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La pharmacie du Roethig, située route de Schirmeck. © Celia Moebs

"Vers 17h30, il va y avoir du monde", assure Chadi Hadri, propriétaire de HDR Barber. À seulement 21 ans, le gérant, crâne rasé et carrure imposante, a racheté le fonds de commerce en septembre 2023. Le barbershop est situé au 161 route de Schirmeck, à moins de 50 mètres du domicile du jeune homme. Chaque matin, il annonce sur Snapchat les horaires d’ouverture du jour. Ce vendredi après-midi, période de forte affluence, il a décidé de fermer à 20h30. Mais pour le moment, le petit salon est calme : pendant qu’un client se fait coiffer, les deux alternants Marouane et Yanis, installés aux deux autres postes de coiffure, ont le nez rivé sur leur téléphone.

Quarante covoitureurs chaque matin

À l’échelle nationale, la pollution sonore générerait à elle seule un coût sociétal de 147 milliards d’euros, selon une étude menée en 2021 par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Pour David Écotière, "c’est monstrueux. Quand on voit les ordres de grandeur et les enjeux, clairement, on n'est pas à la hauteur".

Il existe plusieurs leviers d’action : diminuer la source du bruit, adapter le milieu de propagation ou renforcer l’isolation des façades. Le PPBE, accessible publiquement, propose un diagnostic par zone mais ne contraint en aucun cas l'Eurométropole à agir. Pour Mohamed Meziane, la solution la plus pragmatique consiste à subventionner des audits mixtes pour les résidents des "points noirs du bruit". Dans la plupart des cas, les rénovations acoustiques s’incluent dans des projets d’isolation thermique, permettant d’optimiser les dépenses. "On leur donne un audit détaillé, avec lequel ils consulteront l’entreprise de leur choix."

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De sa cuisine, Carmen Eschbach a vue sur le mur anti-bruit qui borde la M35. 
© Pauline Moyer

L’emplacement de cette future maison de santé n’a, pour l’heure, pas été définie. Rien ne garantit d’ailleurs qu’elle voie le jour. Comme le rappelle François Desrues, directeur de territoire à l’Eurométropole de Strasbourg, ces infrastructures sont le fruit d’un long processus. À l’Elsau, la maison de santé, dont le projet a débuté en 2018, n’a été inaugurée qu’en septembre 2024.

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Des écriteaux sont plantés sur les tombes en fin de concession par les équipes du cimetière. © Thomas Ancelin

Route de Schirmeck, c’est la même cacophonie. "Pour nous, c’est une route prioritaire", explique Mohamed Meziane, ingénieur acousticien à l’EMS : "Elle coche toutes les cases." L’axe apparaît comme une préoccupation majeure dans le Plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) de 2022, une étude qui doit être réalisée tous les cinq ans par les agglomérations de plus de 100 000 habitants. Les rénovations phoniques nécessaires à cette artère se chiffrent à 3,7 millions d’euros. 

 

Cette perspective soulève aussi des craintes chez certains professionnels du secteur. Mustafa Unlu, propriétaire de la pharmacie des Coquelicots sur la route de Schirmeck, craint un déséquilibre. "Une maison de santé, c’est bien beau mais il peut y avoir un problème au niveau de sa localisation", juge-t-il. La concentration de la patientèle pourrait avantager l’officine la plus proche au détriment des deux autres.

 

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