Rym Robin fait un point sur la situation géopolitique et donne des clés historiques d'analyse.
L'attaque des appareils de transmission du Hezbollah, les 17 et 18 septembre, a été un tournant dans l'escalade des tensions. Pouvez-vous revenir sur le contexte historique et régional qui l'a précipitée ?
Cette attaque est un symptôme des tensions historiques entre Israël et le Hezbollah, qui remontent à la création même de cette organisation en 1982, en réaction à l’invasion israélienne du Liban. Depuis, le Hezbollah s'est imposé comme un acteur incontournable au Liban, bénéficiant du soutien de l'Iran et de la Syrie. Le conflit s’inscrit dans une lutte plus large pour l’influence régionale, où Israël cherche à contenir ce qu’il considère comme une menace stratégique à ses frontières.
Quels sont ses objectifs stratégiques ?
Israël cible le Hezbollah pour plusieurs raisons. D’abord, affaiblir une organisation qu’il perçoit comme une menace militaire directe. Ensuite, ces actions s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à limiter l’influence de l’Iran dans la région. L’objectif est double : réduire la capacité militaire du Hezbollah et affaiblir son influence politique, tant au Liban qu’au-delà. Le soutien constant de l’Iran au Hezbollah rend la situation encore plus complexe, car elle lie ces deux acteurs dans une confrontation indirecte avec Israël.
Pourquoi cette escalade s’est-elle déroulée si rapidement après l’attaque des bipeurs du Hezbollah ?
Le Hezbollah a une capacité de riposte quasi immédiate, en raison de son ancrage militaire et de sa structure hiérarchique, qui lui permet de répondre rapidement aux provocations. Mais au-delà de la rapidité des réponses, l’idéologie du Hezbollah, fondée sur la résistance à Israël, impose une réaction forte à chaque fois que son territoire ou ses infrastructures sont attaqués. C’est pour cette raison que cette escalade a pris une telle ampleur en quelques jours seulement.
Le Hezbollah a toujours affiché une solidarité forte avec Gaza. Quelles en sont les raisons historiques et idéologiques ?
Historiquement, cette solidarité est relativement récente : le Hezbollah est chiite et le Hamas est sunnite. Et surtout, le Hamas s’est revendiqué très proche des Frères musulmans jusqu'en 2017, année durant laquelle il est devenu un mouvement de lutte armée contre l'occupation israélienne. Alors, est née l'union de circonstance avec le Hezbollah.
Quels sont les liens entre les acteurs régionaux, comme l'Iran et la Syrie, et la stratégie du Hezbollah ?
L’Iran est le principal soutien du Hezbollah, financièrement et militairement. Cette relation permet à l’Iran de maintenir une pression constante sur Israël via le Liban. La Syrie, bien qu’affaiblie par la guerre civile, reste un allié important. Elle sert souvent de base de transit pour les armes iraniennes destinées au Hezbollah. Ensemble, ces trois acteurs forment un triangle stratégique qui cherche à contenir l'influence israélienne et américaine dans la région.
Selon l’idéologie du Hezbollah, quel est l’objectif de cette résistance à Israël ?
L’idéologie du Hezbollah repose sur la résistance à l’occupation israélienne. Pour eux, Israël est vu comme une force d’occupation qui doit être combattue. L’organisation ne cherche pas seulement à défendre le Liban, mais à être le fer de lance d’une résistance plus large dans tout le monde arabe contre Israël. Cet objectif s’aligne avec celui de l’Iran, qui voit en Israël une extension de l'influence américaine dans la région.
Quelles seraient les répercussions d'une hypothétique élimination du Hezbollah ?
Il est très difficile, voire impossible d’éliminer le Hezbollah, parce que c'est une idéologie. Quand des gens meurent, que toute une famille qui disparaît d'un registre civil, est-ce que vous pensez vraiment que ces gens vont abandonner l'idée d'une lutte armée ? C’est, au contraire, contre-productif.
Quels sont les intérêts internationaux des États-Unis et de la France ?
Les États-Unis et la France ont des intérêts stratégiques au Liban, tant pour la stabilité régionale que pour leurs relations avec Israël. Les Américains cherchent à contenir l’influence iranienne via le Hezbollah, tandis que la France, de par son lien historique fort avec le Liban, agit plus diplomatiquement pour maintenir la stabilité du pays. Cependant, les deux pays s’inquiètent du risque d’une déstabilisation plus large qui pourrait affecter leurs intérêts au Moyen-Orient. Au-delà même du Liban, la France prend en compte ses investissements dans les régions environnantes, notamment en Irak, et en Syrie.
François Hollande a mentionné ce matin sa peur que le Liban ne devienne un "nouveau Gaza". Partagez-vous cette crainte ?
Il n’est pas le seul à avoir employé cette formule. Emmanuel Macron l'a fait avant lui, tout comme Antony Blinken [le secrétaire d'État des États-Unis ndlr] l'avait dit. Mais une attaque terrestre n’est guère probable selon moi, vu l'état de l'armée israélienne. Même si l'armée israélienne est supérieure de tous les points de vue (armes de pointe, technologie pointue), il faut prendre en compte qu’Israël n'est pas habitué aux guerres de longue, de longue haleine. Or, cela fait presque un an maintenant qu'Israël se bat à Gaza.
Une désescalade est-elle probable dans cette situation ?
L'Iran pourrait jouer un rôle central dans une telle éventualité. Si Téhéran décide de réduire son soutien au Hezbollah ou d’ouvrir des canaux diplomatiques, cela pourrait contribuer à apaiser les tensions. Emmanuel Macron a appelé à des négociations, mais cela dépendra largement des dynamiques régionales et des intérêts iraniens à ce moment-là. La situation reste volatile.
Clara Lainé
Édité par Gustave Pinard
Coup de sifflet. Les cris des supportrices se mélangent à ceux des joueuses qui se disputent le ballon orange sur le terrain. La musique rythme les encouragements et rires. Certaines ont déjà l’âme de footballeuses professionnelles, d’autres de supportrices prêtes à tous. Des garçons, qui ont l’habitude de jouer sur le city stade, restent pour cette fois en retrait. Pour aujourd’hui, le terrain ne leur est pas destiné. Diala, 12 ans, leur fait l’honneur de quelques passes en attendant que son équipe entre en jeu. Elle "s’en fiche" de jouer tout le temps avec des garçons. "On s’améliore beaucoup avec eux", annonce-t-elle. Une partie de son équipe n'est pas non plus dérangée par l’idée.
"Ça fait du bien d’avoir un moment qu’entre filles"
Maroua, 13 ans, "joue par plaisir, garçon ou pas". Mais elle souffle, à demi-mot : "On voit trop d’hommes à la télé, les femmes ne sont pas connues." Elle rejoint le reste de son équipe et son "coach", Youssef El Farfachi, animateur du service jeunesse du centre culturel du Neuhof. Il est venu avec cinq autres joueuses. "Le foot, ce n’est pas une activité qui les intéresse toutes à la base, mais l’envie est là. Elles ont besoin de l’exprimer. Mon rôle, c’est de faire sortir cette voix", explique-t-il en faisant quelques passes.
Faut-il craindre un embrasement au Liban, un an après le début de la guerre à Gaza ? Éléments de réponse avec Rym Robin, analyste à l’École de guerre économique de Paris et spécialiste du Moyen-Orient.