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Certains font le choix d’éviter cet axe engorgé. Moniteur d’auto-école, Fabrice Abenin travaille à l’agence de la Montagne-Verte depuis 2014. Il évite soigneusement de faire passer ses clients par la route principale : "Même pour les élèves confirmés, c’est impossible de travailler parce qu’on n’avance pas."
"C’est le principal point noir du coin", confirme François Portal, chef de projet au centre socioculturel et référent "vie de quartier". Il voit le secteur comme "un faubourg coincé entre deux faubourgs", point de passage depuis Lingolsheim et Ostwald pour rejoindre Strasbourg ou accéder à l’autoroute A35. Mais pour ce qui est d’agir, "cela implique aux communes de se mettre d’accord politiquement et budgétairement". Pour l’heure, la route n’a connu comme aménagement majeur que l’ajout des voies de bus sur certaines portions, il y a maintenant une dizaine d’années.
Certains aménagements acoustiques ont déjà été mis en place par l’État. Franck Rolland, propriétaire de l’hôtel Strasbourg Montagne Verte, a ainsi reçu il y a sept ans une subvention pour changer toutes les fenêtres du dernier étage de son établissement donnant sur l’autoroute. "Elle fait peur, mais ce n’est pas la principale nuisance", relativise l’hôtelier, davantage préoccupé par le voisinage. Depuis 2021 et le reclassement du tronçon, la lutte contre la pollution sonore n’incombe plus à l’Etat mais à l’EMS.
Comment mesure-t-on le bruit ?
Les Plans de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE), rendus obligatoires par l’Union européenne en 2002, s’accompagnent de cartes du bruit, qui modélisent l’exposition des territoires à la pollution sonore. Dans la zone Montagne-Verte-Elsau, ce sont 985 logements qui sont directement impactés. En France, 9 millions de personnes sont exposées à des volumes excessifs.
Le bruit se caractérise par son intensité, exprimée en décibel : 65 dB correspondent par exemple à un milieu bruyant comme une salle de classe ou 80 dB à l’aboiement d’un gros chien. Le niveau moyen du bruit pendant une journée entière se base, lui, sur un indicateur européen, le Lden (day, evening, night). Pour produire des statistiques fiables, les experts utilisent des modèles numériques capables de brasser une importante masse de données issues de prises de mesure. Si un son augmente de 10 décibels, cela revient non pas à ajouter dix unités, mais à multiplier la puissance sonore, et donc l’inconfort, par 10.
D’après les chiffres de l’Insee de 2017, près d’un riverain sur deux utilise régulièrement la voiture pour se déplacer. Au volant de sa Clio grise, Josiane Schohn s'est arrêtée quelques minutes sur le parking de l’école du Gliesberg. Domiciliée à l’entrée de Lingolsheim, elle explique prendre la route deux fois par semaine pour rejoindre Strasbourg, toujours vers 8h. "Ce matin, le trajet m’a pris vingt minutes au lieu de cinq sans bouchons."
Lorsqu'elle travaillait comme serveuse à la Meinau, Adrienne Simon devait partir bien plus tôt pour éviter les embouteillages : "Parfois, je devais attendre vingt minutes dans ma voiture sur le parking. Ça me stressait d’arriver en retard. Même si le patron était indulgent, c’était mal vu."
Arrivée il y a un mois au CMS, Léa Billon exerçait jusque-là au Neuhof au sein d’une maison de santé. Un type de structure qui "a fait ses preuves dans tous les quartiers", selon elle. Ces groupements de praticiens accueillent et orientent les patients en garantissant la continuité de soins. Une proposition visant à installer une maison de santé à la Montagne-Verte a été formulée par les habitants en juillet dernier lors d’une consultation citoyenne. L’objectif serait de compléter l’offre médicale dans un quartier sous-équipé en services publics. L’installation soulagerait les médecins. "Cela me permettrait de prendre des vacances !", rêve Jamila Kasem.
Le point noir du quartier