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Dans le box des prévenus, Nadia M., calme, a le regard fuyant, la voix tremblante, à peine audible. Il faut presque lire sur ses lèvres pour capter les mots qu’elle a du mal à trouver. « Madame a deux visages », c’est ce que retient le ministère public aux vues de l’enchaînement de violences qu’elle a commis le 1er et le 4 septembre, agressant cinq personnes dans le centre ville de Strasbourg, et trois policiers lors de sa garde à vue.

« C’était une façon de tirer l’alarme, de décharger ma colère », tente d’expliquer timidement la femme de 25 ans, sans trouver d’autres justifications à ses emportements. L’alarme, elle l’actionne à plusieurs reprises dimanche matin, lorsqu’elle emprunte le tramway en direction du centre-ville de Strasbourg. Il est huit heures et le conducteur, après lui avoir demandé plusieurs fois d’arrêter de perturber le trajet, réintègre sa cabine. Vingt minutes plus tard, Brendona S., la passagère qui lui fait face, écoute de la musique sur son portable lorsqu’un premier coup part rapidement en direction du téléphone. Nadia M. le fracasse au sol avant de frapper la jeune femme, qui chute. La prévenue quitte la rame, emprunte une autre ligne et réitère l’expérience. La seconde victime est tirée par les cheveux, ses lunettes de soleil, arrachées, sont détruites.

« Ce sont des scènes extrêmement violentes commises sans raison et sans sommation, les deux victimes n’ont pas compris ce qui leur arrivait, l’interpelle le juge. À en lire votre dossier, on a l’impression que vous vouliez être incarcérée... C’est un appel à l’aide ? » À la suite d’une dépression, la prévenue, caissière dans un supermarché, enchaîne les congés maladie puis se voit licenciée fin janvier. Elle vit depuis de son allocation chômage. Une première « crise de panique », survenue en juillet, où Nadia M. agresse physiquement sa mère, la contraint à consulter régulièrement un psychiatre qui lui administre un traitement contre l’anxiété. « Je n’ai plus de famille, plus d’amis. Je reste seule, chez moi, à dormir », évacue la prévenue, lapidaire, pressée par les interrogations du juge.

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